Ce qu'on aime les nuits de pleine lune {PV Blodwyn}

Blodwyn détestait être de garde. En fait, elle était loin d'être heureuse de se promener seule en forêt depuis le jour de sa première transformation. Sa situation de louve n'y changeait pas grand chose. Le traumatisme qu'elle avait subit le jour de sa première transformation avec le vampire qui l'avait gardée captive dans un trou pendant deux jours était toujours bien encré en elle et le resterait probablement à jamais. De plus, même si elle avait prouvé à diverse reprise qu'elle se défendait vraiment bien devant les suceurs de sang, cela ne changeait pas le fait qu'elle était bien consciente d'être la plus petite des louves de sa meute et par ce fait même, la moins dangereuse. Elle avait tout de même la corvée de faire son tour de garde au moins une fois par semaine. Ses frères et soeurs étant endormis confortablement dans leur lit, c'était donc impossible pour elle de communiquer avec eux en cas de problèmes, et cela la rendait terriblement nerveuse au départ. Normalement, il y avait toujours un second loup avec elle, mais pas ce soir, chacun ayant autre chose à faire.

Donc, Blodwyn, vêtue de son beau et si étrange pelage blanc se promenait dans la forêt, très tard dans la nuit. Elle était petite pour un lycan et très facile à repérer à cause de sa fourrure. Qui aurait cru qu'un loup-garou pouvait être ou pouvait se sentir aussi vulnérable? Pour elle, ce travail était une corvée plus qu'autre chose. Elle voulait aider les gens, certes, mais en tant que médecin et non en tant que monstre. Elle se mit à renifler, ici et là, sachant très bien qu'elle ne trouverait rien dans les parages. Un long soupir, ressemblant à une plainte fit son chemin des énormes poumons de la louve jusqu'à sa gueule. Elle continuait d'errer inutilement, totalement déprimée. Cette situation était difficile à vivre pour elle, en plus, elle était complètement effrayée devant les vampires. Quelle piètre louve faisait-elle.

Puis un cri attira son attention. Ses oreilles se relevèrent dans la direction de se cri et sa queue se redressa dans les airs. Elle se mit donc à courir, sans plus attendre dans la direction de se cri, sans se poser de question. En effet, elle avait peur des vampires, mais pas assez pour ne pas les combattre ou pour ne pas protéger les humains. Plus elle avançait, plus elle sentait l'odeur de la mort, mélangé à cette horrible odeur de vampire qu'elle détestait tant. Son coeur se mit à battre à tout rompre, elle était seule, personne de la meute ne pouvait l'entendre appeler à l'aide. D'ailleurs, s'il y avait plus d'un vampire sur les lieux, elle ne ferait pas long feux. Devant cette éventualité, Blodwyn pensa d'abord à aller chercher de l'aide, mais elle savait que si elle faisait demi-tour, le vampire aurait le temps de tuer sa victime et de s'enfuir, bien avant qu'elle ne revienne. Non, elle devait y aller, c'était son devoir.

Lorsqu'elle arriva sur place, il était trop tard. Deux cadavres étaient couchés par terre dans les bois, mais Bloody sentait toujours la présence de deux autres humains qui s'enfuyaient. C'était pour eux qu'elle se devait de rester forte, afin que le vampire qui se tenait devant elle, les laisse en vie. Le monstre s'était retourné dans sa direction, elle était probablement très facile à voir avec son pelage de neige. Il était inutile pour elle de se dissimuler derrière un buisson, son camouflage laissait un peu trop à désiré. De plus, sa petite taille ne devait pas effrayer le vampire plus qu'il ne le fallait. Ce qu'elle aurait aimé pouvoir lui parler, lui dire à quel point elle le haïssait, mais pour cela il aurait fallu qu'elle reprenne forme humaine, et c'était trop dangereux pour elle. Elle observa le vampire, toujours aussi beau, toujours aussi attirants, comme tous les autres. Celui-là avait beaucoup de classe, il était sublime, mais cela ne changeait pas la donne pour Blodwyn, qui avait le devoir de le faire disparaître, ou du moins, de faire gagner du temps aux deux autres humains qui continuaient leur course dans les bois... Elle resta silencieuse, ses yeux jaunes plongés dans le regard de son ennemi, sans même laisser entendre un grognement, puis elle s'approcha très très lentement.

Blodwyn tendis les oreilles attentivement lorsque le vampire lui parla. Les mots qu’il choisissait étaient confiants, assez pour glisser un doute dans l'esprit de la louve, mais plus son discourt avançait, plus le monstre semblait vouloir négocier. Il la laissait en vie, mais pour cela elle devait le laisser courir après les humains. C'était totalement hors de question. Cependant, elle sentait que le vampire parlait beaucoup pour tenter de se convaincre lui-même qu'il était le plus fort. Mais Bee le savait, il n'avait pas totalement tord. Un tel combat serait difficile et elle serait probablement fortement blessée, ce à quoi elle ne tenait pas du tout. Comme elle ne pouvait pas lui répondre, sauf en grognements et en chignements animaux, elle était dans une mauvaise position pour mettre ses conditions à l'offre du monstre. Mais, sur le coup, elle ne se sentait pas tellement en confiance pour reprendre sa forme humaine devant un tel adversaire. Sentant que le vampire ressentait une légère crainte tout de même, elle prit une certaine assurance qu'elle ne se connaissait pas encore.

