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 Love is a fucking tragedy

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MessageSujet: Love is a fucking tragedy   Love is a fucking tragedy EmptySam 29 Nov - 21:39


Découvrez Seal!






Pour s’éviter un procès coûteux, long et perdu d’avance, elle prit la sage décision d’aller s’excuser. Fière comme elle était et convaincue d’avoir raison, ce fut un véritable parcours du combattant, elle devait mettre son amour propre de côté pour un petit merdeux qui ne méritait pas son attention. Elle trouvait ça, non seulement, injuste mais honteux, quand est-ce que les choses changeraient-elles enfin ? Sa couleur de peau n’avait strictement rien avoir avec la personne qu’elle était, ce n’était pas parce qu’elle était noire qu’elle volait ou brûlait des voitures, qu’elle faisait partie des Black Panthers ou que sais-je encore. Certes, elle cuisinait des aliments plutôt étranges et que le commun des mortels ne connaissaient pas et alors ? Où était le mal ? Etait-ce ce qui faisait d’elle une criminel, bonne à être crucifiée sur place pour ses délits ? Non, au fond, l’unique problème c’était qu’elle existe !

Jim, dans sa gentillesse éternelle, avait tenu à l’accompagner, conscient qu’elle n’oserait jamais demander à Judd de l’y emmener, le connaissant assez pour savoir qu’il perdrait bien plus facilement patience qu’elle et elle ne tenait pas particulièrement à ce qu’il assiste à cette séance d’humiliation publique. A peine furent-ils devant la maison qu’elle sentit son cœur au bord de ses lèvres et ses mains devenir moites, cette grande bâtisse n’avait rien de rassurant et elle avait un très mauvais pressentiment et comme toujours, il s’avéra vérifié. Tout d’abord, on refusa de les recevoir dans la pièce principale, sans doute pour ne pas salir le tapis persan, oui elle devait forcément avoir les semelles plus salissantes que n’importe qui d’autre. Après les avoir fait poireauter pendant près d’une demi heure, les habitants daignèrent se montrer, tête haute et regards méprisants pour la jeune femme qui, pas impressionnée pour deux sous, les fixa un à un dans les yeux.

Tout se déroula plutôt rapidement, elle présenta ses excuses aux trois abrutis, leur fils souriait, visiblement en train de jubiler de gagner mais une chose était sûre, l’argent, même s’il permettait beaucoup de chose, ne le protégerait pas du violent retour de la médaille qu’il subirait après ça. En y réfléchissant, elle devait bien avoir un livre de vaudou qui traînait au grenier et il suffisait de lui arracher un cheveu pour …. Non, ça avait beau être terriblement tentant, elle ne voulait pas aller aussi loin même si Dieu savait que cela aurait pu être amusant. Elle eut la preuve que la plainte était retirée et décida donc de s’éclipser, refusant que le shérif la raccompagne chez elle, il fallait au moins un grand bol d’air frais pour la calmer.

Peut-être aurait-elle mieux fait de s’étouffer plutôt que de décider de rentrer par le centre ville. Ce n’était pas les regards qui l’incommodaient, ça, elle s’y était habituée, après tout, quand on fait partie d’une minorité, il faut s’attendre à ce que ça fascine et mette en colère beaucoup de personnes. Non, ce qui la perturba, ce fut d’apercevoir une silhouette connue au loin. Sa première réaction fut de se dire qu’elle rêvait mais il y avait peu d’homme qui possédait sa stature, sa corpulence et cette classe qu’avait Judd . Seulement, elle se trouvait loin et ses yeux avaient très bien pu lui mentir, après tout, elle voyait mal ce qu’il aurait pu faire à une heure pareille dans un bar et surtout, sans elle ! Un millier de questions traversèrent son esprit, autant de suppositions qu’elle préféra rejeter d’un bloc, incapable de s’imaginer ce qu’elle ferait sans lui. Sans qu’elle n’y prenne garde, son pas s’accéléra et elle commençait à bousculer tout le monde sur son passage, telle une furie, elle tentait de gagner la devanture du bar.

Quand enfin elle y parvint, elle prit le temps de reprendre son souffle et surtout de se demander si c’était vraiment raisonnable. Après tout, elle aurait dû être chez elle en train de préparer la popote pour son mari et non à vagabonder dans les rues de la ville, peut-être qu’il valait mieux ne pas savoir certaines choses, peut-être que leur amour méritait d’être préservé et même un petit écart n’était rien en comparaison de ce qu’ils vivaient… JAMAIS DE LA VIE ! Sa jalousie était sans doute le pire défaut de la jeune métisse qui pouvait très rapidement monter sur ses grands chevaux pour un rien, un simple regard appuyé à son mari, un sourire et elle explosait. Elle savait parfaitement à qui elle tenait le bras et même s’il ne faisait pas parti des coureurs de jupons, il était beau à se damner et elle se doutait qu’avec ce physique à fantasme il attirait la convoitise et arriverait sans doute un jour où il céderait et ce jour semblait être arrivé.

Collant son nez à la vitre, il lui fallut plusieurs longues secondes avant d’être capable de distinguer quoi que ce soit mais quand enfin, elle les vit, son cœur se serra et les larmes lui montèrent aux yeux. Elle était tout ce qu’elle n’était pas ! Blonde, petite et fragile, le regard azur et l’air enfantine et surtout, blanche. Contre ça, elle ne pouvait décemment pas lutter, elle était presque étonnée qu’il ait attendu si longtemps pour se laisser aller de la sorte avec une femme « normale ». Mais peut-être qu’elle n’était pas la première …

Se retournant, dégoûtée, elle essuya ses larmes d’un revers de manche, tremblant soudain de colère. Un vieil homme, la voyant si désemparée, lui offrit gentiment un mouchoir, prétextant qu’une femme aussi belle n’avait pas le droit de pleurer. Elle le remercia avant de s’excuser et de s’éclipser, retirant ses talons pour courir à toute vitesse en direction du seul endroit rassurant qu’elle connaissait. Mais une fois à l’intérieur, tout lui rappelait ce traitre et prise d’une crise de folie des plus violentes, elle se mit à tout envoyer dans le décor, bibelots, cadres, lampes. Cependant, il en resta bien assez pour qu’elle lui en envoie quand il se décida enfin à rentrer. Elle qui pensait ne plus avoir de larmes à pleurer, venait justement d’en trouver. Un mal de tête incroyable accentuait sa colère et ses yeux étaient gonflés et rouges mais peu lui importait. Avec force, elle envoya un vase sur le mur près de lui, celui-ci explosa en milliers de petits morceaux, faisant tressaillir le géant.


« ESPECE DE SALAUD ! »

Un saladier manqua de lui éclater en plein sur la tête et éraflé son crâne, ses réflexes semblaient bien moins bons qu’à l’accoutumée.

« Tu as osé me faire ça ! Tu as osé me cacher un truc pareil alors que tu prétends m’aimer ! Je te déteste ! » parvint-elle à articuler entre deux sanglots

« Comment tu as pu me faire ça hein ? »

Une nouvelle montée de colère l’envahit et elle franchit les plusieurs mètres qui les séparaient pour l’attraper par le col et tenter de le secouer avant de le gifler violemment et que cette simple claque en appelle d’autres, plus fortes jusqu’à ce qu’ils n’ attrapent ses mains et la fasse cesser .

« LACHES MOI ! »
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MessageSujet: Re: Love is a fucking tragedy   Love is a fucking tragedy EmptyMer 3 Déc - 17:48

Il lui fallut bien plus longtemps pour rentrer chez lui qu’il n’en prenait d’ordinaire. Prudent, il avait laissé son vieux tas de boue au parking et titubait difficilement jusqu’à chez lui, faisant une pause chaque fois que cela s’avérait nécessaire et autant dire que ce n’était pas rare. Il sentait toujours l’alcool couler dans ses veines, brûlant chaque parcelle de son corps et allégeant l’espace de quelques instant la peine qu’il traînait depuis des semaines. Les mots que Gabrielle avait prononcés ne cessaient de le hanter et presque stupidement il se prenait à espérer que la petite blondinette soit vraiment capable de miracles et qu’elle puisse le sortir de là.

Il ne s’était jamais montré défaitiste et pourtant aujourd’hui il avait baissé les bras. Il n’essayait pas de se battre contre la maladie, car il jugeait le combat perdu d’avance, mais essayait en revanche de pallier à toutes les conséquences qu’auraient son départ. Il avait fait un testament et était passé par toutes les étapes bien moins agréables qu’amenait une telle nouvelle. Il avait abandonner l’idée d’être un grand reporter et il lui arrivait souvent de quitter le bureau après avoir écrit un article minable dont personne ne se souviendrait jamais. Souvent il rentrait directement chez lui, pour passer le plus de temps possible avec sa femme, et profiter de chaque instant qu’il avait avec elle. Le reste du temps il errait dans certains coins de la ville, s’obligeant à une certaine inactivité, tordu par l’espoir que s’il arrêtait tout le monde cesserait lui aussi de tourner et qu’il aurait un sursit supplémentaire. Il perdait ainsi de précieuses minutes.

C’est soulagé qu’il vit sa maison se profiler dans son champ de vision et il accéléra le pas. Il était aussi imbibé qu’un baba au rhum et il manqua d’arracher la clôture et de l’entraîner avec lui dans sa chute. Heureusement certains de ses réflexes étaient intacts et il se rattrapa de justesse à un poteau. Il l’embrassa, le considérant comme son nouveau meilleur ami et y resta accroché une bonne dizaines de minutes en attendant que son mal de mer passe et que la terre arrête de tanguer. Il rêvait d’un bon bain chaud, et peut-être même d’une tisane, et des bras et des lèvres d’Holly. C’était sans compter sur son caractère explosif encore une fois.

Il lâcha ses clés au dessus du meuble de l’entrée mais elles s’écrasèrent au sol en même temps qu’un objet en orbite sifflait près de ses oreilles et venait s’écraser contre le mur juste à côté de sa tête. Ebahi il fixa l’eau des fleurs qui dégoulinait sur la tapisserie – une espèce d’horreur à fleurs qu’ils n’avaient pas encore eu les moyens de changer – et il n’eut pas le temps de voir arriver la deuxième vague de missile. Cette fois il sentit une faible douleur au front et en apposant ses doigts sur la zone douloureuse il les retrouva couverts de sang ce qui manqua de lui faire vomir toutes les cacahouètes qu’il avait avalées. Dans la confusion il eut du mal à saisir les propos de sa femme et il fallut qu’elle le gifle pour qu’il revienne sur terre.

Avec des gestes plus lents qu’à l’accoutumée il parvint à faire cesser la pluie de coups qu’elle faisait tomber sur lui, serrant ses poignets au creux de ses larges paumes pour la maintenir immobile. Un frisson glacé venait de lui parcourir l’échine, alors qu’il cherchait dans sa mémoire ce qu’il avait bien pu laisser traîner pour la mettre sur la voie. C’était un moment qu’il avait tellement redouté, qu’il avait été incapable de trouver la force pour tout lui avouer et le temps passant il avait fini par se convaincre qu’il était mieux qu’elle ignore tout de ce qu’il était en train de lui arriver. Lui-même était incapable de le gérer, comment aurait-il pu lui demander de le regarder mourir ?

« Holly chérie s’il te plaît calme toi… » souffla-t-il en lâchant ses mains pour emprisonner son visage et poser son front contre le sien malgré le fait qu’elle cherche à échapper à son emprise.

« Si je n’ai rien dit c’était pour toi. Je ne savais pas comment en parler. Je ne savais pas quoi dire. »

Elle réussit enfin à s’échapper de ses bras et il sentit son cœur tomber en miettes en voyant les larmes rouler sur ses joues. S’il y avait bien une chose qu’il détestait au monde c’était la voir pleurer, et encore plus lorsque c’était de sa faute. Il ferma les yeux, assaillit par le poids de sa culpabilité. Rien de ce qu’il dirait par la suite n’arrangerait les choses. Il avait l’impression qu’il allait arracher son sourire de son visage. Son sourire, la première chose qui l’avait séduit chez elle. Soupirant, il se massa les temps d’une main. Il ne savait pas par où commencer, quoi dire en premier et comment amener les choses. Qu’elle ait tout découvert ne lui facilitait pas les choses, il aurait à lui expliquer pourquoi il lui avait caché la vérité pendant si longtemps. Et bourré comme il était, il risquait de ne pas trouver les mots adéquats.

« Il faut que... assis… »

Mais elle le fixa d’une telle façon qu’il n’osa pas bouger un orteil. « Ne me regarde pas comme ça s’il te plaît. Je ne savais pas quoi faire d’autre. Tout avouer… C’était trop dur… »
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MessageSujet: Re: Love is a fucking tragedy   Love is a fucking tragedy EmptySam 6 Déc - 20:39

Sa jalousie était plutôt simple à comprendre quand on s’y attardait deux secondes. Judd avait été le premier, celui à qui elle avait tout donné sans concession et sans rien attendre d’autre qu’un peu d’amour en retour. Dès leur premier regard échangé, elle en était tombée éperdument amoureuse et même si la plupart du temps, elle gardait tout ce qu’elle ressentait pour elle, ça finissait toujours par réapparaitre. Que ce soit par le biais de l’angoisse, la jalousie ou la colère. Jamais elle ne s’emportait aussi vite pour une personne ou quelque chose qui, à ses yeux, ne comptait pas. Et heureusement pour la métisse, le géant se montra à la hauteur de ses espoirs, la comblant de bonheur et d’amour, parvenant à panser des blessures profondes et à en faire disparaitre certaines. Mais au fond, elle se doutait que ce bonheur presque parfait ne pouvait durer des siècles, mieux que personne, elle connaissait le revers de la médaille, le retour de bâton, la malchance qui vous tombe dessus sans que vous n’y soyez préparé. Ce coup du sort était un ange blond et terriblement séduisant !

Elle s’en voulait autant qu’elle pouvait lui en vouloir, se jugeant également responsable, parce qu’elle restait souvent distante et quelques fois même froide et trop directive, parce qu’elle avait trop de caractère et avait été incapable de voir qu’il avait besoin d’autre chose. Elle s’en voulait également de ne pas avoir su voir le drame arriver, elle ressemblait à une éponge qui absorbait le bonheur et la stabilité qu’on lui offrait sans en demander d’avantage, sans se poser de question, comme une bienheureuse. Elle en était devenue presque aveugle et tout son blindage avait fondu. Sa carapace d’autre fois n’existait plus et c’était justement pour cette raison qu’elle bouillonnait de rage et de désespoir, elle sentait ses entrailles se tordre dans tous les sens, sa peine creuser un trou béant en son sein et un voile noir s’abattre sur sa vie, comme toutes ces années passées près de son père, à n’être que l’ombre de la femme qu’elle était réellement.

Son père ! La brunette l’avait pris pour un vieux fou raciste et jaloux de son bonheur mais il avait compris, il le savait que tôt ou tard cela arriverait. Qu’il n’y avait, pour combler les désirs de l’homme blanc, qu’une blanche. Seul son côté exotique lui avait plu et il s’en était visiblement rapidement lassé et contre ça, elle ne pouvait rien. Un mariage avec Jackson l’aurait rendu bien moins heureuse et pourtant, aujourd’hui, elle ne se retrouverait pas à faire face à un salaud d’infidèle, dans cet état pitoyable provoqué par tout cet amour qu’elle lui portait. Elle l’aimait tellement qu’elle le détestait avec violence et hargne. Cette dispute n’aurait pas de fin heureuse, elle se terminerait par un départ, le sien ! Pour aller où ? Elle l’ignorait et peu importait, la fuite valait mieux qu’affronter le regard des autres qui se conforteraient dans leur opinion, ce couple était un échec
.

« Ne me dis pas ce que je dois faire ! » lui hurla-t-elle

A cet instant, il aurait mieux fait de l’achever, il aurait mieux valu qu’il en finisse pour s’épargner la suite. Ses mots faisaient bien plus mal que tout ce qu’elle avait pu voir et malgré l’importance et la douleur que son infidélité suscitait chez elle, elle ne parvenait pas à lui en vouloir, à le haïr et à le voir comme un salaud. Il était son géant et elle aurait pu lui pardonner n’importe quoi, n’importe quoi ! Cette lutte intérieure la détruisait tout autant et elle se sentait perdue, incapable de prendre une décision, seule la colère semblait posséder des réponses.


« Pourtant Dieu sait qu’il y a beaucoup à dire au contraire ! » le fustigea-t-elle

Tout son corps tremblait à cause de ses sanglots et de la puissance de son courroux, il fallait qu’elle s’éloigne, assez pour ne pas perdre le contrôle. C’était ça, il la rendait totalement dingue ! Comment avait-elle pu le laisser avoir autant d’influence sur sa personne ! Comment ? Elle n’avait fait qu’échanger son père contre une autre autorité masculine et elle se sentait si dépendante de lui ! C’était ridicule ! Son regard ne bougea pas de sur lui et cela sembla suffisant pour qu’il abandonne l’idée de se déplacer.


« Trop dur ? »

Elle étouffa un ricanement.

