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 Délices Vaporeux que sont ces Frêles Limites.

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MessageSujet: Délices Vaporeux que sont ces Frêles Limites.   Délices Vaporeux que sont ces Frêles Limites. EmptyMar 17 Nov - 14:54

Délices Vaporeux que sont ces Frêles Limites. 117 Délices Vaporeux que sont ces Frêles Limites. 214


    J’aime à vivre dans l’obscurité, au sens matériel tout autant que moral – l’homme en vue ne jouit pas de liberté -, je m’exerce à voir dans le noir. Souvent la lumière paraît grossière, agressive, quelque fois cruelle ; attends la nuit, réjouis toi des crépuscules, allume la lampe rarement, laisse l’ombre venir. La nuit brille comme un diamant noir, elle luit dedans. L’ensemble du corps voit le voisinage proche des choses, leur présence massive de nuit, leur tranquillité. Toute lueur vive les arrache à cette paix, elle enlève la mienne. Mon corps d’ombre sait évaluer les ombres, il se glisse parmi elles, entre leur silence, on dirait qu’il les connaît. Elles exaltent l’attention la plus fine, révèlent même la finesse, toute la peau vit. La nuit noire est si rare que presque tout se fait sans la moindre lueur ajoutée, même la marche au milieu d’une ruelle creuse, sans la lune. La plante du pied se met à mieux savoir, les épaules frôlent des briques, la pierre du mur rayonne paisiblement. La nuit n’anesthésie pas la peau, elle exalte sa finesse. Le corps se dresse à chercher la route au milieu des ténèbres, aime les petites perceptions, en bas de gamme ; appels tenus, imperceptibles nuances, effluves rares, les préfère à tout ce qui tonitrue.

    Mais le monde n’offre pas que la nuit ou l’ombre pour déjouer l’habileté de l’attentif. Si l’obscurité nous enveloppe, elle n’attaque pas la peau comme le fait la brume. L’angoisse dans laquelle nous plonge le brouillard ne vient pas de l’aveuglement seulement, mais de ce qu’il traîne, par strates, sur les bras, les épaules, cuisses, ventre et dos. Il rampe. L’ombre éveille les membres, ils courent, à la rescousse des yeux, intensément présents lorsque la vue se voile. La brume endort le corps, l’imbibe, l’anesthésie, la peau s’occupe lieu par lieu à résister à ses compresses, l’impression défaille sous la compression. La peau perd la liberté de secourir le regard hésitant. Le brouillard nous arrache nos yeux de secours, il nous bande ou nous barde. La brume multiplie les voiles, pour autant nous n’avons jamais vu de voile de nuit. Les ténèbres laissent transparaître le peu de lumière qui reste, et il en reste toujours. La brume nous ôte tout repères, et les rapports que notre peau entretien avec les volumes voisins. Nuit vide ou creuse, brouillard plein ; ténèbres aériennes, brume gazeuse, fluide, liquide, visqueuse, gluante, quasi solide. L’obscurité concerne l’espace optique, conserve les traits du monde On garde la certitude tactile, mais on perd le sens de la grandeur, la notion des profils, pieds et corps s’évanouissent dans des lointains inestimables.

    Et je demeurais au centre de cet étourdissement. Et j’arrivais à douter de ma propre existence, baigné dans ce linceul en suspension qui gangrenait le terrain en cette heure matinale, en dentelle de festons destructeurs. L’aube s'enhardissait a éparpiller ces particules brumeuses avec une rage antithétique. Bientôt le soleil d’automne s’inviterait en cette étendue. Grave comme qui a peu de jours encore à vivre et ne les gâche plus, et la lumière cuivrée des dernières longues matinées, tremblante de timidité dans les feuilles érubescente. Et le frottement craquant des pas traînés dans les feuilles entrelacées à l’herbe encore verte, la brise indécidablement froide ou fraîche, extrême fin de chaleurs ou prémices d’hiver. Eternel entre deux, époque où tout semblait retenir son souffle, hésitant entre inspirer à nouveau, où expirer petit à petit. La nuit ennuie ceux qui attendent le jour pour voir. L’espace temps nocturne, empire des sens, ne nécessitait qu’une remise en question d’un mode de vie qui paraissait largement universel. Certes il s’agissait de la nature humaine de n’être point noctambule. Mais s’interdisaient ils donc toute expérience contre nature ? A nouveau ce Ils abhorrait mon Je. Ce Je.

