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 your faith was strong but you needed proof [Léandre]

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MessageSujet: your faith was strong but you needed proof [Léandre]   your faith was strong but you needed proof [Léandre] EmptyDim 4 Avr - 19:12

" The life I think about is so much better than this
I never thought I'd be stuck in this mess
I'm sick of wondering ; Is it life or death ... ? "

La jeune femme se réveilla en sursaut. Encore et toujours ... elle s'était réveillée au moment où elle tendait la main à sa mère retenue par un vampire. S'étant rapidement habillée, elle s'était à nouveau éclipsée sans un bruit, échappant à la vigilance de ses protecteurs. Protecteurs ... Le mot seul suffisait à faire naître un rire amer dans la bouche de la jeune femme éprouvée. Il s'agissait de véritables geôliers, oui. On les nourrissait, on leur amenait ce dont ils avaient besoin dans la mesure du possible et on veillait sur eux. En contrepartie, ils restaient isolés dans les anciennes mines, éloignés de tout. Lorsqu'elle passait trop de temps sous terre, Éléaunore, qui avait développé avec le temps des tendances légèrement claustrophobes, sentait son esprit basculer vers la folie. Alors sortait-elle. C'était un sacrifice qu'Éléaunore avait consenti à faire: c'était ça ou sortir autant qu'elle le désirait, mais sous l'œil d'un loup ou d'un vampire végétarien. Il s'agissait d'une protégée extraordinairement complaisante, et pas casse-pieds, au contraire de plusieurs humains qui avaient été recueillis et considéraient presque leurs protecteurs comme leurs esclaves. La jeune femme ne demandait rien à quiconque, acceptait n'importe quelle nourriture qu'on lui présentait. Elle mangeait peu, parlait peu et dormait encore moins, conséquence de cette terrible bataille. Tout dans sa bouche avait à présent un goût de cendres, et, privée de repères, Éléaunore ne savait plus où elle s'en allait. Faisant taire momentanément ses angoisses en taisant également ses questions sur son futur, elle avait canalisé son temps à être forte pour les autres humains recueillis. Si quelqu'un avait besoin d'un bandage, elle était là. S'il y avait une quelconque crise entre un vampire et un protégé, elle raisonnait ce dernier, ayant la capacité de calmer qui que ce soit à l'aide de sa voix exceptionnellement douce que l'on entendait si peu. D'un point de vue externe, la jeune femme était probablement la plus solide des humains protégés par les crusaders. C’était une illusion, mais personne ne connaissait la véritable fragilité d’Éléaunore, puisqu’elle se refusait de montrer celle-ci à qui que ce soit. Elle se devait d’être forte, pour les gens autour d’elle qui avaient tout perdu. Et si un sourire pouvait remonter le moral, eh bien l’ancienne serveuse s’en accrochait un aux lèvres tous les matins, même pour ses protecteurs, qui méritaient eux aussi un peu de douceur dans leurs vies. Après tout ... si la jeune femme voyait les choses de manière un peu objective, elle comprenait que face aux mêmes problèmes, et si leurs positions avaient été inversées, elle aurait réagi similairement. Malheureusement, Éléaunore n'avait jamais été reconnue pour sa capacité à penser objectivement.

Elle avait tenté de les questionner, de savoir ce qu’il se passait exactement, mais les réponses qu’elle avait obtenues étaient toujours plus évasives les unes que les autres. Personne ne lui répondait véritablement. Pourtant, la jeune femme était loin d'être idiote, et il ne lui avait pas fallu beaucoup de données pour comprendre. Il lui avait suffi d'entendre ici et là des arguments entre crusaders et différents murmures pour commencer à saisir ce qui se tramait. Il lui semblait particulièrement étrange (et surtout troublant) de partager le quotidien des êtres étranges dont l'ambition et la seule présence avaient causé l'hécatombe d'Avril 1973, et elle n'était pas certaine d'avoir réussi à se positionner par rapport à ces derniers. Elle devinait cependant le trouble que devaient ressentir leurs protecteurs, de s'être alliés à leurs ennemis séculaires et de protéger leurs proies naturelles, les humains. Ils avaient perdu des amis, eux aussi, des êtres chers qui plus jamais ne frôleraient les sentiers de la forêt environnante de leurs puissantes jambes. Aussi Éléaunore se surprenait-elle à ressentir de la compassion pour ces êtres qui avaient été malmenés par la volonté de chefs de clans plus assoiffés de pouvoir les uns que les autres: ils avaient après tout également subi les conséquences terribles des actes de ces derniers. D'une nature particulièrement impulsive, il lui avait été particulièrement difficile, du moins au début, d'être en compagnie des vampires sans montrer sa colère. La rancœur brûlait toujours en elle. Éléaunore s'en souvenait, elle se rappelait le paradoxe de cette nuit. Il y avait eu des cris, dehors, mais ceux-ci avaient été masqués sous le concert de voix qui chantaient un joyeux anniversaire à la frêle jeune femme aux boucles blondes. 23 ans, après tout, constituaient un prétexte plus que raisonnable pour que sa mère si douce, Marine, décide de convier ses amis, son petit copain et sa famille. Cette dernière était peu étendue, puisque presque toute leur parenté, qu'Éléaunore ne connaissait pas, demeurait encore en France. Juste avant de pouvoir souffler les bougies du gâteau afin de voir son vœu accompli, les hurlements auparavant mis en sourdine par les chanteurs avaient atteint ses oreilles. Des supplications à glacer le sang, qu'elle semblait être la seule à entendre. La serveuse s'était précipitée à l'extérieur pour voir le début du carnage: cris, hurlements, plaintes, gémissements ... Il s'agissait d'un requiem sanglant et horrible, dont le son écorchait ses oreilles et reviendrait par la suite peupler ses nombreuses terreurs nocturnes.