« Trop dur alors que c’est toi qui a pris du bon temps ! Dans cette histoire, c’est moi la conne, c’est moi qui souffre et certainement pas toi ! Ton problème c’est que tu ne sais jamais quoi faire et résultat tu prends toujours la mauvaise décision ! Tu vois, j’aurais aimé que tu m’en parles, un seul écart, j’aurais pu pardonner Judd mais là … Je… »

Sa méchanceté et son irritation s’envolèrent et seules la rancœur et la douleur subsistèrent. Des petites billes qu’on aurait dit en cristal, perlèrent à ses yeux avant de glisser sur ses joues.

« Est-ce que je ne te suffisais pas ? J’ai bien remarqué que ces derniers temps on ne faisait plus grand-chose et je pensais que c’était parce que tu étais fatiguée ! J’étais bien bête ! J’espère au moins qu’elle te satisfait et te fait des tas de trucs exceptionnels ! Ou alors c’est juste parce qu’elle est blanche et blonde ! »

C’était comme viscéral, elle avait besoin de comprendre, de savoir ce qui n’allait pas chez elle, parce que ça venait forcément d’elle,sinon pourquoi aurait-il été voir ailleurs ?
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MessageSujet: Re: Love is a fucking tragedy   Love is a fucking tragedy EmptyLun 8 Déc - 21:42

Les colères d’Olaria étaient toujours surprenantes parce qu’elle semblaient venir de nul part et vous éclatait au visage un peu à la manière d’un pétard qu’on croyait foiré. Elle possédait une joie de vivre inextinguible, un rire communicatif et un appétit face à la vie qui aurait fait taire le moins optimiste des hommes. Judd aurait été incapable de définir de façon précise ce qui lui plaisait chez sa femme, c’était un ensemble, de la douceur de sa peau à l’acidité de ses remarques. Il avait même finit par apprécier ses défauts et cette jalousie maladive qu’elle nourrissait sans cesse à l’égard de toute femme qui se trouvait à moins de mètres 5 de lui l’avait beaucoup fait rire au début. Cependant il arrivait qu’aujourd’hui il soit fatigué de ses remarques et de ses insinuations. Il avait cru qu’avec le temps elle finirait par comprendre qu’il ne voulait aucune autre femme, et certainement pas une qui serait différente d’elle ou qui aurait la peau plus blanche. Il se trouvait tout bêtement très heureux comme il était maintenant, et en aucun cas il ne voulait changer de vie. Que signifierait changer de vie de toute façon ? Etre loin d’elle ? Rien que l’idée le terrifiait.

C’est pourquoi il resta stupéfait pendant de longues secondes à la fin de son grand discours rageur. Il avait vu les larmes couler sur ses joues et il mourrait d’envie d’aller les sécher mais la façon dont elle le regardait lui interdisait d’essayer. Il savait que quand elle était dans cet état elle refusait tout contact et il ne voulait surtout pas s’imposer à elle, ne sachant pas trop si cela arrangerait ou au contraire aggraverait les choses. Il avait eu l’impression que ses jambes allaient se dérober sous son poids quand il avait cru qu’elle avait tout compris pour sa maladie. Maintenant qu’il savait que ce n’était qu’une énième crise, provoquée pour il ne savait quelle raison, il se sentait empli d’amertume. Il avait le sentiment que son père avait bel et bien gagner la partie, puisqu’elle était incapable de lui faire confiance.

« Holly… » souffla-t-il en cachant son visage derrière ses mains, soudain gagné par la lassitude. Un soupir gonfla sa poitrine mais il resta coincé au creux de sa gorge. D’un geste rageur il balança un coup de pied dans la chaise qui se trouvait la plus proche de lui en grognant une série d’insultes. Incapable de la regarder il s’adressa à elle le regard tourné vers un point invisible dans la pièce.

« Je ne sais pas quelle idée tu t’es fourrée dans la tête et encore moins pourquoi. Mais il n’y a jamais eu de femme blonde. Il n’y en a jamais eu et il n’y en aura jamais. »

« Bordel Holly je croyais que tu me connaissais mieux que ça. Après tout ce qu’on a du traverser tous les deux tu crois vraiment que j’aurais envie d’aller ailleurs ? Je me suis battu pour toi. Pour nous. Et tout ce que j’ai pu dire ou faire… Ce n’était pas des paroles en l’air. »
s’emporta-t-il.

Combien de fois, combien de fois avait-on essayé de le dissuader de l’épouser ? Combien de ses prétendus amis avait-il perdu en décidant de sauter le pas ? Et elle ? Avec tous les sacrifices qu’avait amenée leur relation, sa dispute avec son père et tout le reste, croyait-elle vraiment qu’il se serait acharné à ce point s’il n’avait pas été certain de ce qu’il faisait et de ce qu’il voulait ? Il s’était posé les mêmes questions des milliers de fois, blessé de voir qu’elle soit obligée de se battre contre sa propre famille pour le faire accepter. Chaque fois il en était venu à la même conclusion, bien que tout soit contre eux, il ne pouvait se passer d’elle et il était prêt à tout endurer, si cela devait signifier qu’elle était à lui. Et rien qu’à lui.


« Fais chier je… »

Et sa colère retomba comme un soufflé lorsqu’il se rappela ce qu’il avait cru au départ. Dans son regard il voyait encore une foule de questions, de soupçons, de doutes et il ne pouvait pas la laisser dans l’incertitude au risque que quelque chose se brise irrémédiablement dans leur relation. La boule qu’il avait trop souvent au creux de la gorge refit son apparition, et il ne parvint pas à remplir ses poumons de suffisamment d’air. Comme un animal prit au piège, il essayait de retarder l’inéluctable. Il essayait de se convaincre que garder le silence valait mieux, que ce serait moins douloureux mais il savait au plus profond de lui que c’était faux.

« Je te jure qu’il ne s’est jamais rien passé. Mais ça n’enlève rien au fait que je n’ai pas été totalement honnête avec toi. C’est vrai que ces derniers temps… côté sexe c’était pas trop ça. Mais ça n’a rien à voir avec toi ! » fit-il en agitant ses mains, prévoyant une autre explosion.

« Holly je suis malade. Une tumeur. C’est ce que les médecins ont dit. »
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MessageSujet: Re: Love is a fucking tragedy   Love is a fucking tragedy EmptyMer 10 Déc - 22:34


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Olaria était une femme entière, sans doute trop. Avec elle, il n’existait pas de demi teinte, tout était soit blanc soit noir mais le gris ne faisait pas parti de son monde. C’est sans doute pour cette raison qu’elle tenait tête à tout le monde quand elle était persuadée d’avoir raison ou bien encore qu’elle pétait les plombs avec une facilité et à une rapidité déconcertantes. Même si la plupart du temps, cela ne prenait pas des proportions trop inquiétantes, cela frôlait parfois la pure folie et sans Judd pour la tempérer, elle serait certainement, et depuis longtemps, dans un sacré pétrin. Sa colère se tournait rarement contre son mari, elle en voulait au monde entier de les détester pour leur amour de la différence, elle détestait les racistes de vouloir l’empêcher de vivre et elle maudissait l’abruti qui avait inventé les réveils matin parce qu’elle ne supportait pas de se lever tôt, mais jamais elle ne s’emportait contre le géant. Enfin presque.

Sa fâcheuse tendance à s’inquiéter pour rien la rendait irritable et désagréable mais cet état de fait ne durait jamais longtemps, peut-être parce qu’il savait qu’avec des mots doux, des baisers et des caresses, il parviendrait à la faire revenir du bon côté de la ligne, même si pour ça, il devait faire face à une pluie de légumes ou de fruits. C’était le « petit plus » de la métisse, sous l’effet de la colère, elle envoyait tout valser et principalement dans la direction de son amant. Pourquoi ? Elle l’ignorait elle-même, peut-être parce qu’involontairement, elle voulait le blesser, de manière irréversible. C’était tellement horrible qu’elle préférait ne jamais trop approfondir la question, l’idée de le perdre la rendait dingue, voire même complètement hystérique. A l’image de cette scène, quand elle le vit près d’une autre, ça n’avait aucun sens et malgré tout, elle y croyait, parce qu’elle désirait par chaque fibre de son être que ce soir vrai, elle voulait la confirmation qu’elle ne valait rien et ce par l’unique personne qui l’ait vraiment aimé. A force d’entendre des horreurs sur sa personne, elle finissait par y croire.

Pourquoi fallait-il qu’elle lui fasse ça à lui ? Après tout ce qu’il avait fait pour elle, pour eux, n’avait-elle aucune reconnaissance ? Après tout, ce n’était que des femmes de passage, après tout, elle était sa femme, c’était elle qui portait SA bague au doigt, SON nom. Cela n’importait pas qu’il fasse des écarts, pourvu qu’il continue à l’aimer, comme au premier jour, comme si elle était la seule. Aveuglée par la vision des autres, elle finissait par oublier totalement la réalité, ils étaient fous l’un de l’autre et il faudrait certainement plus qu’une blondinette pour les séparer, seule la mort en serait capable et encore, Olaria s’était secrètement juré que cela n’arriverait pas !

Il frappa du pied dans une chaise ce qui la fit sursauter, il n’était pas du genre violent et même si sa stature ne l’impressionnait pas outre mesure, elle ne tenait pas particulièrement à essuyer une de ses colères, après tout, c’était elle qui avait de raisons d’hurler, non ? Bon, il est vrai qu’elle ne se souvenait plus vraiment de la raison pour laquelle elle s’était révoltée maintenant qu’il montrait des signes de lassitude et de fatigue, elle ne voyait que le chaos que son emportement avait une fois de plus provoqué et pour un peu, si sa fierté ne l’avait pas titillé autant, elle se serait jeté à genoux à ses pieds pour lui demander de l’excuser. Ridicule ! Impensable ! Vraiment ?


« Ah… » répondit-elle, penaude

Et voilà qu’elle était parvenue à le mettre en colère, elle se doutait que ce jet d’objets ne pouvait pas durer éternellement et qu’arriverait un moment où il cesserait de tout accepter gentiment, elle le poussait à bout depuis trop longtemps pour qu’à nouveau, il laisse passer ça.


« Arrêtes de me gueuler dessus ! » dit-elle plus fort que lui, le doigt pointé dans sa direction, les sourcils froncés, comme si elle était encore en position de force

« Je t’ai vu, avec cette fille, dans ce … BAR ! » parvint-elle à articuler « Et même si ça ne veut rien dire et que peut-être, une fois encore, j’ai fait des plans sur la comète, laisses moi te dire que tu n’es qu’un abruti Halloran ! »

Certes, cela valait ce que ça valait mais elle ne pouvait décemment pas admettre ouvertement sa défaite, cela aurait été indigne d’elle et puis, elle espérait surtout qu’il finisse par la prendre dans ses bras et la rassure, pas à ce qu’il lui envoie un seau d’eau glacé en plein visage. Pas ce genre de d’eau, pas ce genre de nouvelle, pas comme ça. Le regard toujours fixé sur lui, elle ouvrit la bouche à de nombreuses reprises pour dire quelque chose mais finit par la refermer avant que ses magnifiques yeux ne s’assombrissent et semblent vides, que tout signe de colère disparaisse pour ne laisser qu’un visage plat et presque sans vie. Elle tâtonna pour trouver un endroit où s’asseoir et difficilement, elle s’installa, accusant le coup de la nouvelle, trop choquée pour pleurer ou pour lui balancer des reproches. Il lui fallut pas moins de 3 bonnes minutes pour revenir à elle.


« Pourquoi tu ne m’as rien dit ? » demanda-t-elle d’une voix sifflante et presque inaudible

Des larmes vinrent à nouveau emplirent son regard et elle le posa sur lui, sentant un cri d’impuissance monter de ses entrailles, elle voulait maudire le ciel, elle voulait s’arracher le cœur et l’offrir en échange de la vie de son bien aimé, tout valait mieux que d’accepter qu’il disparaitrait.


« Je… Je suis là à te faire une crise pour un adultère et tu m’apprends que tu vas mourir ? » reprit-elle avec une pointe d’exaspération noyée par la tristesse

« Bordel ! » Des larmes roulèrent sur ses joues

« T’as pas le droit ! T’avais promis Judd, tu m’as promis que tu serais toujours là pour moi, quoi qu’il arrive et tu comptes me laisser ? Je vais faire quoi sans toi ? Non, non ,non, non, non ! Je te l’interdis, je trouverais un moyen, une solution, un sort, je ne sais pas, mais je ne te laisserais pas partir ! Tu es ma vie, tu es mon souffle, mon âme, je ne te laisserais pas ! »
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MessageSujet: Re: Love is a fucking tragedy   Love is a fucking tragedy EmptyJeu 11 Déc - 22:49

Les mots avaient été lâchés et maintenant régnait dans la pièce un silence de mort, sans vouloir faire de mauvais jeu de mots et Judd ne savait pas trop à quoi s’en tenir. S’il avait pu avoir le choix, il aurait largement préféré avoir en face de lui l’impulsive et la pétillante Olaria, celle qui même quand elle avait tort trouvait toujours un moyen de justifier ses actes et ses paroles, comme elle l’avait fait quelques secondes plus tôt en le traitant de crétin. Au moins il savait quoi dire à cette femme, il savait comment lui arracher un sourire ou la faire fondre. Il n’y avait rien de plus facile. Si les colères de la métisse étaient surprenantes, elles ne duraient jamais bien longtemps et en particulier lorsqu’il en était la cible. Il lui suffisait d’éviter deux trois trucs qui partaient en orbite dans la pièce et d’affronter son regard pour qu’aussitôt le malentendu soit oublié.

L’autre raison de la brièveté de ses crises étaient le fait que les sujets de leurs disputes n’étaient jamais très sérieux. Que ce soit sur leurs problèmes d’argent, la jalousie d’Holly, les quelques soucis qu’ils avaient avec cette maison qui tombait en miettes… Rien n’était suffisant pour qu’ils se fassent la tête et boudent pendant des siècles et ce parce leur relation s’était construite dans l’adversité. A trop se battre contre les autres pour leur prouver leur amour, ils n’avaient plus rien à démontrer une fois qu’ils étaient seuls et le simple fait qu’ils se soient mariés et vivent ensemble était une preuve suffisante de l’attachement qu’ils avaient l’un pour l’autre. Car personne n’était prêt à se battre pour quelque chose en lequel il ne croyait pas. Ca ne valait tout simplement pas la peine.

Inquiet par son silence, et ses larmes qui commençaient à poindre il s’avança vers elle mais ne sut trop quoi dire pour l’apaiser. Il essayait d’imaginer ce qu’il aurait ressentit s’il s’était trouvé à sa place et la seule réponse qui s’imposait à son esprit était sans doute qu’il aurait perdu la tête. Il ne pouvait s’imaginer passer une journée sans elle alors savoir que des centaines se profilaient sans qu’elle puisse les partager avec lui ? Il en avait la nausée rien qu’à effleurer cette perspective dans un coin de son esprit. Du coup ne lui venait aucune phrase qui aurait pu alléger l’atmosphère pesante qui régnait dans la pièce et quand elle lui reprocha d’avoir balancé la nouvelle comme ça entre deux jets de conserves il ne put que baisser la tête honteux.

Pourtant il savait qu’il n’aurait pu trouvé de meilleur moment pour lui annoncer la nouvelle. Il avait déjà attendu pendant de longues semaines et l’instant n’était jamais arrivé. Au moins cette fois-ci avait-il la satisfaction de dissiper un malentendu, même si cette consolation n’était que de courte durée. Combien aurait-il préféré que ce soit un problème de ce genre qui leur tombe sur le coin du nez, quelque chose contre lequel ils puissent se battre, quelque chose qu’ils puissent apprivoiser. Certes on mourrait tous, mais où était la justice quand quelqu’un partait et laissait une âme seule ? Car Judd n’avait pas peur de mourir, il avait peur de ce qui arriverait à sa femme quand il ne serait plus là. Il ignorait qui viendrait sécher ses larmes, tempérer ses colères ou subvenir à ses besoins. Car ce n’étaient pas ses maigres économies qui seraient d’une quelconque aide.

« Je sais… » souffla-t-il en rompant enfin la distance qui les séparaient pour la compresser dans ses bras, ne supportant pas de la voir pleurer.

« Si tu savais comme je m’en veux de t’avoir caché ça pendant si longtemps. Mais les mots ne voulaient pas sortir. J’ai toujours cru que ce n’était qu’un cauchemar. Crois moi si je pouvais faire quelque chose je le ferais. C’est bien la seule chose capable de me séparer de toi. » Il la serrait toujours plus fort dans ses bras, trouvant ses paroles d’une platitude navrante. Il se serait sans doute décerné la palme de la crétinerie si le sujet n’avait pas été aussi sérieux.

« Arrête de pleurer chérie je t’en prie… » L’alcool semblait avoir complètement déserté son organisme. Le voilà qui était de nouveau catapulté sur terre avec rudesse. Contrairement à ce qu’il avait d’abord pensé sa petite soirée au bar ne l’avait pas aidé à y voir plus clair ou ne l’avait pas soulagé. Au contraire il se retrouvait maintenant dans une situation qu’il avait fuit pendant longtemps.