    Je voudrais parler, parler à un enfant âgé dont je ne connaîtrai ni le prénom ni les yeux. Juste entendre un thorax régulier. Un enfant âgé, tu sais, qui oublierait juste pour ce soir, juste une fois, qui oublierait de pleurer en ma présence, qui percevrait le semblant d’humain que je reste. Le crâne sanguinolent de tout à l’heure est en train de se battre avec une corneille affamée. J'aurais aimé que ma vie soit "utile à quelques-uns sans être nuisible à personne et que tous me soient gré de ma franchise". Oui j’aimerais. Cette nuit devient tout à fait nauséabonde désormais. Il y a une peur timide qui s'installe. Qui s'installe en même temps qu’une voix supplémentaire à celles qui s’entêtent déjà, inhibant toute raison. « Je ne reprends jamais ce que je donne... Laisse toi donc submerger. »

    Ça tient à si peu de choses. J’aurais pu tout faire. Tout. Evidemment c’est pas propre à mon existence, c’est une vérité pour tous. Mais voilà, on fini tel qu’on est et pas comme on voudrait être forcément. C’est un vaste foutoir, une vaste blague la vie. Seulement c’est pas tout le monde qui s’en tape la cuisse, c’est pas tout le monde qui peut se permettre de regarder les pires moments de son existence pour se foutre de leur gueule bien fort en levant le coude. Y a que les durs qui ont le courage de faire ça, ou les morts ou bien ceux qui s’y préparent depuis bien longtemps. Mais moi, même avec mon cynisme d’écolier et ma révolte permanente et adolescente, je peux pas en rire. C’est pas que je m’étais pas préparé à ma mort. Je faisais que ça, j’étais bon qu’à ça, si tant est qu’on puisse être bon à quelque chose. Et puis c’est dur de rire tout seul. On a que des spasmes brefs qui viennent nous piquer le coin des lèvres et un petit soupir désespéré qui tarde pas à nous narguer de loin. C’est tout. Aucun parfum ne vient désormais gémir près de mon nez. J’ai faim. Y a plus que ça qui compte aujourd’hui, avoir faim. J’en fais des rêves la nuit qui au réveil ne laissent que quelques tâches invisibles sur mon matelas.

    Je m’étrangle de cette moiteur du dehors. Pluie. Le squelette d’une buée qui, même si elle n’est pas morte, n’a pas encore la force d’épanouir la fragilité de ses jointures. La pluie. Encore et toujours. Les filets de mélancolie prisonniers du temps imbibé d'une boue. Boue coquelicot sous le corps étendu à mes peids. Je ne sais plus où je suis, il me semble traîner mon entaille transit au ras d’un sol poisseux, à serpenter dans les interstices momifiées d’hémorragie. Déja l'effroyable nostalgie amère de quand ça vivait.
    Ici, je m'éteins doucement. Je le sens, dans chacune de mes fibres. Je prononce ton nom huit fois par jour pour ne pas l'oublier. Suis un radeau à la dérive, la grande voile blanche depuis longtemps baissée. L'eau monte doucement, et j'écope sans conviction. C'est un combat de titan qui sera gagné à coup de fatigue et de lassitude. Peut être ai je déja perdu. Mais le pire, c'est l'attente. Ce n'est que le début de la fin. Je veux oublier toutes ces choses. Je préfère être un poisson rouge, Keys, je déteste être humain. Je déteste être.