Tout en continuant d'avancer, contrairement aux avertissements du vampire, elle prit une énorme respiration et se concentra. Lentement, elle devint plus petite, sa queue rapetissa jusqu'à disparaitre, son poil aussi, son museau fit place à un petit nez rond et son visage parfaitement symétrique prit la place de celui de l'animal. Ses cheveux longs et bruns repoussèrent, ses griffes furent remplacées par des ongles biens limés. Elle se retrouva, sous sa forme humaine, complètement nue devant le vampire. Heureusement, elle avait trouvé une technique fantastique pour ce petit problème. Elle enfilait une petite robe en tube autour de sa jambe avant la transformation. En grandissant, la robe s'accrochait à la patte arrière de Bee et donc, elle avait toujours quelque chose à se mettre en redevenant elle-même. Elle agrippa sa petite robe verte citron qui glissait le long de sa jambe et l'enfila rapidement, tout en continuant d'avancer. Bien qu'elle fut complètement intimidée par le fait d'offrir un tel spectacle - c'est à dire, son corps en costume d'Ève - à un inconnu, cela ne l'arrêta pas. De toute façon, elle ne voyait pas d'autres solutions pour le moment.

Cette perte d'inhibition était probablement due au fait qu'elle avait une haine envers le vampire qui lui tenaillait l'estomac. Cette haine lui apportait une dose de courage. C'était Phyllis qui lui avait dit d'utiliser sa peur des suceurs de sang et de la transformer en colère, que cela à l'aiderait les affronter, et elle n'avait pas tord. Du haut de son mètre cinquante cinq et de ses quarante sept kilos bien mouillés, elle fonçait droit sur le vampire, le regard réprobateur et son index levé dans les airs, comme une mère réprimandant son enfant. L'image était probablement comique à voir pour le vampire, d'ailleurs, sous sa forme humaine, elle était encore moins effrayante. Allant chercher son courage, dont ne sait ou, elle arriva à la hauteur du vampire, qui pouvait facilement lui attraper la tête et la retourner d'un coup. Une chose qui était caractéristique de Bee, c'était qu'elle était rapide et agile, autant en loup qu'en humaine, mais surement pas assez, avec cette dernière forme, pour se défendre contre lui. Pourtant, elle était là, petite, mais courageuse, prête à donner ses avertissements. Elle tapota fortement sur la poitrine du vampire avec son index, évidement, son torse était dur comme du marbre, il ne devait rien sentir, mais le geste était bien là.

- Tu crois me faire peur peut-être? Je n'ai qu'un cri à lancer et c'est toute ma meute qui va rappliquer pour te taillader! Tu touches un seul de mes cheveux et ils te traqueront, jusqu'au bout du monde s'il le faut! Ils n'auront qu’à suivre ton odeur putride pour te retrouver!

Et c'était vrai. Ses frères n'étaient peut-être pas sous forme animale, mais elle n'avait qu'à lancer un hurlement sous forme de louve pour qu'ils l'entendent et rappliquent en flèche. Si elle mourrait, ils feraient tout pour la venger. Bien qu'elle n’ait pas envie de mourir, elle devait faire son travail. Bee était louve pour protéger les humains. Qu'ils soient vils ou cruels lui importait peu. Elle croyait en la justice. D'ailleurs, si ce vampire disait vrai, elle ferait tout pour les retrouver et les surveiller, au mieux, elle pourrait mettre la police sur leur trace et les faire arrêter, mais il était hors de question qu'elle laisse le vampire s'occuper d'eux. Pour ceux qui étaient morts, elle ne pouvait plus faire grand chose, alors autant s'occuper des vivants qu'elle pouvait encore sauver. Le but de sa toute première approche avait été de faire gagner du temps aux deux hommes, afin qu'ils s'enfuient, et c'était ce qu'elle faisait.

- Maintenant, tu veux marchander? D'accord! À ce que je vois, tu as déjà mangé - elle pointa du doigt le cadavre du premier homme mort - et tu t'es bien amusé! - elle pointa le cadavre de la jeune femme -. Laisse les deux autres tranquilles! Tu dis qu'ils sont des violeurs? Des Assassins? Et toi? Tu es exactement la même chose! Un tueur et un violeur! Alors tes conneries de justiciers, garde les pour toi! La seule négociation qui s'impose en ce moment, ne concerne en rien ma vie ou celle des humains, mais bien la tienne. Je te laisse partir, et tu ne reviens jamais dans le coin! C'est tout! Si tu refuses et que tu me tues, tu es mort, je te le garantis.