« Holly… » souffla-t-il dans son cou, du pouce il essuyait les larmes qui coulaient sur ses joues. La seconde d’après ses lèvres étaient collées aux siennes, comme s’il cherchait dans ses baisers son salut. Il savait que rien ne serait aussi simple, qu’il ne suffirait pas de le vouloir pour que tout s’arrange mais pour l’instant il ne voulait pas penser à l’après, seulement à ses lèvres contre les siennes et à la chaleur de son corps, plaquée contre son torse et à la façon si unique qu’elle avait de se donner dans chacun de ses gestes.
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MessageSujet: Re: Love is a fucking tragedy   Love is a fucking tragedy EmptyVen 12 Déc - 1:38

Elle n’avait jamais véritablement pensé à la possibilité que l’un d’eux pouvait un jour disparaitre, parce que dans son esprit, leur amour était trop parfait et pur pour être brisé, même par la plus implacable des forces, à savoir la mort. Et quand bien même serait venu le moment de leur fin, elle s’imaginait qu’on leur ferait la grâce de les faire partir ensemble. Si ce putain de Dieu existait réellement, il ne pouvait pas avoir aussi peu de cœur au point de séparer deux personnes qui s’aimaient avec autant de passion et de sincérité, il n’avait pas le droit de détruire ce qu’il prônait avec tant de force dans son fichu bouquin ! C’était injuste ! C’était la seule conclusion qu’elle tirait de tout ça, ils étaient maudits, tout leur tombait dessus, comme si ils n’avaient pas assez payés jusqu’à maintenant. Les remarques racistes, les bassesses, ou autres regards réprobateurs, supporter tout ça n’avait plus aucun sens si c’était pour finalement se faire punir. Désormais, elle se sentait abandonnée par la seule personne qui ne l’avait jamais déçue jusqu’à maintenant, Dieu.

Durant des années, elle s’était voué corps et âme à quelque chose ou quelqu’un qui n’était que l’affabulation d’un abruti illuminé. Elle avait cru sans rien demander en échange, ne cessant d’expier ses maigres pêchés de la semaine en confession et maintenant, il la punissait elle, alors qu’elle avait attendu son mariage avant de se donner à Judd, alors qu’elle avait scrupuleusement respecté toutes les règles. Où était la justice dans tout ça ? Les violeurs et pédophiles avaient le droit au pardon parce qu’ils le demandaient et elle, fidèle parmi les fidèles, avait juste droit à une autre claque, il avait décidé de mettre le géant sur sa route pour mieux le lui reprendre et la détruire d’avantage. Sa foi n’avait plus raison d’être, plus après ça. Il ne faisait plus aucun doute que le barbu ne serait pas en mesure de lui venir en aide et qu’elle était la seule personne sur qui elle pouvait compter si elle désirait sortir son mari de cette « mauvaise passe ».

Olaria ne parvenait pas encore à accepter la réalité, pour elle, il y avait une solution à chaque problème et sa raison avait beau lui souffler que l’issue était inévitable, elle refusait de l’écouter, pensant que si elle le voulait assez fort, elle trouverait le moyen de le garder près d’elle. Il ne s’agirait plus de se battre contre les autres désormais mais de tout faire pour le garder en vie, pour l’empêcher de partir, de la laisser seule et perdue dans l’abysse de son existence. C’était comme annoncer à quelqu’un qu’il devrait vivre sans oxygène très prochainement, c’était impossible ! Quand la tristesse se serait estompée, seul demeurerait cette envie de se battre, même si lui s’était déjà résigné, elle refusait de se ranger à son opinion, on était, à ses yeux, condamné que parce qu’on le décidait.


« Ne t’inquiètes pas mon amour ! » lui murmura-t-elle, compressée contre son torse puissant, cela sonnait comme une étrange promesse

Sa main se perdait dans la masse de ses cheveux ébène tandis que ses dernières larmes traçaient de drôles de sillons sur ses joues, il avait besoin d’elle et il était temps de lui rendre tout ce qu’il lui avait donné jusqu’à présent, son tour était venu de lui prouver combien elle l’aimait et lui était dévouée. Elle savait qu’il n’accepterait certainement pas ses initiatives et son espoir sans faille mais peu lui importait, au fond d’elle, elle avait le sentiment qu’il pouvait être sauvé et elle ne se trompait jamais.


« Je t’aime ! » souffla-t-elle, sentant le besoin de le lui rappeler, consciente que l’éraflure sur son crâne ne le montrait pas vraiment

Le grand brun s’occupa d’abord d’essuyer ses larmes avant de venir chercher ses lèvres, ses mains investissant son corps et l’attirant contre lui avec force, signe qu’elle lui appartenait et ce pour toujours. La jeune métisse doutait que ce genre de chose soit ce dont ils avaient besoin à cet instant précis mais elle n’avait jamais pu résister à ses baisers et à ses mains vagabondes, il le savait parfaitement et sans doute était-ce une manière de changer de sujet, d’oublier momentanément le pire pour ne penser qu’à eux. Pour une fois, elle respecta sa volonté et n’émit aucune résistance, se laissant aller contre lui, ses doigts dessinant d’étranges lignes sur le torse de son amant avant de venir déboutonner sa chemise et de la lui retirer.

De son côté, le géant avait déjà franchi la barrière de son débardeur et en vint rapidement à bout, presque spontanément, il la saisit par la cuisse et la porta jusqu’à la table à manger, la couvrant de baisers de plus en plus passionnés. Ca avait toujours été comme ça entre eux, ils n’avaient pas besoin d’un lit immense, de pétales de roses ou encore d’un album de jazz, il suffisait que l’autre soit là et plus rien ne comptait. Rien. C’était cette insouciance latente qui les perdait sans cesse et rendait chaque coup de la vie, plus dur encore, leur petite bulle d’amour ne les protégerait jamais assez. Enfin, Holly se permit de laisser ses mains se balader, après un petit tour du côté de sa nuque et avoir redessiné les lignes parfaites de ses abdominaux, elle décida de s’attaquer aux « choses sérieuses » et lui retira sa ceinture qu’elle fit tournoyer dans l’air avec un petit sourire coquin avant de la lancer à l’autre bout de la pièce et de le débarrasser de son pantalon tandis qu’il lui arrachait presque le sien avec une fébrilité palpable.

C’était toujours ce moment qu’elle préférait, quand le désir était à son paroxysme, flottant dans l’air et diffusant une odeur de sexe et d’attente torturante. Ils étaient l’esclave de l’autre et elle ne connait pas une sensation aussi plaisante que celle-là ! Ce fut sur cette table de récupération qu’il la fit sienne à nouveau, gémissant son prénom à son oreille tandis qu’elle s’agrippait à lui du mieux qu’elle pouvait, sentant qu’elle perdait de plus en plus pied, jusqu’à ce qu’elle renversa la tête en arrière , submergée par une vague de chaleur incontrôlable qui fit trembler tout son corps tendu dans l’attente de ce moment. Un soupir étouffé lui échappa et elle vint se coller à nouveau à lui, s’apercevant soudain que dans le feu de l’action, elle l’avait non seulement griffé mais également mordu. Presque honteuse, elle n’osa rien dire, le laissant décider pour elle et il prit la décision de grimper dans leur chambre, le pantalon au bas des pieds et sa femme dans les bras, bien entendu, ils tombèrent ce qui provoqua un fou rire incontrôlable et il leur fallut beaucoup de volonté pour gagner la chambre. Même si tout semblait oublier en apparences, elle ne pouvait s’empêcher de sentir un poids sur sa poitrine, c’était de la peur, celle de le perdre.


***


Des quintes de toux violentes la réveillèrent en sursaut, elle se redressa et tâtonna la place vide à se côtés et son cœur cessa de battre. Si elle avait jeté un regard au réveil, elle aurait certainement constaté l’heure avancée de la matinée, le jour ne tarderait pas à se lever mais a n’avait aucune importance, la Terre aurait pu cesser de tourner qu’elle n’aurait pas cillé ! Enfilant sa chemise, elle se dirigea vers la porte et colla son oreille, entendant un râle rauque, comme celui d’un monstre. Elle avança la main pour frapper à la porte mais le connaissant mieux que personne, la métisse se doutait qu’il refuserait d’ouvrir et elle prit le parti d’entrer. Il était là, recroquevillé près des toilettes, tentant désespérément de reprendre sa respiration et elle ignorait ce qu’il fallait faire.

Impuissante, elle vint s’installer près de lui, se collant à sa peau gelée pour finalement se redresser vivement et disparaitre dans la chambre et revenir avec une couverture. Ce dont il avait besoin, elle l’ignorait, ce qu’il voulait également mais elle se refusait à le laisser endurer a seul, c’était au dessus de ses forces.


« Tu as besoin de quelque chose ? Un médicament pour la toux ou ?? »
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MessageSujet: Re: Love is a fucking tragedy   Love is a fucking tragedy EmptyVen 12 Déc - 20:59

Contrairement à Oloria où leur première fois avait également été la toute première fois où elle découvrait le sexe, Judd avait connu plusieurs femmes mais leur souvenir s’était effacé sitôt qu’elle avait posé ses lèvres sur lui et elle était maintenant dans son esprit la seule femme qu’il ait jamais aimé. Longtemps il s’en était voulu, de ne pas être à égalité avec elle sur ce point, parce qu’il avait l’impression que c’était là la base de toutes les crises de jalousie de la métisse. Inconsciemment, ou sciemment, elle devait craindre qu’il ne regrette ses anciennes aventures et décide d’y retourner. Il n’était jamais parvenu à lui faire comprendre que ce qu’il vivait avec elle, dépassait et de loin tout ce qu’il avait pu connaître auparavant et qu’elle ne pouvait pas être comparée à ses anciennes amantes. Il ne les avaient jamais aimées. Elle était, depuis toujours la seule femme de sa vie.

L’on disait souvent que c’était les jeunes mariés qui se sautaient sans cesse dessus et ne savaient rien faire d’autre que l’amour et la guerre mais que très rapidement ils se heurtaient à la réalité et finissaient par se lasser. Cela faisait maintenant deux ans que les Hallorans étaient mariés et leur passion était toujours restée intacte. Judd n’en avait jamais assez de la rendre folle et parfois il devait même avouer attendre avec impatience qu’une dispute éclate entre eux, juste pour le plaisir de retrouvailles endiablées. Il est vrai qu’ils n’avaient besoin de rien d’autre qu’eux pour se sentir comblés, le corps d’Olaria était le terrain de jeux favori du géant et il en usait et abusait à loisir. Il connaissait le dessin de ses grains de beauté sur sa peau, et les endroits où sa peau était plus douce. Il connaissait chacune de ses petites cicatrices, et s’était lui-même inventé leur histoires. Il possédait son corps, tout comme le sien lui appartenait à elle.

Bouffé par son désir, il fut incapable de ralentir la course de ses mains sur sa peau et alors qu’elle le débarrassait de sa chemise, il essayait déjà d’atteindre ses endroits préférés du bout des doigts, ceux qui lui faisait soupirer son nom et l’obligeait à lui couper le souffle de ses baisers. Cette fois il avait la sensation que ses doigts traçaient des sillons brûlants sur sa peau et il suivit la marque invisible laissée par ses mains sur son corps, persuadé qu’à son contact il retrouvait la force qui lui faisait défaut ces derniers temps. S’il avait cru une chose capable de le sortir de la tombe, cela aurait été cet amour insensé qu’elle avait pour lui et qui transparaissait dans chacun de ses mouvements. Il sourit quand elle fit tournoyer sa ceinture au dessus de sa tête comme si elle avait été un cow-boy assis sur le dos d’un taureau et à partir de cet instant, pendant le temps qu’il s’aimèrent, il oublia que les minutes lui était comptées. Il glissait ses mains sur sa peau humide de sueur, essayant de reprendre le fil de ses pensées. Il ressentait un léger picotement là où elle l’avait mordu et griffé et il portait ses marques avec fierté, comme le symbole de ce qui les unissaient.

Bien sûr il éprouva le besoin de faire le malin en voulant la porter jusqu’à la chambre et il se vautra lamentablement. Mais son embarras fut oublié sitôt qu’elle éclata de rire et il se laissa aller lui aussi. L’espace d’un instant il avait tout oublié.

Cette nuit là il dormit peu, veillant sur elle alors qu’elle s’était laissé attrapée par les bras de Morphée. Parfois il allait même jusqu’à effleurer du bout des doigts son visage, stoppant son exploration chaque fois qu’elle montrait le moindre signa d’agitation. Sa peu bronzée luisait avec douceur sous les rayons de la lune, et il essayait de graver cette image dans son esprit pour l’emporter avec lui lorsque viendrait le moment de partir. C’est vrai il avait complètement cessé de lutter et il essayait de se gorger de chaque moment avec elle pour être certain que sa vie avait eu de l’importance. Finalement il n’avait pas besoin d’une cinquantaine d’années pour apprécier ce qu’il avait. Il savait qu’il faisait partie des plus chanceux au monde.

Ce fut une toux insidieuse qui l’obligea à quitter le lit pour se réfugier dans la salle de bain, sur la pointe des pieds pour qu’elle ne se réveille pas. La quinte de toux se transforma en véritable crise et il peinait à remplir ses poumons d’air frais. Son corps était couvert de sueur mais il avait froid, sans doute à cause du carrelage glacé et du manque d’oxygène. C’était quelque chose de terrible pour quelqu’un comme lui, de sa stature, de perdre le contrôle de son corps ainsi. A le voir on aurait pu croire qu’il était inébranlable, et pourtant il se retrouvait à genoux pour une toute petite chose. On appelait ça l’ironie. Lui trouvait que c’était un sacré foutage de gueule.

Quand Holly se retrouva à ses côtés, il déploya des efforts supplémentaires pour reprendre une respiration normale. Il avait toujours tout fit pour qu’elle ne se rende compte de rien et qu’elle ne soit pas obligée d’assister à ça. Malgré lui, des larmes d’impuissance perlèrent à ses yeux quand elle quitta la salle de bain et il donna un coup rageur dans le mur proche de lui, ce qui déclencha une autre quinte de toux. Il essaya d’articuler quelque chose à son adresse lorsqu’elle fut de retour, mais trouva seulement la force de secouer la tête. Il savait qu’il n’y avait pas grand chose à faire, il fallait seulement attendre que ça passe.

Il se saisit de sa main, pour caresser sa paume de ses lèvres, puis il la porta à son visage, rasséréner par le contact chaud de sa peau. Sa présence eut un effet positif sur lui, puisqu’elle l’obligea à se calmer et à chercher de l’air par de grandes inspirations. Au bout de quelques minutes il respirait déjà beaucoup mieux, même si chaque souffle était accompagné d’un râle désagréable. Dieu ce qu’il pouvait aimer, ce petit bout de femme qu’était le sien, par tout le courage qu’elle montrait.

« Ca va mieux. Je pourrais courir un marathon… » ricana-t-il, ponctuant le tout d’une nouvelle quinte de toux, plus légère celle-ci. Il ouvrit ses bras pour qu’elle vienne se blottir contre lui, assise sur ses genoux.

« Bien dormi ? Parce qu’hier… » Il mordilla un temps le lobe de son oreille. « Nom de dieu tu me rends fou… C’est à se demander où tu as appris tout ça… » marmonna-t-il contre son oreille. Il ne voulait pas avoir de discussion sérieuse maintenant, il aimait trop ces petits moments qu’il avait avec elle.
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MessageSujet: Re: Love is a fucking tragedy   Love is a fucking tragedy EmptySam 13 Déc - 19:03

Il était le pilier de sa vie depuis toujours et le voir à genoux comme ça lui fit un véritable choc. Elle s’était toujours pensé fragile, lui, incarnant la force et la constance et maintenant, il se mourrait sans qu’elle n’y puisse rien. Elle s’en voulait de toutes ces fois où elle l’avait éprouvé pour des âneries, de ces crises qu’elle lui faisait par bêtise, de douter de lui alors qu’il n’aimait qu’elle, c’était comme si elle était en partie responsable de sa maladie. Olaria n’avait jamais été une très grande chanceuse, bien au contraire et elle se demandait si sa poisse légendaire n’avait pas fini par toucher l’homme de sa vie mais son impression restait la même, tout ça était injuste. Pourtant, alors qu’il souffrait et tentait désespérément de reprendre son souffle, elle ne montra aucun signe de faiblesse. Elle était sa femme et devait être un soutien, non un élément qui aggraverait sa situation, parce que si c’était dur pour elle, il ne faisait aucun doute qu’il souffrait le martyr. Ses larmes ne seraient d’aucune utilité dans une situation comme celle-ci et elle privilégia son esprit pratique, tentant de prendre assez de recul pour ne pas paniquer plus que de raison.

Comment avait-il fait pour lui cacher ça aussi longtemps ? Comment avait-elle pu être aveugle à ce point ? N’entendant pas ses violentes quintes de toux, ne le voyant pas dépérir, se contentant de vivre sa petite vie sans véritablement se soucier de son état. Comme elle s’en voulait de tout ça, elle avait manqué à son devoir, à ses engagements pris le jour de leur union et elle comptait bien y remédier, quitte à presque l’étouffer, il avait besoin d’attention, de sa présence et d’elle et il aurait beau le nier, elle le savait. D’ailleurs, elle en eut la preuve lorsqu’il ouvrit les bras pour qu’elle vienne contre lui, docilement, elle se pressa contre son torse, essayant d’oublier que sa respiration était enrouée et difficilement, omettant le fait qu’il ne serait bientôt plus et de ne pas penser à l’unique option qui lui resterait dans ce cas de figure. Non, elle trouverait une solution
!