    Pressé d’embrasser la plaie à nouveau, la créature replonge vers le corps depuis longtemps méconnaissable sous les assauts d'une folie insatiable. Faim. Une tignasse blonde adolescente qui semble être désormais de cire au milieu de cette pelouse nourrie par le vice. Gradins vides pour témoins. Les lieux ne suintent plus de la présence humaine d'autrefois. Ce n'est qu'un cirque, et le monsieur royal n'est plus qu'une ombre.



Il est d’étranges soirs où se blessent les âmes,
Où les plaintes déversées font vaciller la flamme,
Où les fleurs portent des vagues lourdes comme des soupirs…
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MessageSujet: Re: Délices Vaporeux que sont ces Frêles Limites.   Délices Vaporeux que sont ces Frêles Limites. EmptyDim 22 Nov - 15:16

    Cela faisait maintenant plus d’une demi-heure que je croisais les pas de mon petit frère. Sa transformation nous avait déjà bien assez séparés, les sombres heures nocturnes m’étaient plus solitaires. Je vivais comme un vampire le faisait, mes journées n’étaient qu’un sombre trou noir, la nuit, quant à elle, ma seule alliée. Je décidai donc de le suivre, des années d’expérience assuraient une entière discrétion. Je faisais corps avec le silence, je me fondais dans un décor immobile, avec le temps, j’avais appris à ne plus exister. Suivre un vampire n’avait rien de compliqué : Le commencement d’une chasse était sans cesse le même. Des pas lents, sens ouverts, attentifs. Puis très vite, quand l’animal disparaissait, j’attendais, simplement. Les cris d’une victime, la plupart du temps étouffés, assurait mon orientation. Je n’étais pas un chasseur protecteur, je n’avais rien d’un humain qui cherchait à préserver l’humanité. Je m’en moquais absolument, je ne cherchais à venger que la mémoire de ceux avec qui j’avais disparu. Ce soir était une quête plus… spéciale. Je ne voulais que préserver une part familière de mon frère. Mais je n’étais pour autant pas moins dupe. Son vampire le déchirait chaque jour plus, en l’éloignant de moi. On m’arrachait l’être le plus cher. Mon cœur se serrait alors. Le supplice ne fait face qu’au moment où on s’attend le moins à voir un bonheur ultime s’écrouler en une seconde à peine. Et toujours cette femme qui revenait me hanter. Keys Sesram. Notre femme, celle qui avait su être à la fois une mère, une amie, une fiancée. Ma femme. Et je n’oubliais pas cette sensation, ce sentiment de bien être : mes doigts se mêlait à ses cheveux, traçant un chemin dans son dos, il n’était plus question d’être deux êtres. Nous étions un trio dépendant de l’un comme de l’autre. Un duo qui assurait une descendance. Un oncle insouciant de son nouveau titre. Je le cachais encore aujourd’hui à mon cadet. Je lui évitais tout bonnement une souffrance de plus. On m’avait tout prit, je n’avais plus rien à donner, je n’attendais plus rien en retour. J’étais plus mort encore que ces morts-vivants qui eux s’accrochaient à quelque chose pour survivre. Du sang, et toujours ce rouge qui enivrait leur blanches canines. Je leur vouais une haine insoutenable. Ils me fascinaient dans mes plus jeunes années, aujourd’hui je ne leur déversais qu’une haine venimeuse. A l’inverse, l’estime que j’éprouvais pour mon frère grandissait plus encore : ancien chasseur, nouveau collaborateur, plié au désir du sang, Ezechiel luttait, traitre de son espèce, frère respectable, vertueux d’une fraternité implacable. Je me souviens encore de ce désir de me faire l’un des leur, pouvoir défendre notre cause équitablement. Le duo ne rencontrerait plus ce fossé que ni l’un ni l’autre ne parvenait à franchir. Mais je ne pouvais pas me salir d’une race que je haïssais. La culpabilité me parcourait déjà en imaginant seulement un quelconque accord. Je n’osais plus m’imaginer aussi sanguinaire que je ne l’étais déjà. Ce serait les trahir. Ce serait la trahir. Si un jour je me faisais prendre au piège comme Eze jadis, je me plierais à genou, je supplierai mon bourreau d’aspirer le dernier souffle de vie qu’il me resterait, je le laisserais me torturer, je le ferais jouir sous ces délices vampiriques s’il le souhaite, je ne ferai que