I'm falling down {Ed

Louise était assise au bord du Deep Light Lake depuis quelque temps déjà. Elle avait, à la base, eut la simple envie de prendre l'air. Cela faisait des jours que, le temps étant mauvais, elle tournait en rond dans le manoir qui servait de résidence au clan des Ragnarök. Elle avait eu beau tenter de se divertir un peu, rien n'y faisait : aucun livre ne l'intéressait plus, elle n'avait pas non plus envie de traîner à Babylon ni même avec aucun autre membre des Ragnarök. Non, Louise voulait être un peu seule. Seule comme cela lui arrivait parfois, quand elle avait une sorte de coup de blues. Elle avait l'éternité devant elle et restait pourtant contrariée par quelques nuages. Elle-même se rendait compte d'à quel point son attitude était paradoxale mais elle préférait ne pas y penser.

Elle sortit donc, pensant peut-être aller chasser. Il venait juste de pleuvoir et la forêt sentait l'odeur de la terre mouillée. La vampire aimait bien cette odeur qu'elle n'avait connue qu'après sa mort puisque de son vivant elle n'avait vécu qu'à Londres. Il faisait certainement froid et humide mais, étant donné sa condition, Louise ne s'en rendait pas du tout compte et marcha donc. Ce qui devait être une partie de chasse se transforma finalement peu à peu en simple balade. Ce n'était pas qu'elle s'en sentait incapable : elle sentait parfaitement bien l'odeur de diverses proies qui marchaient à quelques mètres d'elle, ne se rendant certainement pas compte de sa présence. Simplement, elle n'avait pas ressenti l'excitation qui gagnait tout vampire qui partait en chasse. Du coup, elle n'avait pas envie de courir après une pauvre bête et de l'achever inutilement. Elle se contenta donc de marcher un bon moment, profitant ainsi des joies du calme qui gagnait la nature après l'orage qui venait de passer. La vampire aimait bien l'atmosphère qui régnait ici et en profita un moment avant de sortir de l'obscurité de la forêt.

Elle n'était pas pour autant d'humeur à retourner au North Wind Mannor, à se retrouver à nouveau confinée dans une pièce, entourée d'autres vampires. Quand elle était ainsi, Louise n'avait envie de voir personne, si ce n'était Edward. C'était dans de tels moments qu'elle regrettait le plus d'avoir intégré un clan. Elle restait tout de même convaincue par la thèse qui animait le clan dont elle était membre et être une Ragnarök lui permettait en plus de lutter pour ses convictions. Elle ne pouvait pas nier non plus que cela lui avait permis de faire des rencontres intéressantes. Mais elle avait parfois du mal à supporter la présence de personnes qui, malgré les années, lui restaient encore trop peu familières.

Elle erra donc au bord de la route, se demandant où elle pourrait bien aller. Un panneau lui tomba alors sous les yeux. Il indiquait : Deep Light Lake. Louise réalisa alors qu'elle ne s'était jamais rendue à ce lac. C'était bien dommage puisqu'à ce qu'on lui avait dit, il méritait le détour. Il serait idiot de passer à côté d'un des beaux paysages de Babylon alors qu'elle ne connaissait déjà que trop bien cette petite ville de montagne. Elle se rendit donc au lac. Au coeur des montagnes, ce lac était très certainement ancien, héritier d'un long passé géologique. Inutile d'entrer dans les détails de sa naissance pour apprécier la beauté du paysage cependant. Le temps orageux renforçait la noirceure du lac et ceci subjuga Louise. Elle s'assit dans l'herbe encore mouillée de l'averse précédente et fixa le paysage. Elle se sentait bien ici, appaisée, sereine. C'était exactement ce dont elle avait besoin. Elle entendit le tonnerre gronder au loin et s'en réjouit : au moins, personne ne viendrait la déranger... Après un moment, elle sentit une odeur doucement familière. Elle ne put s'empêcher de sourire. Edward. Il devait très certainement la chercher. Louise attendit qu'il arrive, fixant le lac où se reflétait le ciel gris.

Louise haussa les épaules d'un air distrait. Agacée, elle l'avait été, plutôt oui. Pour tout dire, elle avait été d'une humeur plutôt massacrante. Ça lui arrivait parfois, tout de même mais fort heureusement, Edward ne lui en tenait jamais rigueur. Ah... l'amour ! Elle le fixa en souriant : n'était-il là que pour ça ? Elle voulait en avoir le coeur net, aussi fit-elle une petite moue irrésistible et demanda d'un air inquiet :

"Tu ne t'inquiétais même pas un peu ?"

Elle se mordilla légèrement la lèvre en le regardant. Edward... C'était étrange de penser à quel point elle pouvait l'aimer, après tout ce temps. Des centaines d'années, bien plus que ce qu'elle aurait pu imaginer dans ses rêves les plus fous, surtout si l'on savait qu'ils avaient tout juste une cinquantaine d'années d'espérance de vie à leur époque. Mais pourtant, elle l'aimait toujours autant. Elle le connaissait par coeur mais il la surprenait toujours. Louise se demanda s'ils ressentaient quelque chose d'aussi fort l'un pour l'autre parce que c'était lui qui l'avait créée. Il parla de partir et Louise écarquilla les yeux, exagérant volontairement avant de faire mine d'être vexée :

"Tu serais capable de me laisser seule ?"

C'était presque décevant... Il ne s'inquiétait pas un peu ? Après tout, si on y réfléchissait bien, la guerre était imminente entre les clans vampiriques. Du coup, l'ambiance était on ne peut plus tendue. Louise eut une petite moue en pensant à cela. Une guerre à mener... Elle n'aimait pas trop cela, mais en tant que membre des Ragnarök, elle serait sûrement obligée de s'y mêler. Elle n'avait pas envie de se battre, mais elle était aussi consciente que le pacifisme et la diplomatie avaient leurs limites. Même si elle ne l'avouerait certainement jamais, Louise avait peur. Ou du moins, ce qui était certain, c'était qu'elle appréhendait ce moment. L'avenir était incertain pour leur clan parce que, les Cruor comme les Black Blood ne traiteraient pas bien les Ragnarök s'ils venaient à perdre la bataille. Et, surtout, elle avait peur d'être séparée d'Edward... Elle n'y survivrait pas, elle le sentait. La vampire passa la main d'un air distrait dans les cheveux d'Edward, tentant de se rassurer. Elle voulait qu'il reste là, avec elle, même si elle était encore pensive. Tout simplement parce qu'elle se sentait tout de même mieux avec lui que sans lui, il la complétait, la rendait bien, la faisait se sentir elle-même. Elle fronça légèrement les sourcils et plongea ses yeux dans les siens. Avec un léger sourire, Louise l'embrassa tendrement avant de nicher sa tête au creux de son cou et dire dans un souffle :

"Tu restes avec moi, hein ?!"