« Je suis certaine que tu arriverais premier ! » répondit-elle toute sourire alors qu’elle mourrait d’envie de pleurer

La jeune métisse ignorait où il pouvait trouver la force de plaisanter, de penser à autre chose alors qu’il savait qu’il était condamné, alors qu’il était conscient que d’ici peu, il n’y aurait plus d’eux, plus de lui, plus de bonheur, de sourire, d’amour et de câlin, seulement le froid de la mort, le tissus d’un putain de cercueil en chêne et l’absence, terrible, vicieuse, destructrice, mortifère. Holly aurait aimé qu’ils discutent sérieusement, des soins qu’ils pouvaient obtenir, des solutions qui s’offraient à eux et surtout qu’il lui fasse comprendre qu’il n’abandonnait pas, qu’il refusait catégoriquement de l’abandonner. Malheureusement, tout montrait que non seulement il ne désirait pas aborder le sujet mais que surtout, il semblait persuadé que ses jours étaient comptés et que c’était irrémédiable et pour cette raison, elle le détestait. Il avait cette naïveté forcée qui la rendait dingue, incapable de rester sérieux quand un sujet le toucher de trop près et cette fois, ça faisait perdre la tête à sa femme. Elle retint cependant sa remarque, l’entourant de ses bras, le serrant contre elle avec force.


« J’ai tout appris du meilleur. » minauda-t-elle en tentant de sourire ce qui se transforma bientôt en rictus qu’il ne vit pas, fort heureusement

« Mon amour, tu devrais retourner t’allonger, tu n’as pas beaucoup dormi et puis de mon côté, je vais aller te préparer un bon petit déjeuner, qu’est-ce que tu en penses ? »

Il émit un grognement avant de venir chercher ses lèvres avec passion, ce qui sans doute signifiait oui. Elle l’abandonna dans leur chambre, descendant les escaliers quatre à quatre, les larmes menaçant de rouler sur ses joues. Mais elle attendit d’être seule dans la cuisine pour se laisser aller, pleurant toutes les larmes de son corps, accusant le coup, la confrontation directe à sa maladie n’avait rien avoir avec le fait de savoir. Tout ça était terrifiant ! Une fois calmée, elle entreprit de faire à manger, se vengeant sur la pâte à pancakes et s’appliquant à faire quelque chose de correct mais le cœur n’y était pas, de toute façon, quand elle trouva la force de monter les escaliers et de gagner leur chambre, il dormait à poings fermés. Avec délicatesse, elle remonta la couverture sur lui, déposant un baiser sur son front avant de fermer les rideaux. Le plateau était resté sur la commode, non loin de lui, juste au cas où.

Ce moment de solitude lui permit de remettre ses idées en place et rapidement, elle passa quelques coups de fils à de vieilles connaissances. Elle chercha toutes les méthodes possibles et imaginables et très vite, elle s’aperçut que la médecine était limitée et elle préféra de loin les vieilles méthodes. Ses doigts composèrent un numéro, comme si elle ne l’avait jamais oublié, comme si c’était hier.


« Allô ? » répondit une voix abîmée par la cigarette
« Anita ? »
« Oui, qui est-ce ? »
« C’est Holly ! » répondit-elle timidement
« Oh, Holly, ma chérie, comment vas-tu ? »
« Pas si bien que ça tu sais… »
« Oui je sais, Judd, c’est ça ? Combien de temps il lui reste ? »

La métisse se figea, ayant l’impression d’être dans une autre dimension. Ca faisait des années qu’elle n’avait pas adressé la parole à sa tante, ses pratiques, jugées hérétiques par son père, en avait fait une paria à ses yeux et depuis, la jeune femme n’avait jamais osé reprendre contact avec celle-ci.

« Je… Je ne sais pas ! »
« Tu sais que je ne peux pas faire ça, c’est trop dangereux et il pourrait être différent, mes capacités se limitent à la prédiction, ça vaut mieux pour tout le monde ! » dit-elle à regret
« Alors prédis-moi ce qui va se passer, j’ai besoin de savoir ! » répondit-elle au bord d’une autre crise de larmes
« Passes me voir ma chérie, quand tu peux et quand tu veux, avec lui. »
« Je… Il…C’est pas une bonne idée. Je doute qu’il y croit et je préfère venir seule ! »
« Très bien ! A bientôt Holly, prends soin de toi. »

Elle avait cherché des réponses et désormais se trouvait bien plus perdue qu’elle ne l’était auparavant. Si il lui fallait faire le tour des rebouteux pour soigner son mari, la brunette n’hésiterait pas une seconde. Elle connaissait le danger de mettre trop d’espoir dans des choses de ce genre mais c’était la seule manière pour elle de supporter tout ça. Quand elle releva les yeux, elle s’aperçut qu’il se tenait dans l’encadrement, elle ignorait depuis combien de temps et préféra éviter soigneusement son regard, s’échappant dans la cuisine où elle essaya de préparer quelque chose avec des épluchures de pommes de terre, pas de doute, ça ne tournait pas rond.
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MessageSujet: Re: Love is a fucking tragedy   Love is a fucking tragedy EmptyDim 14 Déc - 19:40


Judd avait toujours été quelqu’un qui savait gérer les conflits et les problèmes. En période de crise il se trouvait être quelqu’un sur qui l’on pouvait compter et c’était sans doute cette capacité à éloigner de lui toutes mauvaises pensées qui le rendait aussi fiable. Il ne pensait jamais au sujet qui était la source du problème, mais à ses milliers de solutions possibles. Son optimisme était à toute épreuve et il en fallait beaucoup pour entamer sa bonne humeur. Cependant cette fois le problème le touchait directement, il était profondément ancré dans ses entrailles et pour ressentir la douleur qu’il ressentait actuellement, il ne se faisait pas beaucoup d’illusions sur le sort qui lui était réservé. En réalité il se rendait compte qu’il était beaucoup plus facile d’être optimiste pour les autres, que de croire soi-même. Il était comme un vieux prête qui après avoir vu tant de malheur sur terre avait usé sa belle foi.

Il sentait bien ce besoin qu’Olaria avait de vouloir parler de ce qui était en train de leur arriver. Il sentait dans sa voix les larmes qu’elle réprimaient au prix d’incroyables efforts. Il savait que plutôt que de le voir faire le clown, elle avait envie de le voir se battre et d’entendre dans chaque inflexion de sa voix son envie de se sortir de ce bordel et de remporter la bataille. Seulement il y avait cet horrible tic tac qu’on lui avait mis dans la tête et qui lui rappelait sans cesse qu’il manquait de temps. Chaque fois qu’une crise de toux se faisait plus violente, il sentait ses chances de s’en sortir s’amenuiser. Alors il n’avait plus que le courage de feindre sa bonne humeur et de parler de tout ce qui ne le rattachait pas à sa maladie. Il voulait vivre tant qu’il le pouvait encore, croquer dans la vie avec la même férocité que sa femme, perdre la tête et faire tout ce qu’il avait toujours remis au lendemain.

Mais ça devrait attendre, au moins cet après-midi, puisqu’il ne se sentait plus la force de rien.


« Je vote pour des pancakes… » souffla-t-il après avoir relâché ses lèvres qu’il avait capturées dans un baiser gourmand. Il se laissa tomber sur le matelas et les ressorts du lit émirent un vif grincement comme s’ils allaient céder. Il attrapa l’oreiller d’Olaria pour le coincer sous son visage et très vite ses paupières se fermèrent. La minute suivante il dormait profondément, balancé par d’étranges rêves où il était question de sang et de nouvelle vie. Il ne se réveilla que plusieurs heures plus tard, affreusement déçu d’être seul dans le lit et de ne pas voir son sourire dés le réveil. Pris de frissons il enfila un pull, avant de descendre au salon. Il ignora le plateau qui avait été déposé à son attention. Il voulait une tarte à la patate douce maintenant.

Sur le pas de la porte il se figea, saisit par la conversation qu’elle avait au téléphone avec une personne qu’il ne pouvait pas identifier. Aussitôt il se mordit la lèvre, se sentant stupide d’avoir pu penser qu’elle avait plutôt bien absorbé le choc de la nouvelle. Il n’entendait pas ce que la personne l’autre bout du fil était en train de dire mais il devinait aisément être le centre de la conversation et cela le mettait mal à l’aise. Il ne voulait pas se remplir l’esprit de faux espoirs et passer le reste de ce qu’il lui restait de sa vie à courir après un miracle. Il savait sa femme capable de pas mal de choses mais quand il en venait au sujet de la mort, il aimait à croire qu’elle était aussi démunie que n’importe qui d’autre. C’était la seule chose, avec les taxes, que l’on ne pouvait pas éviter.


« C’était qui ? »
demanda-t-il en la suivant dans la cuisine, fronçant les sourcils alors qu’elle faisait frire de drôles de trucs.

Il se rapprocha d’elle et lui prit la poêle de mains. Les épluchures étaient en train de cramer et il les passa sous l’eau avant de déposer le tout dans l’évier. Mieux valait éviter que la cuisine ne prenne feu. L’air qui régnait dans la pièce était soudain devenu très lourd, à couper au couteau, et il fixa les morceaux noirs comme du charbon et tout rabougris qui flottaient dans l’eau en tourbillonnant avec une attention feinte. Il attendait toujours une réponse, mais il savait qu’il ne l’obtiendrait pas. Olaria était têtue comme une mule et lorsqu’elle avait une idée il était plutôt difficile de l’en détourner.


« Holly tu vas arrêter ça tout de suite. » lâcha-t-il, toujours sans la regarder. « Je ne veux pas passer mon temps branché à des tubes ou à avaler de la mousse d’arbre de je sais pas quoi ! J’ai toujours admiré ce que tu faisais, toutes tes croyances et tous ces trucs que tu m’as fait découvrir. Mais cette fois il s’agit de moi. Et je ne veux pas de tout ça. Je veux juste profiter… »

« Je veux juste profiter du temps qu’il me reste chérie… »
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MessageSujet: Re: Love is a fucking tragedy   Love is a fucking tragedy EmptyLun 15 Déc - 21:06

C’était la force des désespérés qui la poussait à user de ce genre de recours. Cependant, elle avait toujours cru à tout ça, contrairement à son père, les traditions avaient toujours eu beaucoup d’importance dans sa vie et très jeune, on l’initia à quelques tours de passe-passe et quelques rites de sorcellerie, quand son père en eut vent, il lui interdit de retourner chez sa tante, mais il était trop tard elle savait. C’est sans doute pour cela qu’elle semblait tellement persuadée que sa tante pouvait quelque chose pour son mari, elle avait beau ne pas l’avoir vu depuis des années, elle la connaissait comme le fond de sa poche et si Judd avait été condamné, elle lui aurait clairement signifié, seulement là, comme pour confirmer son pressentiment, Anita l’avait invité à lui rendre une petite visite. Tout ça redonnait du baume au cœur à la jeune femme, elle ne parvenait pas à s’imaginer sa vie sans lui et même si tout ça lui semblait purement folklorique, elle l’obligerait à s’y plier, pour lui, pour eux.

Ils avaient eu des moments particulièrement difficiles, des ennuis d’argent qui les contraignirent à vivre quelques temps chez les parents du géant et alors qu’il perdait, de jour en jour, le moral et abandonnait la partie, elle se débrouilla pour lui montrer que tout n’était pas perdu et qu’il y avait toujours moyen de s’en sortir. En réponse à ses promesses, elle trouva un emploi dans les semaines qui suivirent et ils purent même avoir leur petit chez eux. Holly avait toujours de l’espoir et voulait aller de l’avant mais seulement s’il se trouvait près d’elle, faire des efforts n’avait pas de sens si c’était pour en profiter seule. Comme il le lui disait souvent, elle était son rayon de soleil, celle qui parvenait à le faire sourire alors qu’il n’avait pas le cœur à ça, c’était son rôle d’épouse et elle le remplissait à merveille.

Pourtant, maintenant, elle ne supportait plus ce défaitisme stupide et ne le comprenait pas. Elle avait toujours cru que tant qu’ils seraient tout les deux, rien ne serait impossible et il venait de balayer tout ça d’un revers de main, se persuadant qu’une putain de tumeur pourrait les séparer, elle s’y refusait ! Les cartes n’en avaient pas parlé de toute façon. Chaque semaine, elle tirait les cartes comme sa tante lui apprit, juste pour se renseigner, pour s’assurer que sa famille était en sécurité et la maladie du grand brun n’était pas apparue, ce qu’elle ne comprenait pas, les cartes n’omettaient jamais rien. Cette petite absence qui pour le commun des mortels ne signifiait qu’une erreur, donnait beaucoup d’espoir à la mulâtre. Si lui se persuadait de sa mort, elle, était convaincue qu’il vivrait et c’est sans doute ce qui coinçait. Même si la plupart du temps, ils ne parvenaient pas à se mettre d’accord, il semblait clair que Judd ne laisserait rien passer sur ce sujet, certain d’être condamné, c’était sans compter sur le caractère de feu de sa femme.

Olaria préféra ignorer sa question, à quoi bon lui faire part de ses tentatives pour le sauver ? Il la prendrait pour une imbécile et elle préférait attendre qu’il y ait des preuves, parce que sa conviction ne valait rien à côté de quelque chose de tangible. Distraite, elle ne s’aperçut même pas de ce qu’elle était en train de faire ,échafaudant déjà son plan de secours, la meilleure manière de lui venir en aide sans qu’il ne lui en veuille mais il la coupa net, lui prenant des mains la poêle et se dirigeant vers l’évier. Comme sortie d’un rêve, elle le fixa, l’air ailleurs.

Le temps qui lui restait ? En profiter ? Comment le pourrait-il en s’étouffant dans le sang qu’il crachait à chaque quinte de toux ? Il la prenait pour une abrutie, voulant l’abaisser au rang d’impuissante et elle ne voulait pas de cette place, contrairement à ce qu’il croyait, elle savait parfaitement ce qu’elle faisait et où elle mettait les pieds. Des croyances ? Ca allait bien au-delà mais le clivage culturel l’empêchait d’y voir clair, l’empêchait de se rendre compte de la force de tout ça et pour un peu, elle aurait pu l’emmener à une séance d’une vieille amie de sa tante, pas de doute qu’il n’aurait plus vu les choses de la même façon.

Sans qu’elle ne le sente venir, une bouffée de colère l’étreignit, guidant ses gestes. Un rire bref lui échappa, sonnant faux et n’annonçant rien de bon. En effet, elle balayait déjà tout ce qui se trouvait sur la table. Avec un coup de pied violent, elle renversa la table et s’en prit aux étagères, brisant des bibelots inutiles et s’écorchant la main à force de frapper dans n’importe quoi. Cela dura à peine quelques minutes et pourtant, elle avait saccagé presque toute la cuisine, soumise à une crise de rage comme elle n’en avait jamais connu. Soufflant un bon coup, elle tira sur son chemisier et replaça les mèches de cheveux qui lui tombaient dans les yeux.


« Tu as raison, il s’agit de toi, tu feras ce que tu veux ! » fit-elle d’un ton faussement calme

Alors qu’il la fixait avec stupéfaction, elle sortit par la porte de la cuisine pour prendre l’air sur le porche, elle étouffait dans cette maison, près de lui. Elle ne pouvait pas se battre pour deux, elle n’en aurait pas la force cette fois, il suffisait déjà de si peu pour qu’elle perde pied. Assise sur la petite marche tordue, elle respirait profondément, se retenant de partir en courant pour échapper à tout ça, à cette vie qu’elle finissait par détester, à ce petit nid qui semblait douillet mais était rempli de serpents venimeux. La porte s’ouvrit derrière elle mais elle refusa de se retourner, presque honteuse de s’être emporté de la sorte, il ne méritait pas tout ça.


« T’as épousé une tarée, j’espère que tu en as conscience ! Si tu étais moins fou, tu divorcerais ! » lança-t-elle en reniflant bruyamment, elle n’avait plus de larmes à pleurer

« Laisses moi au moins ça, s’il-te plait ! Si tu veux arrêter de te battre c’est ton choix mais ne me demandes pas de te laisser mourir sans rien faire, je sais que je peux te sauver, je le sais, c’est le destin ! »

Elle ressemblait d’avantage à une folle qu’à la Holly qu’il connaissait mais peu importait, on ne lui enlèverait pas cette certitude .
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MessageSujet: Re: Love is a fucking tragedy   Love is a fucking tragedy EmptyLun 15 Déc - 22:41


Il aurait dû se montrer plus prudent, choisir ses mots avec d’avantage de soin et essayer de se mettre à sa place. Au lieu de ça il avait suivit ses émotions, révolté à l’idée de servir de cobaye et que la fin de sa vie se résume à une série d’expériences ratée qui n’auraient pour but que de raviver à chaque nouvelle tentative un espoir vain. Il se sentait déjà usé jusqu’à la corde et son grand corps lui paraissait trop lourd pour qu’il continue à le porter indéfiniment. Il voulait de la paix et de la tranquillité, quelque chose qu’il n’avait pas goûté depuis des siècles. Etait-ce si dur à comprendre ? Si difficile à appréhender ? Si intolérable ? Il ne se sentait pas vraiment l’âme d’un défaitiste, juste de quelqu’un de raisonnable qui savait voir la vérité en face. C’était vrai bordel ! Il crachait du sang, il ne pouvait rien y avoir de positif dans tout ça !