me plier à ses désirs pour ne pas me voir salir, pour ne pas subir ce que je redoute le plus au monde : une quelconque transformation. Et si je n’avais pas le choix ? Zech ne l’a pas eu, lui. Je ne parvenais pas à savoir ce qu’il ressentait, ce qu’il pensait de sa nouvelle nature. Un milliers de questions brûlaient en moi, mais elles ne voulaient affronter un frère que je me tuais à préserver. Il luttait contre ce qu’il était et c’est ce qui le rendait différents des autres. Quelques cris m’arrachèrent à pareils souvenirs. Mes yeux verts percèrent un mince contraste avec tant d’obscurité, mon regard quittait le sol pour venir fixer les portes d’un stade inanimé. L’endroit parfait. Mon cœur se serra de nouveau, j’enviais les vampires pour ça : leurs corps inertes et morts laissaient en suspend un battement régulier, preuve d’une vie réelle et normalement admise. Eze se nourrissait, c’était d’une évidence pure. Et pourtant je m’efforçais d’effacer l’image d’un « Zech » sanguinaire, un monstre. Mes pas furent plus lents, plus lourds. J’implorais Keys, j’aurai aimé l’avoir à mes côtés. Je n’étais plus assez fort. J’étais dépité. Si leurs sens n’avaient été aussi poussés, les vampires m’auraient aisément confondu comme étant un des leur. Mon visage était d’une pâleur inimaginable pour un humain, deux taches violettes s’imposaient monstrueusement sous un regard vert brillant cerné par deux fins contours noirs et sombres. C’est ce qui me rendait différent des humains en apparence extérieur. Je vous laisse imaginer l’intérieur. Je fermais doucement les yeux, serrant fermement ce qui aurait pu retenir Eze, ou plutôt ce monstre que je ne reconnaissais plus, de s’en prendre à son aîné. J’avançais sans savoir ce qui m’attendait, aveuglément envahi par ce que d’autres appelait une relation cadet à aîné, et ce que je qualifiais d’une fraternité unique. Celle que d’autres enviaient, ou que d’autres encore maudissaient. En vérité, les autres ne m’importaient peu, ils étaient comme ce que j’aimais qualifier d’être miteux et pitoyables pour qui je n’éprouvais aucune pitié. Je comprenais ces vampires qui vouaient une haine considérable envers eux, et pourtant, certains humains ne demandaient qu’à vivre en marge, loin de telle ou telle nature. Des innocents, de mon point de vue.
    J’étais un humain insatisfait, je ne demandais qu’à venger la mémoire de mes géniteurs, ceux de mon enfant, de l’être aimé, et d’un frère, de mon Autre que je ne pourrais jamais retrouvé. Une torture perpétuelle et éternelle. Je m’efforçais d’avancer, chacun de mes pas me rapprochant du monstre et de sa victime. Un corps qui vibrait de douleur, délicieuse aux yeux d’une silhouette noire qui remarquait enfin ma présence, occupée par des plaisirs sanguinaires miteux et détestable. Je fronçais des sourcils incapable de reconnaître là l’homme que je priais ne pas croiser ce soir. La bête se retournait, deux yeux plus rouges que gris plongeaient dans les miens. Je m’arrêtais, yeux grands ouverts, pétrifié, puis tremblant. Hésitant puis colérique. Impulsif, puis silencieux. Toujours ce silence. C’était comme une danse, ridicule, ça oui je l’étais. Pitoyable d’avoir pu espérer ne jamais tomber sur Eze, stupide d’avoir pu croire qu’il arriverait à se démarquer des autres, déçu de n’avoir rien pu faire. Mon cœur chutait de quelques mètres, cette pierre se brisait inévitablement. Toujours cette même scène, tout le poids de mon cœur imitait cet organe qui était une des causes de ma souffrance. Mes yeux brillaient leur rancœur, mes genoux percutaient le sol. J’étais faible, insatisfait, perdu et seul… dorénavant. Ma bouche chuchota lentement ce mot presque imperceptible : « Zech… » où l’on pouvait retrouver un flot de sensations, une absolue contradiction. Je regardais mourir sa proie, et je reconnaissais là un monstre, et une victime qui me fixait, implorant mon aide. Keys prenait place, ses yeux pleuraient un liquide rouge, tandis qu’une main caressait un ventre encore plat. Mes yeux se fermèrent, un trou noir, un espace-temps sombre, une sérénité parfaite face au danger que représentait mon frère à ce moment même.