Bee n'avait jamais fait face à quiconque de cette manière. Elle en tremblait, de rage, de peur et d'excitation. Elle savait qu'il y avait de forte chance pour que ces paroles autoritaires, qui sortaient de ses lèvres roses, soit ses dernières. Mais si cela devait être le cas, elle l'aurait au moins fait la tête haute, elle aurait enfin été digne d'être une Graham. La courageuse petite Blodwyn plongea son regard sévère dans ceux du vampire, étant prête à toute éventualité et aussi à se transformer au premier mouvement brusque de la part de son ennemi.

Blodwyn sursauta lorsque le vampire agrippa son poignet. Évidemment, elle avait agi sans réfléchir, elle avait été beaucoup trop imprudente. Elle songea sur le coup que le vampire allait la mettre en pièce, qu'il allait lui briser le bras, os par os, qu'il allait l'égorger et se faire un manteau avec sa peau. Il serra fortement, assez pour lui faire mal, elle serra le poing tentant de se dégager, mais sous forme humaine elle ne valait rien contre la force de fer du monstre. Elle n'agissait pas ainsi, mais elle était totalement terrifiée. C'était quoi l'idée de d'envoyer les membres de la meute seuls en patrouille au fait? Ils avaient tous confiance. Une chose était sure, les autres loups garous étaient beaucoup plus forts qu'elle, ils n'avaient pas besoin de renfort la plupart du temps. Ce n'était pas la même chose pour Blodwyn. Elle était naïve, faible et elle ne contrôlait pas son impulsivité.

Puis, à sa grande surprise, le vampire la lâcha. Elle agrippa son poignet avec sa main libre afin de le masser, par réflexe. Il avait serré très fort, le sang se remettait à y circuler lentement. Le dédain qu'afficha ensuite le sang-froid eut pour effet de toucher l'orgueil de la jeune louve. Elle savait qu'elle ne devait pas s'en faire avec les sentiments des vampires, mais elle n'y pouvait rien. Sentir qu'elle répugnait qui que se soit l'insultait, comme toute femme qui se respecte. Puis il commença un long discourt, appuyant sur son sentiment de dégout, ce qui eut pour effet de décupler la haine de Blodwyn envers le monstre. Il la traitait de toutes sortes de chose qu'elle n'était pas. Rien de mieux pour l'insulter. Il s'ôta même la responsabilité pour la fille morte, mais cela n'excusait pas les centaines d'autres qu'il devait avoir tuer avant cela.

Puis, le monstre osa finalement dire quelque chose d'intelligent pour sa défense. Les deux humains avaient vu le vampire à l'œuvre, ils étaient maintenant au courant de leur existence. Lorsqu'il prononça ces paroles, Blodwyn ne pu s'empêcher de regarder dans leur direction. Ils étaient déjà loin, mais probablement pas encore assez loin pour échapper au vampire. Le fait était qu'il n'avait pas tord. S'ils allaient parler à tout le monde de ce qu'ils avaient vu, ils passeraient très certainement pour des fous aux yeux de la société et seraient probablement arrêtés pour les deux meurtres, mais tout de même, il y avait toujours des gens qui croyaient n'importe quoi. Ces deux hommes allaient probablement parler, et si d'autres commençaient à enquêter sur les vampires, ils pourraient tomber sur eux, ce qui mettraient d'avantage d'humains en danger, mais aussi ils pourraient tomber sur les loups, ce qui mettraient définitivement ceux que Bee aimait, en danger.

Les paroles du monstre roulèrent dans sa tête durant un petit moment. Mais celui-ci continua en tentant d'excuser ses agissements, disant qu'il ne faisait que ce qu'il fallait pour survivre. Bee n'avala rien de cela. Elle avait entendu parler de ces vampires végétariens qui se nourrissaient d'animaux pour survivre et qui n'étaient pas un danger pour les humains. Ce vampire n'avait donc aucune excuse pour tuer des hommes. Peu importe la conviction qu'il y mettait, peu importe les manipulations qu'il utilisait pour tenter de convaincre la louve. Il continua aussi en ajoutant qu'elle n'avait ni le pouvoir, ni la vocation de le condamner à mort. Le visage de Bee devint alors très semblable à celui du vampire, c'est-à-dire, plein de dégout.

"Ni le pouvoir, ni la vocation? Tu es si mal informé! Ne sais-tu pas que les loups garous sont les seuls à avoir du pouvoir contre votre espèce et que notre vocation première est de vous anéantir!? Tu as de la chance d'être encore en un seul morceau, autant que j'en ai de respirer encore à ce moment ci! Et puis! Tu parles de survit! Les humains ne sont pas les seuls à produire de l'hémoglobine! Si les vampires vous contenteriez du sang animal, on en serait pas là aujourd'hui à pleurer ceux qu'on aime à cause de votre inhumanité! Espèce de monstre!"