Mais non il avait fallut qu’il ouvre sa grande bouche encore une fois et qu’il déclenche une nouvelle crise. Effaré il fixa sa femme mettre en pièce le mobilier rustique qu’ils avaient, et tout ce qui tombait sous ses mains, envoyant tout valser à travers la pièce avec rage. Parfois il se disait avec humour que si le jeté de conserves devenait un sport national, elle serait sans doute championne dans le domaine. Mais tout ça n’avait rien de drôle, c’était l’image d’une femme sur les nerfs, qui était en train de perdre tous ses repères et ce en quoi elle croyait. Il se sentait un peu bête d’être à l’origine de cette colère, il aurait tout simplement pu accepter ses lubies sans rien dire, mais sans forcément en penser moins et elle aurait été satisfaite puisqu’elle aurait eu la sensation de tout maîtriser.

C’était comme ça chez Olaria, il fallait qu’elle domine son environnement. Il avait toujours trouvé que cela témoignait d’une incroyable force de caractère, et en réalité c’était la preuve d’un profond manque de confiance en soi et d’un déséquilibre sentimental. Au fond elle avait du se construire sans la présence d’une mère. Lui avait été adopté mais il n’avait jamais connu cette angoisse car les deux personnes qui l’avait recueillit avaient été des parents exemplaires. Encore aujourd’hui, il était extrêmement proche d’eux et ils se voyaient souvent. Ils n’avaient jamais remis en cause la relation de la métisse et du géant et ils avaient accueillit la jeune femme comme si elle avait toujours fait partie de la famille, comme leur fille. Grandir dans un tel foyer était un privilège et il le savait. Il avait réellement essayé de construire sa famille sur ce même modèle et il lui semblait qu’il lui manquait toujours quelque chose. Son résultat était bancal, inachevé. Souvent il avait pensé qu’un enfant rétablirait l’équilibre. Mais il avait du faire une croix sur ce rêve également.

Fixant sa femme d’un air hébété, il ne fit aucun mouvement avant qu’elle ne soit sortie de la cuisine et même alors il hésitait à bouger un orteil. Il jeta un regard circulaire sur la pièce, complètement sans dessus-dessous et se félicita de ne pas s’être jetée entre elle et ses missiles parce qu’il ne savait pas comment il aurait pu en réchapper. Il s’appuya sur l’évier, complètement courbé en deux étant donné la hauteur à laquelle ce dernier se trouvait, essayant de reprendre sa respiration et de mettre de l’ordre dans ses pensées. Il ne lui fallut pas longtemps pour en venir à la conclusion qu’il devait faire un peu plus d’efforts.

Il la suivit à l’extérieur, sur le porche et voulut essayer de casser ses fesses à côté d’elle mais il n’y avait pas assez de place. Alors il se plia pour s’assoire derrière elle et la serrer dans ses bras. Ses remarques la firent ricaner et il déposa un baiser sur sa tempe.
« Deux fous… on s’est plutôt bien trouvés. »

« Je suis désolé de… »
Il soupira. « Raaah chérie… Si tu veux vraiment tout ça je suis d’accord… »

Son regard se porta sur le minuscule bout de terre qui leur servait de jardin. Ce n’était pas grand chose mais Holly avait planté quelques fleurs et quelques herbes aromatiques et ils avaient même deux pieds de fraises. Les fruits qu’ils récoltaient étaient minuscules mais sucrés à souhait. Ils avaient toujours eu l’habitude de se contenter de peu, pensant que du moment qu’ils étaient tous les deux ils n’avaient besoin de rien d’autre. Il comprenait ce besoin qu’elle avait d’essayer de chercher un peu d’espoir ailleurs, parce qu’il aurait sans doute lui aussi céder à la panique si les rôles avaient été inversés.

« Je sais que c’est difficile. » Il la pressa d’avantage contre lui et posa son menton sur son épaule. « J’ai eu du mal à croire que c’était vrai. Que ça m’arrivait à moi. A nous. Tu peux pas savoir comme j’ai la trouille de te laisser seule. Je ne veux pas qu’on soit séparés. Alors si tu crois qu’il y a quelqu’un qui a un espoir pur moi, je veux bien y croire aussi. Je veux bien chercher aussi. »

Il glissa sa main le long de sa nuque, pressa son visage dans ses cheveux aux odeurs exotiques. Elle sentait le soleil et l’abandon. « Nom de Dieu je ne veux pas te laisser. »
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MessageSujet: Re: Love is a fucking tragedy   Love is a fucking tragedy EmptyMar 16 Déc - 20:51

Une sorte de crevasse s’était creusé en son sein et elle la sentait s’approfondir de minute en minute, accroissant sa peine et ensevelissant sa colère sous un tas de terre. Elle s’en voulait de s’empoter avec autant de facilité, de lui faire subir ça alors qu’il avait plus que jamais besoin d’elle mais quand il s’agissait de sa sécurité, de sa santé, de son état, elle ne répondait plus de rien et pétait littéralement les plombs. Elle n’avait jamais été quelqu’un de très stable malgré les apparences, elle se montrait souvent comme une personne forte et sûre d’elle mais en réalité, elle avait peur de tout et de rien. Sans ça, pourquoi serait-elle restée aussi longtemps aux côtés de son père. A force de l’étouffer, il en avait fait une handicapée, incapable de faire face à un problème comme une personne normale, elle voyait tout à sa façon, de manière fantaisiste et un peu enfantine quand ce n’était pas le regard du désespoir qu’elle jetait sur tout ça. Bordel, comment pouvait-on avoir une place aussi importante dans la vie de quelqu’un et être incapable de lui venir en aide ?

Elle s’était tellement investie dans tout ça, pour lui, pour eux, il n’était pas resté en reste non plus d’ailleurs et pourtant, c’était comme si tout ça n’avait servi à rien, comme si tous leurs efforts les avaient inexorablement menés à cet instant fatidique, le moment où il disparaitrait, laissant un grand vide dans ce monde. Pour elle, l’univers ne pouvait se remettre d’une telle perte, du moins pas le sien, il était son astre, le soleil brûlant et éclairant son chemin alors que tout autour était noir et terrifiant. Malheureusement, son influence et sa lumière faiblissaient et bientôt il s’éteindrait pour ne plus jamais briller. Déjà, elle sentait que sa chaleur la quittait, peut-être parce que ses étranges cauchemars étaient revenus alors que depuis son mariage, elle les avait totalement oubliés ou presque.

Ses mains fines se posèrent sur les bras musclés du géant et elle tenta de se convaincre que tout cela n’était qu’un cauchemar et que bientôt elle se réveillerait et en rigolerait avec lui. Il le fallait, pour qu’elle ne devienne pas dingue, pour qu’elle continue à avancer et n’ait pas à prendre la pire décision de sa maudite existence. C’était une véritable malédiction, tous les gens qui l’aimaient beaucoup trop finissaient par disparaitre et pour la première fois de sa vie, elle comptait bien s’opposait au destin, rien n’était écrit, on écrivait sa propre histoire et pour celle-ci, elle mettrait elle-même le point final !


« Je sais que tu fais ça pour me faire plaisir Djou et c’est pour ça que je t’aime mais je veux que tu comprennes que ça peut peut-être t’aider, ces trucs là marchent ! » voulut-elle se justifier

« Je te promets que tu ne partiras pas, en tout cas pas sans moi ! » lâcha-t-elle sans véritablement réfléchir

***


Ils avaient traversés une bonne partie des Etats-Unis pour gagner la Louisiane où vivait une des connaissances de la fameuse tante d’Holly. Quand elle lui en avait parlé, Judd s’était montré plutôt réticent mais elle voulait lui en montrer d’avantage, à propos d’elle, de sa culture et de tout ce qu’on prenait pour des superstitions stupides ! Près du bayou se dessinait une petite maison de bois, la couleur s’était ternie et avait même disparu par endroit, signe qu’elle était très vieille. La jeune femme, ayant la nette impression de connaitre l’endroit, se permit d’en pousser la porte, se cognant à un géant noir qui la dévisagea un temps avant de sourire et de la prendre dans ses bras.

« Holly ! Je suis tellement content de te voir, ça fait si longtemps. »

Il l’étouffait à moitié et elle eut un mal fou à articuler :

« Arnold ? »
« Et comment beauté ! »
« T’as grandi depuis la dernière fois qu’on s’est vus ! »
« Disons que je ne tiens plus dans notre cabane donc on peut oublier la revanche au cache-cache ! » plaisanta-t-il en ricanant fort

Son regard rieur finit par se poser sur l’homme qui accompagnait sa cousine et lui sourit et lui tendit chaleureusement la main que Judd prit avec plaisir, au moins une partie de la famille de sa femme qui ne le haïssait pas cordialement.


« Je suis le cousin de la petite… » fit-il en la décoiffant « Je suppose que tu es son mari, ma mère m’a beaucoup parlé de toi, je sens que toi et moi on va bien s’entendre ! »

Anita avait envoyé son fils pour rassurer tout le monde et faire les présentations entre la vieille femme et le couple. Personne ne savait quel âge pouvait bien avoir celle qu’on appelait « la mère », les rides sur son visage n’aidaient pas, elle pouvait avoir 70 comme 500 ans. Paisiblement, elle les fit asseoir et discuta avec eux, de tout et de rien jusqu’à ce qu’elle se mette à trembler. Inquiète, la jeune femme se leva mais son cousin l’en empêcha et lui intima l’ordre de se rasseoir. La vieille femme perdit sa voix fluette, remplacée par une voix beaucoup plus grave, mais plutôt que de se tourner vers le géant brun, elle fixa avec intensité la métisse qui se sentit mal à l’aise.

« Tu as touché le mal du bout des doigts ma belle, il reviendra te chercher bientôt, t’emportant dans sa spirale d’horreur et tu comprendras qui a tué ta mère ! Au fond tu le sais, n’est-ce pas Olaria ? Que ce n’est pas des hommes qui ont tués ta mère mais des bêtes assoiffées de sang, tu peux encore sentir leur odeur et tu portes leur marque ! »

La vieille femme tremblait de tous ses membres et ses yeux avaient une teinte verte alors qu’ils étaient naturellement noirs. Un sourire effrayant lui déforma le visage avant que tout s’arrête et qu’elle ne se redresse, faisant fi des expressions ahuries des trois personnes présentes.

« Mon enfant, j’espère que je t’ai apporté des réponses ! »

Sans dire un mot, elle ouvrit son sac pour lui offrir quelque chose mais la mère lui fit signe que ce n’était pas nécessaire.

« Jamais quand c’est la famille ! »

***


Quelques jours seulement après cette rencontre étrange, ils décidèrent d’aller chez la tante de la jeune femme pour que celle-ci lui tire les cartes. Anita décida d’ailleurs de les prendre à part , commençant par Judd, laissant la métisse seule dans le salon, ce qui la plongea dans un désarroi sans nom.
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MessageSujet: Re: Love is a fucking tragedy   Love is a fucking tragedy EmptyMer 24 Déc - 15:59



Il ne remarqua pas l’impact des paroles de la métisse. Et heureusement il ne sentit pas dans sa voix sa détermination de partir avec lui sinon il aurait véritablement était prit de panique. Quel lui disparaisse était une chose, mais il ne pouvait imaginer le monde sans le rire d’Holly et c’est pourquoi, depuis qu’il avait appris sa maladie, il avait fait en sorte que les choses soient faciles pour elle lorsqu’il ne serait plus là. Il ne vit que son acharnement à vouloir le garder en vie, par tous les moyens possibles et même les plus farfelus. Olaria avait eut une sacré influence sur le géant mais jamais elle n’avait véritablement réussit à le faire adhérer à la magie, au vaudou et à toutes ces autres choses auxquelles elle était fermement attachée. Il trouvait ses séances de cartes ridicules, bien qu’il n’ait jamais osé le dire à voix haute. Après tout quel pouvoir pouvait avoir un bout de carton peinturluré ?

Pourtant à mesure qu’ils s’enfonçaient dans le continent pour rejoindre la Louisiane et que des paysages, tous différents, défilaient devant ses yeux, il ne pouvait s’empêcher de nourrir un secret espoir. Maintenant qu’on lui avait ouvert la voie vers quelques possibilités de rémission, il s’accrochait à ses lambeaux de vie avec rage. Il retrouvait un peu de courage, même s’il suffisait d’une nouvelle quinte de toux pour soudain tout balayer et le ramener à la case départ. En surface il faisait de son mieux pour ne rien laisser paraître, ni son inquiétude, ni sur la faiblesse qui commençait à ankyloser ses muscles et rendait chaque mouvement toujours plus difficile. Et surtout pas de cette incroyable terreur qui le saisissait chaque fois qu’il se retrouvait dans le noir, comme si les ténèbres venaient déjà de le dévorer et qu’il était enfermé dans sa tombe, agonisant.

Olaria elle redoublait d’attentions à son égard. Elle le ménageait et ça le rendait fou. Il avait envie de son rire, de ses colères, de son désir inextinguible. Il avait lutté pendant toutes ces longues semaines de silence pour qu’elle ne puisse pas le voir comme une victime ou quelque de faible mais il devait bien s’avouer qu’il avait échoué. Chaque fois qu’il rencontrait le regard de la jeune femme, il se retrouvait confronté à sa déchéance, à sa mort. Il suffisait qu’il se mette à tousser pour qu’elle accoure et pose ses mains sur lui, pour le câliner comme un gosse. Elle n’était plus sa femme, mais une étrangère en blouse blanche.

C’est inquiet qu’il fixa la vieille maison toute décrépie dans laquelle vivait la famille de sa femme et qui selon elle, détenait les clés de sa guérison. Il ne voulait pas en franchir le seuil, de peur de voir toutes ses craintes confirmées. Il se savait déjà condamné, mais il ne voulait pas que la dernière once d’espoir qu’il lui reste lui soit définitivement ôtée. Or il savait que rien de bon ne pourrait ressortir de cette visite. Silencieux il suivit Olaria à l’intérieur de la bâtisse. Il se tint à l’écart, tandis qu’un homme aussi gigantesque que lui l’emprisonnait dans ses bras et discutait avec elle. Avec le père de sa femme il avait appris à se tenir sur ses gardes et à rester à sa place. C’est surpris mais conquis, qu’il serra la main du cousin d’Holly dans la sienne. Il se sentait enfin appartenir à la famille, et c’était bien la première fois. Pendant un moment il observa l’homme, son sourire et sa façon de se mouvoir et il en vint à la conclusion que lorsqu’il ne serait plus là, il serait capable de la consoler.

On les conduisit dans une pièce, où une vieille femme semblait régner en maître et un nouveau malaise s’empara du géant. Il ne savait pas si c’était le décor de l’endroit, ou la femme elle-même qui provoquait ça mais toujours est-il qu’il se sentait mal à l’aise. Il détestait cette façon qu’elle avait de le fixer, comme si elle pouvait le décortiquer et lire à travers lui. Quand ses yeux se révulsèrent et se mirent à rouler dans ses orbites il crut se liquéfier sur place. Ce qu’elle dit ne l’aida pas à se sentir mieux. Une menace semblait planer sur sa femme et il ne comprenait pas d’où elle pouvait bien venir. Pire que ça, il avait peur de ne plus être là pour la protéger au moment voulu. De sa maladie pas un mot. Et il se mit à penser qu’Anita ne pourrait jamais rien y changer, tout en priant pour qu’elle ait un début de réponse pour lui.

La tante d’Olaria lui foutait nettement moins la trouille que la grand-mère et c’est avec moins de craintes qu’il la suivit seul dans son « bureau ». Il trouva place sur une chaise minuscule qui l’obligeait presque à se plier en deux pour tenir dessus et lui donnait l’air d’être un Gulliver débarqué chez des nains. Le décor de sa maison était beaucoup moins sinistre que celle qu’ils avaient visités en Louisiane et il se sentait presque rassuré par la façon bienveillante qu’elle avait de le fixer. Alors qu’elle s’agitait dans tous les sens, mélangeant divers huiles, poudres et trucs bizarres dans des fioles il sentit cette petite pointe d’espoir qu’il avait caressée revenir au galop. Elle agissait avec tellement de naturel et sans aucune hésitation qu’il se voyait déjà en train de danser la samba.