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MessageSujet: Re: Délices Vaporeux que sont ces Frêles Limites.   Délices Vaporeux que sont ces Frêles Limites. EmptyDim 22 Nov - 21:41

    Je ne me veux pas prétentieux, je ne méritais sûrement pas la grâce qui m'avait été accordée, ni même ce sentiment de puissance que je ressentais jusqu'au bout des ongles, et encore moins les regards que je capturais pendant ma transe magnifique. Mais les faits étaient là, et du fond de mon âme, peut être qu’en fait je ne regrettais rien. La nuit s’assombrit. La lune s’est enfuie. La peur m’étreint le cœur… L’innocence n’encense plus mes jours. Qu'importe que cette foutue ville soit plus belle que les précédentes, qu'il y fasse plus froid, qu'on y mange mieux dans les poubelles, qu'importe. Qu'importe qu'elle crame. Je ne bouge plus, je ne bougerai plus. Jamais. J'ai trop mal au cœur, les jambes coupées par les jours. Il faut que l'enfant survive, disais-je au début. Maintenant je ne dis plus rien, je dis juste nous verrons. Cette pelouse aux teintes royales vaut finalement toutes les autres…
Je l'ai bien vu, l'homme, là bas, celui qui me regarde.
Je ne veux point le voir, et lui non plus.
Puisqu'on est condamné, gagnons du temps.
Gagnons, ce que l'on peut. Des routes en plus, des pleurs en moins,
Je n'ai pas la force de finir
.

    Inégale. La musique des choses, le rythme phrasé, la mélodie des yeux du regard de cet homme dans l’infime. Perdu. Tout ça, ça s’oublie, ça passe à côté, on s’en rend pas compte. Ça n’a pas vraiment d’importance de parler. Tout a été dit. Ça n’a pas d’importance le reproche de cette limite que l’on avait conclu infranchissable ; l’envie. Ça vient ça part. Ça a toujours tort. Et quoi qu’on en dise quoi qu’on en chiale des hectolitres, avoir raison d’avoir tort c’est ce qui fait l’homme. On peut parler toujours, se rendre heureux d’échanger, théoriser sur tout, avoir tort dans la raison c’est possible. Beaucoup cherchent ce diapason universel auquel tous s’accorderaient. Personne ne l’a trouvé. La réalité, cette chienne. Pourquoi ? Elle est déjà toute faite, réglée, mathématisée, géométrisée, raturée sur du papier fin, dans un orgue rouillé de barbarie. La seule question : qui tourne la manivelle ? Un coup de vent. Un petit tour et puis s’en vont. Chiens de tempêtes, voilà ce que nous sommes. Singes de cirque. Et l’éclairage s’éteint. Tout est inégal. Pas le silence. Et lui il reste toujours à faire. Il attend. Nos jours se creusent comme des blancs dans nos regards… Si même ma voix s'éteint, que me reste-t-il, dis le moi. Je n'ai plus même de temps pour m'horrifier, je veille. Nous n'avons plus même à tuer le temps, il se tue tout seul doucement. je n'ai plus même le discernement nécessaire pour distinguer ceux qui se tiennent vaillamment au bord de la falaise des rampants. Elle est jeune. Je suis égoïste. Entre mes bras elle agonise, la douce créature, cette petite fille qui pensait vivre. Elle n'en démord pas, même maintenant, quand elle me regarde elle sourit… Voir le vent coucher les orties seulement pour soi, derrière la vitre imaginaire où tout est plus calme jusqu'à son propre souffle. Vitre d’une conscience qui s’étiole…L'hiver est déjà là, et je me doutais bien qu'il ferait mal. Mais j'ai d'autres cachemires sur ma peau. Peut être que c’est cette épaisseur que je pourrais négliger qui étouffe ton nom. Elias. Ferme les fenêtres et guérit moi… Ramènes la lumière et mènes-moi par la main jusqu'à la fin… Asphyxier cette réalité comme j’asphyxie sa carotide protubérante parce qu’encore une fois, je ne peux pas finir. Pas comme ça, pas sous tes yeux. Ni maintenant ni jamais.

