Et l'aube succède à la nuit... {PV Declan}

C'est à minuit que Declan foula le sol neigeux de la fôret. Voilà une semaine qu'il ne trainait plus à Dark Gold Mansion le soir, une semaine qu'il fuyait ce lieu où son odeur était omniprésente et où il sentait les regards peser sur lui. La tension était si forte à cause de Becca et lui. Cela en devenait insoutenable et le besoin de liberté se faisait plus fort. A son allure de vampire, Declan traversa l'immense étendue de verdure, où les pins poussaient comme des champignons, empéchant le passage à certains endroits, de part en part, arpentant inlassablement la fôret qu'il connaissait par coeur, s'insurgeant que son odeur ne le laisse pas en paix. Elle était partout. Tel un lasso prêt à attraper sa proie. Un mélange d'épices, de senteurs florales, de rosée mais aussi d'herbe coupée. Cette odeur qui semblait imprégner chaque arbre, chaque parcelle de terre, chaque objet, autour de lui. C'était à croire qu'il allait devenir fou si cela continuait. Les problèmes qu'ils rencontraient avec sa femme, Rebecca, le minait au plus haut point et le rendait totalement exécrable, presque incontrolable. Heureusement qu'il s'éloignait du repère des Black Blood sinon la maison aurait été en ruines à cet instant. Declan faisait passer sa mauvaise humeur en s'isolant en fôret, détruisant presque tout ce qui lui tombait sous la main. La veille, une humaine avait eu le malheur de croiser son chemin, il l'avait entrainé dans la fôret et contrairement à ses habitudes, il s'était joué d'elle, la séduisant, embrassant sa peau délicate avant de la mordre à tous les endroits possibles, déclenchant ses hurlements, ses spasmes, ses pleurs. Il s'était amusé avec, se délectant d'entendre sa voix, secouée de tremblement, le suppliant de l'achever, de la tuer plutôt que de lui faire mal. Cela n'avait eu que pour effet de le faire rire et il avait continué, la faisant se courber sous l'effet des morsures. Il l'avait totalement vidé de son sang, plus une goutte ne restait dans ce corps sans vie, devenu aussi pâle qu'un linge. Cela avait suffit à le calmer pour quelques heures mais la colère était revenue lorsqu'il avait senti l'odeur de Becca, qu'il l'avait croisé et qu'elle l'avait nargué, passant devant lui sans lui adresser un regard.

Declan attrapa un caillou au sol et l'envellopa de son poing, exerçant une pression presque aussi grande que sa colère dessus. Quand il réouvrit son poing, la pierre n'était plus que poussière et il laissa filer les fragments dans le vent, observant les tourbillons qu'ils faisaient en virvoletant. C'est à cet instant qu'une odeur caractèristique lui chatouilla les narines, l'odeur de l'ennemi. Pernille Olson plus exactement, l'une des trois blonds à la tête des Ragnarôk. Une petite voix dans la tête du vampire se fit entendre alors, lui déconseillant de provoquer la végétarienne alors qu'il était presque incontrolable, cependant une deuxième voix s'interposa, lui disant qu'une bonne bagarre ne lui ferait pas de mal. Declan ne sut que choisir, chaque partie de lui ayant ses raisons mais il refoula bien vite ses interrogations quand l'odeur se fit plus pressante. Elle l'attendait. Provocation. Declan ne lui ferait pas faux bond si tel était le choix de la belle. Un sourire en coin se dessina sur ses lèvres parfaites, presque aussi blanche que la neige qui l'entourait, et c'est quand le soleil perça derrière les montagnes qu'il franchit le couvert des arbres, entrant dans le cimetière de Babylon.

« Je suis si irrésistible que cela Pernille ? » demanda t-il simplement d'une voix sombre, faisant presque office de murmure, alors qu'il venait de s'arrêter à quelques mètres de l'endroit où elle était assise.

« Détrompes toi Pernille » asséna t il d’un ton plus doux, presque mielleux, comme s’il s’apprêtait à lui faire une confidence de la plus haute importance. Avant qu’elle ne fasse allusion à sa femme, que ses muscles se bandent et qu’un grognement sourd s’échappa d’entre ses lèvres, légèrement entrouvertes. Il était prêt à bondir et il valait mieux pour Pernille qu’elle ne le provoque pas trop, surtout si elle voulait rentrer chez elle en un seul morceau. Cependant la végétarienne n’avait a priori nullement envie d’en rester là et se risqua un peu plus dans la provocation, évoquant Becca. Au vu de l’état de leur relation en ce moment, le chef des Black Blood n’avait nulle envie que l’on se serve pour l’atteindre, quelqu’en soit la méthode. Ni une, ni deux, Declan bondit, toutes canines dehors, avant de plaquer Pernille au sol, les faisant tous les deux dégringoler au milieu des tombes. Serrant sa gorge avec force, le vampire s’approcha de son oreille.

« Tu ne devrais pas tenter le diable » lui souffla t-il alors qu’un grognement venant du plus profond de ses entrailles surgissait. L’envie de tuer était là, Declan le sentait, seulement les forces de Pernille étaient égales aux siennes et chacune de leur batailles se soldaient par des échecs, au grand désarroi de chacun. Et particulièrement de Pernille car Declan était bien plus jeune qu’elle et pourtant il réussissait à lui asséner de sacrées raclées parfois. Mais à cet instant la végétarienne prit le dessus et Declan s’éloigna en faisant un bond, se retrouvant à une bonne dizaine de mètre de son adversaire.

« Tu devrais apprendre à te taire Pernille » persifla t-il une nouvelle fois, furibond. Pourquoi fallait-il qu’il se mette dans des états pareils à cause de Rebecca ? Ils s’étaient éloignés exprès afin qu’il puisse mieux gérer les choses mais elle semblait le suivre dans le moindre de ses mouvements, tout le ramenant à elle. La jeune vampire était sa faiblesse, et tout le monde le savait, à son grand damn. Si vous trouviez Becca, Declan se servait lui-même sur un plateau d’argent. Declan secoua légèrement la tête comme pour effacer le flot de pensées qui venaient de l’assaillir, il lui en fallait peu pour qu’il ne devienne incontrôlable et ce n’était pas le moment. Vraiment pas. Surtout face à la vieille vampire qui semblait satisfaite au plus haut point, arborant un sourire provocant et suffisant, ce dont Declan avait horreur. Il détestait purement et simplement cet air que Pernille se donnait face à ses congénères alors qu’elle pouvait se montrer mielleuse avec la nourriture sur pattes qui venait emprunter des livres à la bibliothèque. Elle cachait son jeu et il ne cachait pas son aversion pour son manque d’entièreté et d’intégrité.