« Et voilà qui devrait calmer l’esprit d’Olaria. »
« Calmer son esprit ? »
« Oui. Tant que tu prendras ces remèdes tu seras tranquille. »
« Alors… Ca ne va pas me guérir ? »
« Qu’est-ce que tu croyais gagner grâce à de vieilles superstitions ? Un sursis ? »
« Holly a dit… »
« On ne peut pas en vouloir à Olaria d’espérer te garder avec elle un peu plus longtemps. Je suis capable de pas mal de choses tu sais. Mais contre la mort c’est un combat perdu d’avance. »
« Putain de merde et vous croyez… »
« C’est à toi d’explorer de nouvelles voies. De trouver d’autres solutions. Tu as déj-… »
« Oh pitié ! N’essayez pas de me faire gober que je suis condamné et tout de suite après que je peux m’en sortir. »
« La colère ne t’aidera pas Judd. »
« Rien ne peux plus m’aider. Et vous ne m’aidez pas. Vous me demandez de mentir encore en bouffant ces trucs ! Qui sait si ça ne va pas directement m’envoyer au cimetière ! »
« Ca te donnera un peu plus de temps… »
« Du temps… Je n’ai plus que ça. Un peu de temps. Mais ça ne suffit pas vous comprenez ? Ca ne suffit pas pour l’aimer. Je voulais des enfants. Je… »
« Tu dois tromper la mort. »
« Tromper la mort ? »
« Judd ouvre les yeux. Tu possèdes déjà en toi toutes les réponses. Je ne peux rien faire de plus que te mettre sur le bon chemin. »
« Quel bon chemin ? J’ai un mur énorme devant moi ! »
« Regarde mieux. »
« Mais… »
« Regarde mieux. »

Il soupira et secoua la tête, son regard accrochant les fioles multicolores qui s’alignaient devant lui. Elles ne portaient aucune inscription et le verre des bouteilles était ternis. Du mensonge en boîte. Ce qu’il pouvait être fatigué de lutter, de simuler et de mentir… Il fixa à nouveau la vieille femme, presque avec colère. Il lui en voulait d’avoir farcis la tête d’Olaria de sottises et de lui avoir fait croire par la même occasion qu’il pourrait s’en sortir. Il pouvait bien boire toutes ces mixtures mais il se demandait ce qu’il faudrait faire quand il serait clair qu’elles n’avaient aucun effet.

« Holly… Chérie. Elle t’attend… » fit le géant en déposant un baiser sur les lèvres de sa femme. Il avait laissé la porte ouverte et quand elle se referma de nouveau il se demanda quel genre de mensonges seraient à nouveau tissés.
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MessageSujet: Re: Love is a fucking tragedy   Love is a fucking tragedy EmptySam 27 Déc - 23:02

Cela faisait des années que le même cauchemar hantait ses nuits, cette course poursuite qui semblait perdue d’avance et qu’elle remportait pourtant, défiant toutes les lois de la nature, remportant la partie sur la mort mais pour combien de temps ? Il semblait que celle-ci l’avait rattrapé et venait de se payer sa tête en beauté. Plutôt que de la faire payer elle, cette petite peste s’en prenait à l’unique personne qui comptait dans la vie de la jeune femme, son mari. C’était un coup bas et elle s’en sentait responsable, elle et sa guigne légendaire. Si cela avait été possible, bien que la jeune métisse était intimement convaincue que sa tante s’y refusait catégoriquement , elle aurait offert sa vie en échange de celle de son époux, juste pour ne pas faire perdre au monde, un de ses derniers bienfaiteurs. Elle, sa vie importait peu, elle ne serait qu’une morte de plus mais lui, transformait tout ce qu’il touchait en véritable merveille. Il suffisait de regarder ce qu’il avait fait d’elle. Sans lui, jamais elle n’aurait pu être cette femme rayonnante et amoureuse de la vie.

Ce terrible secret dont elle ne se souvenait plus lui pesait pourtant. Elle en avait tellement peur que par précaution, elle le relégua dans un coin poussiéreux de sa mémoire pourtant ça restait là, silencieux et douloureux et quand quelque chose ramenait ce souvenir terrible à elle, Olaria passait une nuit éprouvante à revivre ce soir où sa mère avait disparue. Bien sûr, elle savait que les membres du KKK n’avaient rien avoir dans cette histoire et même si elle avait tenté de s’imprégner de l’histoire de son père avec force, elle n’y était pas pleinement parvenu et quelque part, elle lui en voulait de lui avoir menti, que ce soit pour son bien ou pas. Parce que quoi qu’on en dise, cette mésaventure avait façonnée la personne qu’elle était aujourd’hui. Elle n’avait peur de rien et tout cela s’expliquait, peut-être qu’au fond, elle savait qu’il existait bien pire qu’un gosse de riches avec de bons avocats, que ces trous du cul de flics incapables de se lever contre le fric, que ces racistes qui lui crachaient dessus tous les jours. Il existait des choses, plus fortes et effrayantes que ce que le commun des mortels imaginait. Ces bêtes vivaient tout autour d’eux, elle pouvait en mettre sa main à couper, ce qu’elle ignorait cependant c’était que sa meilleure amie en faisait partie, tout comme elle n’avait pas conscience d’être tombé dans la ville de la perdition. Joli nom pour une ville qui serait bientôt le théâtre d’horreurs.

Elle pouvait le nier autant qu’elle le voulait, depuis longtemps, elle savait que sa route était tracée, dépendant non pas des gens qu’elle aimerait mais des gens qu’elle craindrait et c’était exactement ce qui se produisait depuis le début de son existence, elle attendait juste le moment où le seigneur ou quiconque d’assez puissant la rappellerait à lui. D’ailleurs, depuis l’annonce de la maladie de Judd, elle se sentait même capable de précipiter elle-même les choses, pour abréger ses propres souffrances et peut-être mettre fin à cette stupide malédiction qui condamnait les femmes de sa famille à mourir dans des conditions horribles. Quelque part, c’était toutes ces vieilles superstitions, ces idées préconçues et cette menace constante sur ses épaules qui l’avait poussé à reculer la venue d’un bébé. Elle n’en voulait pas si c’était pour que celui-ci souffre et même si elle sentait bien que le géant souffrait quelques fois de cet état de fait, surtout aujourd’hui, elle n’y pouvait rien. On ne pouvait décemment pas donner naissance à un être innocent si c’était pour le faire souffrir et le voir mourir prématurément.

Quand la porte s’ouvrit à la volée, elle eut conscience de l’amertume qui émanait de son amoureux transi et elle préféra ne pas s’y attarder, sachant parfaitement qu’il aurait beau y mettre toute la bonne volonté du monde, il ne prendrait jamais part au monde qui était le sien. Trop de choses les séparaient sur bien des points pour qu’il puisse y entendre quoi que ce soit. Cette fascination qu’avait Holly pour toutes ces pratiques n’était pas pur folklore. Elle avait vu de ses yeux le mal à l’état pur, il l’avait touché des bouts des griffes et elle s’en s’entait comme infectée, il fallait au moins tout ça pour s’en débarrasser. De plus, elle possédait un don, discret, peut-être parce qu’elle ne voulait pas vraiment le reconnaitre, mais les faits étaient là et cette particularité ne demandait qu’à être exploitée.

Une fois installée en face de sa tante, elle dut affronter un regard aussi inquisiteur qu’inquiet mais elle ne cilla pas, consciente qu’au moindre signe de faiblesse, elle en aurait pour des heures. Ce n’était pas elle la malade dans l’histoire, ce n’était pas elle qui avait besoin d’espoir, de croire à nouveau que tout était possible, si cela avait été le cas, elle ne serait certainement pas venue voir sa propre tante. De toute façon, « désespoir » n’avait jamais fait parti du vocabulaire de la jeune métisse et cela n’allait pas commencer aujourd’hui.


« Tu dors mal en ce moment… Ces rêves hein ? Je dois av-… »
« Je t’en prie Anita, épargnes moi ces remèdes de grand-mère, j’ai pas le temps de dormir, je veux qu’il vive, c’est mon unique priorité. »

Sa tante s’enfonça dans son fauteuil en osier, l’observant avec intérêt tout en mélangeant son paquet de cartes.

« Il ne veut pas croire Holly ! Il ne croit pas assez en lui et il est aussi aveugle que peut l’être ton père, j’ai bien peur qu’il finisse par laisser passer sa chance de vivre. »
« Mais tu vas faire quelque chose, n’est-ce pas ? »
« Contre ça, on ne peut rien, il doit trouver lui-même sa voie et je crois que tu devrais principalement t’occuper de ce qui te poursuit Holly chérie ! »
« De quoi tu parles ? » dit-elle avec innocence
« Voyons ma puce, pas à moi ! Je sais ce qui a tué ta mère et tu le sais, plus ou moins disons. Quelque chose d’énorme t’attend, un destin incroyable mais tu dois avoir la foi, en toi et en Judd, laisses lui le temps de comprendre, c’est un homme têtu mais adorable. Il ne veut pas te laisser et s’il le peut, il fera tout pour rester. Je lui ai donné deux, trois trucs pour qu’il se sente moins mal mais je ne peux pas faire d’avantage, je ne te mentirai pas, tout ça se joue à pile ou face ! »

Elles s’entretinrent encore quelques minutes sur des détails avant que la jeune femme n’émerge de la pièce et indique à monsieur qu’il était temps de partie. Elle fut incroyablement silencieuse dans la voiture, ce qui lui arrivait souvent ces derniers temps et même si son mari ne disait rien à ce propos, elle voyait bien que cela le rendait dingue, parce qu’elle ne pouvait jamais oublier qu’il était malade, qu’il était proche de la mort et que ça signifiait vivre sans lui.

« Inutile de grogner comme un ours, j’ai rien à dire Judd. »

La jeune femme l’entendit marmonner et ce fut l’explosion, son regard flamboyant de colère et elle tenta d’endiguer la crise, en vain.

« Quoi ? Qu’est-ce que j’ai encore fait ? Tu veux que je m’excuse de vouloir te garder près de moi ? De tenter l’impossible pour que tu vives ? J’aurais été curieuse de te voir à ma place ! Tes bonnes paroles tu les gardes pour d’autres Judd, il ne s’agit plus de faire semblant ou de plaisanter, tu vas crever bordel de merde ! Tu es en train d’agoniser, chaque jour plus violemment et moi j’assiste impuissante à ta mise à mort ! Tu… TU COMMENCES A ME FAIRE CHIER ! » s’emporta-t-elle, renfrognée sur le siège passager

Ca faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas pété les plombs de la sorte, lui hurlant dessus sans penser qu’elle pouvait précipiter sa mort mais juste en ressentant le besoin qu’il l’entende.


« Arrêtes toi, je rentre à pieds. »

Elle avait mis ses talons les plus hauts et elle aurait certainement des ampoules énormes avant d’arriver mais ça avait toujours été comme ça entre eux, quand elle sentait qu’elle était sur le point de l’étrangler, elle voulait prendre l’air.
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MessageSujet: Re: Love is a fucking tragedy   Love is a fucking tragedy EmptyDim 28 Déc - 23:09


Alors qu’Holly s’entretenait avec sa tante, Judd fit plus ample connaissance avec son cousin, un grand gaillard à la voix forte et au rire facile. Pendant les quelques minutes qui s’écoulèrent, le géant oublia complètement qu’il était malade et profita de cette première fois où il se sentait enfin appartenir à la famille de sa femme. Il avait toujours été difficile pour lui d’accepter le rejet, sous prétexte qu’il était blanc, alors qu’il n’avait pas vu la couleur de la peau d’Olaria. Elle aurait tout aussi bien pu être chinoise que ça n’aurait rien changé, il serait tombé à ses pieds. Bien qu’elle soit fantastiquement belle, ce n’était pas ce qui l’avait poussé à la courtiser. Bien sûr c’était ce qui l’avait attiré au premier abord mais au fil de leurs discussions et de leur sorties il s’était trouvé une sorte d’âme sœur et il avait fini par oublier toutes les barrières qui les séparaient. Arnold possédait un sens de l’humour décapant, et une bonne bouteille d’eau de vie qu’il avait confectionnée lui-même, ce qui ne fit que faciliter l’échange entre les deux hommes. Judd apprit quelques petites choses sur sa femme, qu’elle s’était appliquée à lui cacher, des bêtises de gosses qui n’étaient pas sans lui rappeler les siennes.

Si ce voyage n’avait pas ébranlé sa foi en regard d’une mort prochaine et inéluctable, elle avait en revanche confirmé le jeune homme dans ses sentiments. Dans l’histoire il trouvait que c’était lui le chanceux, parce qu’avec tous les amoureux transis qui lui courrait après et les pressions de son père c’était lui qu’elle avait choisit alors qu’il n’avait pas grand chose d’exceptionnel. Il n’avait pas d’argent non plus. Bref on ne pouvait pas dire qu’il avait été un parti exceptionnel. Leur vie n’était pas extraordinaire, ils trouvaient leur fantaisie chez l’autre et pour eux fête rimait avec soirée à deux. Il regrettait souvent de ne pas avoir pu lui offert un mariage à la hauteur de la personne qu’elle était, bien qu’il sache que cela aurait été impossible - il payait encore quelques vieilles dettes – mais il avait fini par se rassurer en se disant que s’ils étaient ensemble ce n’était pas pour ça.

C’est pour cette raison qu’il avait tant de mal à accepter le changement de comportement d’Olaria depuis qu’elle avait appris qu’il était malade. Il comprenait son inquiétude, puisqu’il la vivait, mais il ne comprenait pas pourquoi en plus des soucis qu’ils avaient déjà ils devaient y ajouter une séparation. Pour lui c’était ce qui était en train de se passer, il se sentait seul, abandonné par la seule personne qui avait toujours été là pour lui. Il était comme face à une étrangère et il détestait cette nouvelle Holly. Il n’aimait pas ce qu’il lisait dans son regard et encore moins ce manque de vie qu’elle traînait avec elle. Elle avait beau se cacher, il voyait ses yeux gonflés et rougit par les larmes, il voyait qu’elle prenait de moins en moins soin d’elle et accourrait chaque fois qu’il se cognait le petit orteil. Frustrant.

C’est pourquoi quand il se retrouvèrent seuls dans la voiture il ne put s’empêcher de remplir le silence de ces grognements. Il pensait que cette expédition remettrait les choses à plat et qu’une fois qu’il se serait plié à ses exigences elle cesserait d’être sur son dos comme s’il avait 4 ans et qu’elle redeviendrait sa femme. Il ignorait ce que sa tante avait bien pu lui raconter quand elles s’étaient retrouvées seules, mais il voyait bien que ça n’avait pas joué en sa faveur, et il lui était de plus en plus difficile de partager le lit d’une femme qu’il ne connaissait pas. Qu’elle se mette à hurler lui procura une certaine joie, la sensation d’être de nouveau en terrain conquis. Mais le soulagement céda aussitôt qu’elle claqua la porte de la voiture.


« Ho-… » commença-t-il en voulant s’extirper du véhicule, mais sa vue se brouilla, le forçant à rester assis. Il lui fallut quelques secondes, avant de retrouver tous ses sens.

« Holly attends ne t’énerve pas… » Drôle de vision que celle d’un géant tout en muscles, courant après une femme qui faisait presque deux têtes de moins que lui et qui avait une tête aussi grosse que sa main, en gémissant comme un gosse.

« Ou si mais pas comme ça. » ajouta-t-il, un trait d’humour qui passa à l’as.

« Oh et puis merde excuse moi d’avoir envie de vivre normalement. J’en ai mare que tu me regardes comme si j’allais m’écrouler la seconde suivante. Avant tu ne te gênais pas pour me balancer des trucs au visage et maintenant on dirait que tu as peur de me toucher. Tu peux me dire alors pour quoi je devrais me battre ? Pour une personne qui n’existe plus ? » Il avait lâché tout ça d’une traite et il lui fallut une grande inspiration pour reprendre son souffle et poursuivre. Il n’en avait pas fini.

« La seule raison pour laquelle je t’ai suivie c’est parce que ça te faisait plaisir. On fait tout ce que toi tu veux et je n’ai même pas mon mot à dire. Tu crois que ça me fais plaisir tout ça ? Tu crois que ça ne me rends pas dingue de savoir que je vais être séparé de toi ? Parce que mourir je m’en fous mais ne plus t’avoir… » Il fit une pause, cherchant à masque la peur qui l’étranglait.

« Bordel j’ai l’impression qu’il y a tellement de choses qui me sont interdites maintenant. Je… C’est con… J’avais jamais pensé à avoir des enfants avant de te rencontrer. Maintenant je voudrais toute une tribu. Je… J’ai besoin de toi Holly. Mais pas comme tu l’entends. »
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MessageSujet: Re: Love is a fucking tragedy   Love is a fucking tragedy EmptyLun 29 Déc - 3:08

Elle ne parvenait plus à gérer ces deux pans de son existence, son mari et toutes ces peurs liées à son enfance. C’était comme si le destin avait décidé de la mettre à l’épreuve en déversant sur elle un flot continu de problèmes, elle ignorait si ça allait s’arrêter un jour, elle était plutôt bonne dans le rôle du bouc émissaire, à son plus grand désespoir. Elle ne savait plus ce qui convenait de dire ou de faire, plaisanter de l’issue inéluctable que prendrait tout ça, faire comme si cela n’existait pas, continuer malgré tout à vivre comme avant ou bien se laisser imprégner par l’idée que bientôt il ne serait plus. Chaque fois qu’elle y pensait, ses membres s’engourdissaient et elle se sentait terriblement vide, un frisson parcourait son corps avant que l’air ne vienne à lui manquer, comme si elle mourrait elle aussi. Pas d’une tumeur ou d’une autre maladie terrible mais seulement d’amour, la plus terrible des épidémies, le plus implacable des virus. Peut-être était-ce leur plus gros souci, qu’elle en soit si amoureuse, qu’elle l’aime au point de vouloir disparaitre sans lui, au point de jouer l’apprenti sorcière pour qu’il gagne quelques mois de plus. Cet amour inconsidéré la rendait folle et prête à tout, elle en avait perdu le goût de la vie, ne pensant qu’à sauver la sienne. Tout ce qui ne le concernait pas était passé en second plan et très vite, elle devint l’ombre d’elle-même, réduisant un maximum ses heures de sommeil pour rattraper dans la maison ce qu’elle ne pouvait faire quand il était réveillé. Elle était au bout, physiquement et moralement et malgré tout, elle affichait toujours cet air impassible, cette carapace que rien, ni personne ne peut toucher et encore moins percer.