    J’aurais cependant tant préféré rester sur le pont des rêves, nommé ainsi puisqu'il enjambe "Leaudort", une rivière chargé d'histoire que trop de pages ont oubliées. On raconte que chacun des galets présent au fond y renferme une âme et qu'un ricochet de sept coups permet de la libérer. Chaque âme délivrée exauce un vœu.
    Quand la lune éclaire ces fonds scintillants, on peut croire que chaque lumière est un rêve qui se reflète, qui vous observe dans l'attente et la supplication. Et ces ricochets je les auraient réussis du premier coup parce que tu aurais été derrière mes pas. Ton esprit orientant ma main. Elias. Ton regard. J’t’en supplie, pas ces étincelles de reproches, pas ces lueurs de souffrance, surtout pas celles là… Les pleurs sont hermétiques; et ils laissent exsangues les fœtus blottis dans leurs propres maladresses. Mes larmes lactescentes donnent un goût écœurant à ce soir interminable, posant une chape d'ivoire nauséeuse sur mon esprit désorienté. J'en suis même malade, à force de voir dégouliner sur mon visage ces gouttes froides qui portent tes maux.

    Puis soudain, sans préambule percevable, la pauvre bulle confortable de la mélancolie est crevée par un de ces détestables accès de folie. La nécrose des gouttes sur ma chair embrasse mon derme. Il n'y a plus qu'un épouvantail qui rit, de son timbre ironique et cruel. Bientôt, même lui aura besoin de la noirceur de ses nuits pour se rappeler les sombres guipures de ton regard. Le froid… Le givre… qui monte tel une vigne sur les gradins… Le vent siffle… Le vent chante… Le vent murmure le sang à bout portant dans mon crâne… Je marche encore… Mes pieds s’écorchent sur les pierres imaginaires qui saignent… Autant d’obstacles d’un sursaut de conscience devant la perception diffuse de cet affreux tableau. Cette main qui saisit ta gorge…L’écho résonne plus fort…Je ne sens plus rien… Mes yeux sont déments… Je n’en peux plus… Des rivières de sang et de suie sinuent en toi…Si visibles, si proches de mon regard plus que jamais animal…pourtant trop lointaines… Je veux sortir, courir, m’y jeter, boire ce sang, m’y noyer… M’y lover… Sème le corps de ma première victime d'un soir derrière moi. Terriblement humaine sous cette opalescence, dans cette atmosphère bubonique. Ton âme à genoux résignée. Aîné déchu. Benjamin foutu ? Miroir… Qui reflète les vagues lignes… d’un visage et d’un autre… des mystifications et de l’ignorance… des autres.

    Hésitation du désormais pantin devant les pupilles toutes aussi émeraudes que les siennes…Jadis. Victime soumise à cette fatalité qui s’acharne depuis toujours sur son chemin. Tu connais. Oh que oui tu connais le même sort. Ici se froissent les ailes des libellules, quand trébuchent les doigts des pianistes sur la blancheur des touches de la destinée. Laisse juste mon esprit se reposer, au creux de notre fratrie. Je m’effondre… Les deux genoux sur ces pierres coupantes… Une autre a la hauteur de mon cœur… Je chute… déchu… déçu…à mon tour.
    Tiède est cet instant, et manque tes bras. Manque tes rires et tes pas élégants à côté de moi. Nous resteront à la maison cet hiver, ce sera comme un bout d’elle. Nous marcherons dans la ville, quand tout sera éclairé. J'aurai ta voix, pendant quelques instants, brisée par le vent. Je me sentirai toi, ce sera formidable, je n'aurai plus peur du noir, et je tournerai sur moi même en chantonnant. Et on sentira sa présence à nos cotés…
    Bouche cousue, et pourtant un gémissement…au delà de ce regard grisâtre. Encore bien instable.

    " lias..

    Grogui, genoux mêlés à cette boue goudronneuse. Tout cela n’est pas sans rappeler un sombre jour.Et le gamin pataugeait dans ce qu’il pensait être de la grenadine. Parce que bien des choses sont inconcevables. Et le même gamin restait aujourd’hui tout aussi déconnecté, étranger à ses actes car ne les assumant nullement. Rejet catégorique de neurones encore foncièrement humains. Jusqu’à ce que le poison gagne le jeu, indéfectible. Même si la peau d'Elias restait intacte, de telles soirées lui assuraient en effet une avancée considérable.


Dernière édition par Ezechiel DeKerguen le Sam 5 Déc - 21:20, édité 1 fois
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Babylon

Babylon


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Votre Prénom/Pseudo : Le grand méchant maître du jeu.
Nourriture : Vampire. Loups-Garous. & Humains bien évidemment.
Humeur : Machiavélique.
Date d'inscription : 21/11/2008

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MessageSujet: Re: Délices Vaporeux que sont ces Frêles Limites.   Délices Vaporeux que sont ces Frêles Limites. EmptySam 5 Déc - 0:44

Un bruit caractéristique fige les acteurs en présence. Un changement dans l'air. Quelque chose de pratiquement imperceptible pour tout humain. Mais cette variation de l'atmosphère ne laisse pas indifférent nos tragédiens. Une menace approche. Rapidement. A tel point que l'oeil humain serait incapable de le percevoir. Une chance que les protagonistes ne soient pas tous des humains. Une chance ou une malédiction ? Ces êtres d'apparence des plus convenables pouvaient-elles recevoir une quelconque forme de confiance ? N'y avait-il pas là matière à introspection ? Le reflet dans le miroir, aussi parfait fut-il, ne pouvait dissimuler l'horreur des actes.

Debbie Hamby avait à peine 19 ans lorsque tout bascula dans son existence 2 mois auparavant. Elle avait eu à subir les assaults de celui qui avait fait d'elle ce monstre aujourd'hui. Un monstre dont elle ne supportait pas le reflet que lui renvoyait ce traître de miroir. Les douleurs insurmontables et lancinantes avaient offert à son corps d'enfant délicieux une chorégraphie morbide et désarticulée. Et au réveil, ce trou béant dans le creux de son estomac l'avait happé jusqu'à y perdre son âme.

Ses magnifiques cheveux roux, désormais teintés de sang, ne parvenaient pas à dissimuler son regard noir enfer. Des yeux immenses dans lesquels se perdre et qui vouait leur récipiendaire à une perte infernale. Ses vêtements fraîchement repassés par sa mère avant l'évènement étaient mâtinés de déchirures et de sang nécrosé. Derrière chacune se trouvait une histoire, une douleur, une souffrance. Mais rien en comparaison de ce que l'on pouvait deviner si l'on avait le malheur de croiser son regard.

En une fraction de seconde, elle fut au coeur de la situation, brisant les douloureuses retrouvailles familiales. Mais objectivement parlant, elle était en dehors de ce genre de considération. Elle était consumée par un feu inextinguible qui l'enjoignait de se repaître. Dut-elle briser encore plus de destins liés qu'elle ne l'avait déjà fait. Sa tête pencha de côté et elle passe une langue fine et rosée sur ses canines en observant Elias à genoux. Quelle étrange position. Mais bien vite, elle le délaissa pour reporter son attention sur Ezechiel. Dans la seconde, elle feula à son égard et sans autre signe avant coureur, elle se jeta sur lui.
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