La jeune métisse savait pertinemment que ça le rendait fou et que plus que tout, il aurait aimé que rien ne change mais elle le trouvait gonflé. Il lui balançait la pire nouvelle qu’on pouvait imaginer et il osait espérer qu’elle ne réagirait pas, c’était comme lui demander de renier ce qu’elle pouvait ressentir, ridicule ! Bien sûr que l’inquiétude ne l’empêcherait pas de mourir et de partir mais ça lui donnait l’illusion d’être utile, que peut-être, elle pourrait le ramener, par ses prières et toutes ces conneries auxquelles elle croyait plus vivement que jamais. Lui demander de sourire c’était la forcer à être hypocrite. Olaria avait perdu sa joie de vivre et son espoir à toute épreuve, elle ne voulait plus rire ou encore plaisanter, elle ne pensait qu’à le sauver, jour et nuit, quand elle mangeait, quand elle faisait le ménage ou l’aidait à regagner le lit après qu’il ait craché ses poumons. Ca l’obsédait tellement que la jeune femme devenait incapable de faire autre chose correctement et ne se sentait concernée par rien d’autres. C’était pas automatisme qu’elle payait les factures et tentait de bosser sur quelques traductions par ci par là. Sa vie était devenue un véritable calvaire et la responsable c’était elle.

Il ne faisait aucun doute qu’il souffrait bien plus maintenant qu’auparavant et même si elle le savait, elle ignorait comment réparer ça, comment lui montrer que ce n’était pas une lubie de désespérée mais une véritable foi en eux et en leur destin d’exception. On ne pouvait les avoir mis ensemble envers et contre tout si c’était pour les séparer prématurément, ça n’avait aucun putain de sens. Petit à petit, l’ambiance de leur couple se détériorer et d’harmonie parfaite, ils étaient passés à l’indifférence. Sans le vouloir, Holly avait mis une sorte de distance entre elle et lui, sans doute pour se protéger s’il venait à disparaitre mais ça lui faisait bien plus mal que tout le reste. Elle ne comptait plus les fois où elle l’avait repoussé alors qu’il cherchait seulement un peu d’affection, une dernière volonté avant de partir. Mais même ça, elle n’en était plus capable, craignant que ça finisse par le tuer, belle mort pourtant que celle-ci …

La seule réponse qu’elle avait à son agacement c’était la colère. Elle n’avait jamais été parfaite et s’il avait mis tout ce temps pour s’en apercevoir, elle n’y pouvait rien. Claquant la portière avec force, elle retira ses chaussures et prit le chemin de chez eux à grandes enjambées, refusant de se retourner sachant que si elle le voyait, elle serait incapable de résister et fondrait en larmes comme une imbécile. Tout ça finirait par les détruire, elle le savait. Ses quintes de toux lui parvinrent et elle ferma les yeux, sans s’arrêter pour autant. Si Dieu existait, il l’aurait tué là, maintenant, avant qu’elle ne puisse voir l’homme qu’elle aimait dépérir d’avantage. Déjà on l’agrippait et la ramenait violemment à la réalité.


« Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? » murmura-t-elle en évitant soigneusement de le regarder

« Que je ne t’aime pas et qu’on peut vivre en oubliant que tu vas partir ? Ca c’est impossible, excuses moi de te le dire mais tu rêves ! » reprit-elle en affrontant son regard cette fois

« Mets-toi une putain de seconde à ma place ! Chaque fois qu’on fait quelque chose, j’ai peur que ça déclenche LA quinte de toux qui t’emportera et j’ai pas envie que ce soit ma faute, j’ai pas envie que tu meures si vite ! Je vis dans la peur, comme un meurtrier dans le couloir de la mort qui ignore quand aura lieu son exécution ! Alors en effet, je n’ai pas envie de sourire et de faire l’amour mais je doute qu’on puisse m’en tenir rigueur ! »

Il y avait à la fois tant de détachement et de passion qu’il était difficile de s’y retrouver, même elle oscillait entre l’envie de le tuer et celle de le plaquer contre un arbre.

« Je t’interdis de me parler d’enfants maintenant Halloran ! Pas maintenant ! » hurla-t-elle en l’agrippant par le col malgré ses têtes de moins

« Tu n’imagines pas à quel point j’ai envie de te tuer de mes mains à cet instant ! Tu me rends dingue ! DINGUE ! C’est toi qui va finir par me tuer ! Je te déteste pour m’avoir laissé t’aimer autant ! Je te déteste d’avoir le droit de me laisser et je me déteste de ne pas être à la hauteur ! Je suis aussi condamnée que toi ! »

Sa poitrine se soulevait à un rythme incroyable et il lui fallut quelques minutes pour recouvrer son calme et effacer la vision d’horreur qu’avait laissé cette nuit terrible. Ses mains toujours fermement accrochées à la chemise de son mari, elle le fixait dans le blanc des yeux avec défi.

« Ne penses même pas à m’embrasser grand dadais ! C’est moi qui décide, je pensais que depuis le temps tu t’en souviendrais ! »

Un faible sourire éclaira le visage tanné de la métisse avant qu’elle ne le relâche et s’appuie sur son épaule pour enfiler à nouveau ses chaussures. Il voulait de la joie et de la bonne humeur, il en aurait pour son argent, c’était certain. Même si elle mourrait d’envie de lui raconter ses rêves, de lui faire part de ses craintes, elle ravala tout en se redressant et balança ses cheveux dans son dos, d’un geste élégant de la main.

« T’attends quoi au juste ? Le déluge ? »
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MessageSujet: Re: Love is a fucking tragedy   Love is a fucking tragedy EmptyMar 30 Déc - 0:02


Pour dire vrai de telles journées ne lui donnait pas envie de se battre pour rester. Sa vie était devenue un véritable bordel et il en détestait chaque minute. Il avait le sentiment que chaque geste, chaque parole, chaque intention, était soigneusement étudiée afin de ne pas le « contrarier ». Il vivait dans une boule de coton qui l’étouffait et le rendait dingue et il en avait assez que ses efforts ne payent pas. Il s’était montré docile, et même prévenant et il avait essayé de comprendre la tempête qu’était obligée d’affronter Olaria. Mais aujourd’hui c’était au dessus de ses forces. Chaque quinte de toux le ramenait à sa condition et il ne rêvait que de s’en échapper. Avec ou sans son aide. Il commençait à croire que la meilleure des idées aurait été de divorcer d’Holly sans qu’elle ne sache la vérité. Il avait l’impression que le sentiment d’avoir été trompée aurait été moins pénible à absorber que ce contre quoi ils essayaient de se battre maintenant.

Ne disant un mot, ou ne sachant trop quoi lui répondre étant donné que tout ce qu’elle disait été justifié il la fixa, désemparé, priant pour qu’il existe une solution qui puisse leur convenir à tous les deux. Il voulait désespéramment revenir à leur vie d’avant, bien que ce soit impossible et qu’il en soit maintenant certain. Le problème était qu’il ne savait pas non plus quoi faire pour calmer et rassurer sa compagne et qu’elle ne vire pas totalement dingue. Lui qui avait toujours plus ou moins su comment gérer ses crises de nerfs se retrouvait totalement démuni face à une personne qui changeait d’humeur toutes les deux secondes et agissait comme jamais auparavant. C’est sans doute pour cette raison qu’il la laissa se pendre à sa chemise et le secouer dans tous les sens, sans esquisser le moindre geste.

Il n’avait même pas penser à l’embrasser mais le simple fait qu’elle l’envisage fit naître un sourire dans son regard qui passa d’un bleu terne à la teinte chaude d’une émeraude. Cependant il ne bougea pas d’un pouce avant d’y être invité. Il posa ses paumes contre la chaleur de ses hanches et l’attira à lui, l’embrassant avec douceur. Et bien qu’elle soit la personne qu’il aimait le plus au monde, il trouva que ce baiser manquait de quelque chose. Il n’avait pas la même saveur que d’habitude. Essayant de ne pas trop s’attarder sur cette pensée, et sur ce que cela pouvait impliquer pour leur couple, il la pressa contre lui avant de glisser les clés de leur vieille voiture dans la main.


« Tu conduis s’il te plaît. J’ai du travail en retard pour mes articles et j’aimerais bosser dessus pendant la fin du voyage. » Il affronta son regard mais ne cilla pas, il avait encore le droit de présenter les choses comme il le voulait.

De retour dans la voiture il essaya de ne pas s’attarder sur le fait que son mariage était doucement en train de se détériorer et de partir en miettes pour se concentrer sur le peu de travail qu’il s’autorisait ces derniers temps. Plus les choses avançaient et plus il prenait en charge des articles pour lesquels personne ne se battait. Il savait que la gloire qu’il en retirerait était faible, si ce n’est inexistante, mais il s’arrangeait tout de même pour faire ses articles correctement. Cela lui donnait également le temps de se concentrer sur l’affaire qui l’obsédait depuis des mois, ces étranges disparitions et meurtres, tous dans des conditions ignobles, presque animales. De nombreux noms avaient été avancés mais lui s’en tenait strictement à la réalité.

De nombreux noms…

Il tiqua quand cette pensée fit de nouveau surface dans son esprit, et il sortit quelques vieux articles et certains de ses notes de son classeur, tandis qu’Olaria était accaparée par la route. Sitôt qu’il réussit à assembler quelques éléments et qu’une idée s’imposa à lui, il la repoussa, trop effrayé. Il n’était pas stupide, et c’était une théorie qu’il avait de nombreuses fois caressée. Des vampires. Tous les indices concernant cette affaire le menait directement à ce que racontaient de vieilles légendes sur ces créatures mythiques. Des créatures immortelles. Un frisson le parcourut et encore une fois il essaya de chasser ces pensées de sa tête, alors qu déjà il sentait le goût métallique du sang sur sa langue. La vie avait un prix, mais certainement pas celui là.

Alors quelle option lui restait-il ? Gaby ? La minuscule Gaby et sa confession de dernière minute ? Ses paroles aussi il avait tenté de les oublier mais c’était plus fort que lui il n’arrêtait pas d’y repenser. Et si… Et si elle avait vraiment quelque chose pour lui ? Et si elle représentait sa dernière chance de ne pas laisser Holly seule ? Valait-il la peine qu’il cherche à en savoir plus ou n’étais-ce qu’une perte de temps pour raviver un peu d’espoir ? Comment être sûr que ça ne serait pas des efforts et des sacrifices qui ne mèneraient à rien ? Car il ne voulait pas se montrer ingrat mais la famille d’Olaria n’avait pas fait grand chose pour lui. Et si et si… Trop de questions qu’il l’absorbèrent complètement et le poussèrent à se réfugier dans ce qui lui servait de bureau une fois arrivé à la maison. Il ne tint pas plus de quelques secondes dans ce petit réduit et en ressortit aussitôt. Il enfila sa veste et passa sa tête par la porte de la cuisine.


« Holly il faut absolument que j’aille à la bibliothèque. Je… Je crois pas que je serais rentré pour dîner. Ca ne te gêne pas ? »
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MessageSujet: Re: Love is a fucking tragedy   Love is a fucking tragedy EmptyMar 30 Déc - 19:57

A peine rentrés, il s’éclipsa dans son bureau, visiblement peu tenté par l’idée de rester seul avec elle et elle ne pouvait l’en blâmer, à sa place, elle se serait très certainement évité, parce qu’elle se trouvait insupportable et capricieuse. Olaria n’était pas aveugle et s’apercevait très bien qu’elle perdait du temps inutilement en disputes mais elle ignorait ce qui convenait de faire, il disait avoir besoin d’elle et pourtant, dès qu’elle tentait d’être là, comme elle savait si bien le faire, il la rejetait. Ne pas savoir sur quel pied danser était terrible pour elle, alors qu’au début de leur mariage, il lui suffisait d’un geste pour l’avoir à ses pieds, désormais cette époque semblait révolue, à son plus grand désespoir. Un guide sur les hommes et principalement sur Judd lui aurait été fort utile, elle avait toujours cru le connaitre par cœur, et maintenant, tout lui prouvait le contraire. Se retrouver face à un étranger la rendait aussi malade que lui et sa seule défense avait été d’essayer de se montrer douce et rassurante mais si c’était trop pour lui, elle acceptait volontiers d’arrêter. Que pouvait-elle faire d’autre ? L’étouffer jusqu’à ce qu’il lui demande de partir parce qu’il ne la supporterait plus ?

La métisse fut assez étonnée de sentir sa présence dans son dos et pleine de bonnes résolutions, elle voulait s’excuser et lui proposer une soirée en amoureux mais avant qu’elle ne se retourne, son sourire s’effaça définitivement. Perdu. Il préférait sortir, peut-être que le simple fait de la savoir pas loin de lui, lui faisait dresser les cheveux sur la tête et s’éloigner d’avantage était l’unique solution pour qu’il se sente à l’aise. Il semblait demander l’autorisation et elle dut mettre en œuvre tout son self control pour ne pas lui balancer ce qu’elle tenait au visage, après tout, si c’était ce qu’il voulait… Se recomposant un visage à la hâte, elle se tourna vers lui et remua la tête à la négative, signe qu’il n’y avait aucun inconvénient. De toute façon, elle n’aurait pas été en mesure de formuler une phrase sans que celle-ci contienne un nombre incroyable d’insultes et la situation était déjà assez difficile comme ça sans que son mauvais caractère ne vienne tout foutre en l’air, une fois de plus, une fois de trop.

Il claqua la porte, la laissant totalement seule, au sens propre du terme, parce que seule, elle l’était depuis qu’il lui avait annoncé la nouvelle. Depuis, il était lointain et tout le temps préoccupé, c’était à peine s’ils discutaient ou s’il la regardait, très vite, elle comprit que se efforts et ses initiatives ne servaient à rien et elle abandonne l’idée de le dégriser. Il se confortait dans l’idée qu’il n’y avait aucune solution, elle croyait pour deux, à aller dans deux directions différentes, ils s’étaient perdus et rien ne semblait pouvoir les réunir. Quelque part, elle se faisait l’effet d’être une femme indigne, pliant devant l’adversité alors qu’elle avait dit oui pour le meilleur et surtout pour le pire, après avoir eu le meilleur, il était logique que la roue tourne mais jamais elle n’aurait pensé que cela prendrait de pareilles proportions. L’histoire de la maîtresse blonde était bien plus facile à avaler. Si seulement cela n’avait pu être que ça …

D’un pas traînant, elle traversa la cuisine pour atterrir dans le salon et se servir un verre de whisky dont elle but la moitié d’une traite avant de le garder à la main, fixant la cuisine d’un air las. C’était ça sa vie ? Pitoyable, si elle avait su, elle se serait enfuie avant qu’il ne soit trop tard, elle aurait mis en avant ses talents de traductrice pour voyager et s’épargner cette situation. Maintenant que le bonheur était mort, il ne restait que les problèmes d’argent, cette maison pourrie et cette famille inexistante qu’elle avait. Si il n’avait pas autant compté dans sa vie, elle aurait d’ors et déjà fait ses bagages et s’en serait allée pour recommencer une nouvelle vie, loin de cette merde dans laquelle ils s’encroûtaient.

Avec la ferme intention de faire les comptes pour se vider l’esprit, elle pénétra dans son bureau, farfouillant dans les placards de son mari à la recherche de ces foutus livres de comptes. Quand enfin elle tomba dessus, un papier voleta jusqu’au sol. Il ne se trouvait pas là par hasard. Abandonnant ses idées de comptable, elle se baissa pour ramasser cet amas de papiers agrafés et un mot lui sauta aux yeux : »divorce ». Ses yeux s’embuèrent de larmes en voyant qu’il en avait rempli une partie, une trop grande à son goût. La date n’était pas récente ce qui ne fit qu’enfoncer le couteau dans la plaie, il ne l’aimait plus depuis des mois et faisait semblant, il avait tout prévu mais craignait seulement sa réaction alors il remettait ça à plus tard. Comment avait-elle pu croire un seul instant à tout ça ? A toutes ces promesses, ces belles paroles, ces projets ?

Glissant le papier dans son corsage, elle remit tout en ordre et quitta les lieux le plus rapidement qu’elle le put. Une fois en bas, elle tenta de calmer les battements de son cœur devenu fou mais il n’y avait rien à faire, ses lèvres commencèrent à s’engourdir jusqu’à ce qu’elle tombe évanouie. Ce fut qu’une dizaine de minutes plus tard qu’elle reprit connaissance, dans un état nauséeux. Une fois debout, elle entreprit de se mettre à la cuisine, comme chaque fois qu’elle se sentait perdre pied et une fois encore ce fut une bonne thérapie, les plats s’alignaient, tous semblant plus délicieux les uns que les autres mais auxquels elle ne toucherait certainement pas. Ranger et tout nettoyer lui prit un bon moment et elle échoua sur le perron, fumant une cigarette en contemplant le ciel, enfermé dans un châle qui avait appartenu à sa mère. La voiture de Judd crissa sur le gravier, la prévenant de son retour mais elle ne bougea pas d’un cil, pas plus lorsqu’il gravit les marches péniblement.


« Il y’a à manger dans la cuisine … » marmonna-t-elle

« Recherches fructueuses à la bibliothèque ? »

Il marqua un temps d’arrêt, stupéfait qu’elle puisse s’intéresser à ça mais elle ne lui laissa pas l’occasion de répondre.

« J’ai une conférence demain, on a besoin de moi pour la journée, je rentrerai dès que je le pourrais … »
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MessageSujet: Re: Love is a fucking tragedy   Love is a fucking tragedy EmptyMer 31 Déc - 0:53


Il aurait pu s’attendre à ce qu’elle le retienne. Il y avait eu une époque où ils ne pouvaient pas être séparés l’un de l’autre plus de deux heures et où ils passaient la majeure partie de leur temps au lit. Leur bouffé d’oxygène, ils venaient la chercher au creux de leurs draps mais avec la maladie de Judd tout était complètement différent. Il semblait que pour respirer plus librement ils avaient besoin de s’éloigner l’un de l’autre et de passer le moins de temps possible ensemble. De toute façon quand ils se retrouvaient tous les deux il n’y avait que deux issues aujourd’hui, elle le poussait à se battre ou elle s’enfuyait sous un prétexte bidon pour aller pleurer dans un coin. La magie qu’il y avait toujours eu entre eux était déjà morte et sans ça, il espérait que son agonie ne serait pas trop longue.

Une fois arrivé à la bibliothèque il négligea les rayons dans lesquels il se perdait d’ordinaire pour aller renifler la poussière dans celui des vieilles légendes. Il en trouva un particulièrement intéressant qui parlait de la région et de tout ce qui était censé s’y être déroulé au cours des deux cents dernières années. Sur une table d’étude il empila toute une pile de bouquins, aux titres étranges. Certains des livres tombaient presque en miettes, tant ils avaient été lus et trimballés. D’autres semblaient n’avoir jamais été touchés, comme si l’aura mystique que recelait leur titres avait découragé tout lecteur. Judd finit même par en prendre certains qui n’avaient aucun lien avec sa recherche initiale et qui promettait des miracles à l’aide de cierges noirs et de bave de crapaud. Quitte à perdre la tête, autant bien le faire.

C’est une énième quinte de toux, et les regards furibonds des autres lecteurs qui le poussèrent à partir plus tôt. La vieille femme qui se tenait à l’accueil le connaissait bien, et bien qu’il ait dépassé le quota de livres autorisés elle le laissa tout emporter. Elle était aussi fanée que certains des livres entreposés dans le bâtiment, mais elle se sentait toujours plus femme lorsque le géant poussait la port de la bibliothèque. Il avait une façon de la regarder et de lui parler qui lui donnait l’impression de compter un peu et il lui ramenait souvent des pâtisseries pour qu’elle le laisse farfouiller dans les archives privés. Au fil des années ils avaient entassés pas mal de petits secrets et ils se voyaient avec plaisir. Elle était presque comme une seconde mère pour lui. Toujours aux petits soins, toujours à lui raconter les derniers potins qu’il pouvait répéter à Holly. Ils pouvaient passer des heures à papoter et il en oubliait le but premier de sa visite. Heureusement Olaria n’avait jamais rien trouvé à redire à sa relation avec la vieille femme.


« Merci Mady… Je promets de ramener ça le plus vite possible. »
« Il faudra me soigner cette toux. Tu vas faire fuir tous mes lecteurs. »
« Ne fais pas comme si ça te gênerait de te retrouver seule avec moi… » la taquina-t-il et mu par une impulsion subite il posa ses lèvres sur sa joue ridée. « A bientôt princesse. » souffla-t-il en espérant ne pas se tromper. S’il continuait comme ça il allait faire la bise à tous les commerçants de son quartier.

En arrivant chez lui la froideur de l’accueil qui lui fut réservé lui fit regretter la gentillesse de la vieille femme et après avoir noté l’absence physique de sa femme le lendemain il disparut dans la cuisine sans un mot. Sur la table une montagne de nourriture n’attendait que lui mais rien ne lui faisait envie et, les bras chargés de ses livres il monta directement à l’étage. Là il les posa de son côté du lit, légèrement dissimulés sous le sommier et il décida d’aller prendre une douche pour se débarrasser de la poussière qui lui collait à la peau. La vapeur d’eau lui causa quelques soucis de respiration mais pas assez pour le sortir de l’eau et il fallu attendre que l’eau soit froide pour qu’il s’extirpe de la petite baignoire. Lorsqu’il s’y étalait de tout son long, il n’avait d’autre choix que de poser ses deux jambes de chaque côté du robinet et ses pieds dépassaient largement, mais il s’était fait à ça, comme à tous ses ennuis quotidiens.

Le lendemain matin en se réveillant il constata qu’Olaria était déjà partie à sa réunion et il se plongea dans la lecture des bouquins qu’il avait empruntés. La plupart étaient écrits par des illuminés qui avaient couché sur papiers chacun de leurs délires mais certains regorgeaient de détails et de descriptions qui lui foutait la chair de poule. Il en serait presque venu à craindre son ombre s’il n’avait pas chaque fois essayé de se rassurer en se disant que ce n’était que des histoires pour faire peur. Dans ses recherches il ne trouva rien de très probant qui puisse l’aider mis à part une « transformation en vampire » pour accéder à l’immortalité. L’idée lui semblait tellement farfelue qu’elle le faisait rire mais en prenant un peu de recul il se rendait compte qu’il envisageait vraiment chaque possibilité comme étant une chance pour lui de récupérer sa femme et son mariage. Il s’imaginait avec deux canines, et des possibilités infinies étalées à ses pieds. Le seul aspect qui le rebutait était cette histoire de sang. Il aimait trop la bouffe pour s’en priver.

En milieu d’après-midi la crise qui ne s’était pas vraiment calmée depuis la veille ne fit qu’empirer et il se retrouva accroché à l’évier de la salle de bain à cracher une mousse pourpre et à chercher son souffle. Pendant un instant la panique l’envahit et il crut qu’il n’arriverait jamais à retrouver une respiration normale. Il avait l’impression que ses poumons prenaient feu et se gorgeaient de fumée. C’est en appliquant la même méthode que pour les femmes enceintes qu’il réussit à retrouver son calme et une fois que sa peau eut retrouvé une couleur normale il s’étala sur son lit pour s’endormir comme une masse.
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MessageSujet: Re: Love is a fucking tragedy   Love is a fucking tragedy EmptyMer 31 Déc - 2:00

« Monsieur Harrisson, s’il vous-plait ! »

La jeune métisse avait passé une bonne partie de la journée à traduire en français tous les propos de son patron du jour à son homologue. Elle adorait ce métier, parce qu’elle rencontrait des personnes de différentes origines, de différentes cultures et il y avait toujours ce respect entre eux, parce qu’elle était leur égal, malgré son statut de femme et sa couleur de peau et elle adorait ça. Il n’y avait que dans les bras de Judd qu’elle se sentait aussi entière, aussi femme et respectée. Ce n’était pas de gaieté de cœur si elle avait décidé de reprendre le travail mais plus pour éviter de le croiser et s’épargner des crises de larmes à répétition. Elle ne supportait plus de fixer les murs d’un air morose, de tourner en rond comme un lion en cage sans savoir comment passer les dernières heures de la nuit. Travailler s’imposa rapidement à elle et elle avait visé juste. Elle ne pensait plus, se contentant d’écouter, de papoter, de ricaner et d’oublier que là où elle vivait, un homme se mourrait, le sien. Certes, c’était la facilité qu’elle avait choisi mais qui pouvait l’en blâmer ? Olaria savait que le géant préférait la savoir occupée à quelque chose plutôt qu’à pleurer toutes les larmes de son corps et au moins, pendant ce temps, elle ne lui donnait pas plus de raisons de demander le divorce !

« Oui Holly ? »

C’était un petit homme aux cheveux grisonnant, très séduisant pour son âge. Derrière ses lunettes, ses yeux pétillaient d’intelligence et il affichait toujours un air paisible et un petit sourire empli de gentillesse. Dès qu’il le pouvait, il faisait venir la jeune femme pour qu’elle travaille. Dès leur première rencontre, il s’était bien entendu, partageant le même goût pour le rock psychédélique et Eric Clapton mais également le même humour débile. Il leur était arrivés d’aller déjeuner tous les deux et chaque fois, comme un vrai gentleman, il l’invitait dans un restaurant très chic. Souvent il lui avait répété de l’appeler Robert mais elle n’osait jamais, trop respectueuse et timide.

« Vous m’aviez dit que vous aviez fait votre droit à Harvard, je voudrais savoir ce que vaut ce papier ? Oh je sais, c’est personnel et vous n’avez pas à y jeter un œil mais j’ai besoin de l’avis d’un professionnel et vous êtes le seul vers qui j’ose me tourner. » expliqua-t-elle, visiblement mal à l’évocation de ce bout de papier

« Bien sûr, montres moi ça. »

Il ajusta ses lunettes, lut le mini dossier, le feuilleta, encore et encore et poussa quelques grognements qu’elle n’osa pas interpréter. Quand enfin il releva la tête, elle avait le regard empli de larmes, elle voulait savoir ce que ça impliquait pour elle et pur son couple.

« C’est Judd qui a rempli ça ? » demanda-t-il

Elle hocha la tête tristement. Il lui avait montré les photos de ses enfants et de sa femme, de ses parties de chasse et de pêche et elle lui avait parlé de son mari, de long et en large, il savait presque tout et lui avait souvent servi de conseiller comme elle avait pu l’aider à choisir un cadeau pour ses 30 ans de mariage.

« Ca ne vaut rien tant que tu ne le signes pas, et puis il n’a écrit que vos noms, il n’y a rien après, je pense que tu t’inquiètes pour rien. Il t’aime beaucoup et je doute qu’il souhaite en arriver à de pareilles extrémités. » lui assura-t-il en souriant, se voulant rassurant, osant même une caressa sur son bras avant de lui tendre les papiers qu’elle s’empressa de ranger dans son sac

« Merci Mons-… »
« Robert, appelles moi Robert. »« Robert. » répéta-t-elle en lui souriant
« Maintenant que j’y penses, il fallait que je te parle de quelque chose d’important. »

Il lui fallut près de deux heures pour regagner son domicile et enfin souffler. La soirée était déjà bien avancée et elle se sentait soulagée en pensant qu’elle n’aurait pas à préparer le repas vu qu’il restait suffisamment de nourriture pour trois ans. Quand elle poussa la porte d’entrée, aucun bruit ne lui parvint, aucune lumière n’était allumée et elle en conclue qu’il était sorti une fois encore. Silencieusement, elle retira ses chaussures qu’elle rangea dans un coin et crocha son manteau, laissant son sac ouvert près de l’escalier. Le bois grinça sous ses pas ce qui la fit frissonner, cette vieille baraque était vraiment inquiétante quand on y était seul. En passant la porte de leur chambre, elle le trouva là, endormi sur leur lit. Il lui fallut plusieurs minutes d’hésitation avant qu’elle ne se décide à venir relever la couverture sur lui puis de fil en aiguille, elle se retrouva allongée près de lui, fixant son visage avec intensité. Une mèche folle zébrait le visage du géant et elle entreprit de la dompter sans grand succès si bien qu’elle finit par le réveiller .

« Je suis désolée. » murmura-t-elle
« Je voulais simplement remettre cette mèche à sa place et-… Peu importe. Tu… Ca a été ? » demanda-t-elle avec douceur

Il acquiesça ce qui l’encouragea à venir caresser sa joue avec douceur, elle voulait renouer un certain contact, ne supportant plus cet état de fait, ils n’étaient pas des étrangers, il était son mari et elle l’aimait trop pour vivre loin de lui.


« J’ai appris une bonne nouvelle aujourd’hui, tu te souviens de Mr Harrisson ? Il me propose un poste stable. Ca veut dire fini les conférences à l’autre bout du pays pour un salaire de misère ! Cette fois je serais traductrice officielle de leur bureau d’avocat et tu sais pas la meilleure ? Je vais être payée 3000 $ par mois ! » dit-elle avec excitation

« Bien sûr j’ai dit que je t’en parlerai avant de prendre une quelconque décision. » fit-elle en reprenant son sérieux
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MessageSujet: Re: Love is a fucking tragedy   Love is a fucking tragedy EmptyMer 31 Déc - 23:01


Il faisait nuit noire et pourtant il voyait comme s’il s’était trouvé en plein jour. Il connaissait bien les environs et pourtant ce jour là tout lui sembla différent, comme s’il posait un regard neuf sur la ville et ses alentours. Il courrait dans les bois, sans jamais s’essouffler et à une telle vitesse que les arbres se fondaient en une masse verte et brune. Pourtant s’il y prenait attention il pouvait distinguer chaque nervure du bois, chaque feuille et la mousse qui s’accrochait à l’écorce des arbres. Il voyait chaque caillou, plante, champignon comme un être unique et il savait que s’il avait du fouiller dans sa mémoire il aurait retrouvé le chemin jusque chaque chose qui avait marqué son esprit.

La vitesse lui donnait un sentiment de liberté, qu’il n’avait pas éprouvée depuis des mois, et chaque fois qu’il se laissait submergé par cette idée il se mettait à courir plus vite encore. Sa respiration était fluide et le poids qu’il avait sur la poitrine avait complètement disparut. Il ressentait la force qui émanait de ses muscles, lu donnait l’impression qu’il avait gagné une dizaine d’années. Il se sentait plus fort et plus vivant que jamais, et pourtant sa peau était pâle comme la lune et froide comme la pierre. Il n’était plus lui-même.

La chemise qu’il portait, avait été à l’origine blanche mais elle était maintenant d’un pourpre vif. Elle collait à sa peau, de manière désagréable, mais la rigidité du tissu ne l’empêchait pas de progresser à travers la végétation dense. En repensant à ce qu’il avait fait, une chaleur intense l’envahit. Ses paupières frémirent sous le poids que l’on avait ajouté sur son corps, mais il n’ouvrit pas les yeux pour autant. Il était conscient de la présence d’une autre personne dans la pièce mais son rêve l’absorbait à nouveau.

Il se trouvait maintenant devant sa maison et de ses yeux tous neufs il distinguait chaque faille de la façade. Il répugnait à en franchir le seuil, alors qu’une voix le priait de fuir avant qu’il ne soit trop tard, mais ses vieilles habitudes finirent par le rattraper et il gravit les marches du perron comme s’il avait soudain récupérer son vieux corps fatigué. Il savait qu’elle était à et qu’elle l’attendait. Elle posa sur lui son regard chocolat aux reflets de miel et son sourire inonda la pièce. Elle était magnifique dans cette petite robe, vieille mais qui épousait toujours parfaitement ses formes. Sa voix parvint à ses oreilles et ce fut comme une douce mélodie. Elle lui tendit les bras, lui offrant son amour et sa tendresse mais s’il était venu c’était pour quelque chose d’autre.

Une bouffée d’air fit voleter les mèches de cheveux qui barraient son front et il capta son odeur. D’un bond il se jeta sur elle, pour déchiqueter sa gorge de ses dents.


Il se réveilla dans un léger sursaut, l’esprit en déroute, mais fût aussitôt calmé par sa présence rassurante. Elle lui souriait, et il lui semblait que cela faisait des siècles qu’elle ne l’avait pas regardé de cette façon. Il crut u instant qu’il avait rêvé ces derniers mois, et qu’il s’extirpait seulement de ce rêve pénible mais la douleur dans sa gorge le ramena à la réalité. Dans sa bouche, toujours ce fichu goût métallique. Doucement il acquiesça à sa question, sachant que le timbre de sa voix le trahirait. Il posa sa main sur la sienne et la ramena contre son torse, souriant alors qu’elle lui apprenait la bonne nouvelle. Au moins une chose qui ne partait pas en miettes.


« Parler de quoi ? C’est une chance géniale et tu devrais sauter dessus tout de suite ! »

Elle allait gagner plus ou moins le triple de son salaire actuel et aller sans doute devoir multiplier ses heures de travail mais ce n’était pas quelque chose qui le dérangeait. Judd n’était pas de ces hommes qui croyait que la place de la femme était à la maison. Il savait qu’Olaria adorait son job et jamais il n’aurait voulu qu’elle aille contre son bonheur. Il savait qu’elle travaillait dur et il pensait qu’elle méritait plus que n’importe qui d’autre cette opportunité qui s’offrait à elle.

« Où est ce Monsieur Harrisson que je l’embrasse hein ? Chérie si tu savais comme je suis fier de toi. Ce job c’est… inespéré. Tu te rends compte de l’argent que ça va faire d’un coup ? Tu pourras enfin avoir la maison que tu veux. » Il l’attira à lui, la bloquant au creux de ses bras avec lui sous la couette.

« On pourrait te faire un bureau dans cette chambre qu’on a en plus. Et tu t’achèterais toutes les robes qui te font envie… Il faut qu’on fête ça ! »

Il bailla et ferma de nouveau ses yeux. « Mais d’abord on dort tu veux bien ? » Et avant qu’elle ait pu lui répondre il ronflait de nouveau, vidé de toutes ses forces.
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