La fêtée avait cependant eu le temps de noter l'ironie de la situation: le foyer familial, où se tenait tout son monde, était chaleureux et respirait la sécurité, alors qu'à l'extérieur, Éléaunore avait droit à une scène des plus dantesques, digne du chef d'oeuvre de cet auteur italien. Pourtant, elle restait dehors plutôt que de se réfugier à l'intérieur. Ce qui la poussait? Curiosité ou inconscience, ou encore un subtil mélange des deux. Peu importe le motif de l'endroit où elle se tenait, c'était bel et bien celui-ci qui lui avait sauvé la vie. Elle avait été empoignée de dos et avait ressenti un souffle glacé contre sa nuque, alors que tous ceux qui étaient venus la fêter hurlaient désormais de terreur ou de douleur. Tout s'était déroulé si rapidement qu'elle en avait perdu le fil, mais Éléaunore était certaine de deux choses: 1. son assaillant était un vampire, 2. son sauveur était assez puissant pour affronter celui-ci et avait donc logiquement entendu les cris de ses amis et de sa famille. Mais il avait choisi de les laisser derrière. Il l'avait sauvée elle, mais pourquoi? Pour qu'elle puisse vivre en recluse sous terre dans une grotte d'une mine abandonnée parmi des humains traumatisés et des êtres qu'elle avait cru fictifs? Il ne lui restait rien à Babylon, personne à espérer revoir vivant. Son monde entier s'était effondré cette nuit-là, le soir de son anniversaire, et pour cela, la jeune femme d'ordinaire si douce ressentait une haine brûlante en son cœur à l'égard de celui qui l'avait sauvée en laissant derrière tous ceux qu'elle aimait. Éléaunore n'avait rien à faire à Babylon, elle aurait voulu partir le plus loin possible de cette ville qui avait construit ses peurs. Néanmoins, s'il ne restait rien pour elle dans la ville, ses questions sans réponse continuaient d'assaillir son esprit malmené. Aussi s'échappait-elle régulièrement afin de tenter d'obtenir ces fichues réponses qu'on ne lui donnerait pas autrement. À quelques reprises s'était-elle fait prendre et ramener de force, sous prétexte que "c'était pour [s]on bien". Jamais ne piquait-elle de crise lorsqu'elle était surprise au cours d'une escapade, sachant qu'elle recommencerait bientôt de toute manière. Éléaunore n'arrêterait pas avant d'en savoir davantage sur la situation. Une fois encore, son insatiable curiosité l'emporte sur tout le reste, tout comme le côté aventurier qu'elle avait hérité de son père.

Crac. La jeune femme fit volte face, brusquement tirée de sa rêverie. Ses grands yeux verts scrutèrent les alentours, mais il faut dire qu’à 2 heures du matin et en pleine forêt, avec pour seul éclairage la lumière de la lune, voir quoi que ce soit à plus de quelques mètres de distance relevait de l’exploit surhumain. Elle sentait son cœur battre la chamade dans sa poitrine dont la gorge était dénudée par le haut léger qu’elle portait. Sous ses pieds nus, la terre était glaciale. Malgré l’arrivée du mois de mars, il faisait encore frais, et ce n’est qu’à cet instant qu’Éléaunore prit conscience des légers tremblements qui agitaient son corps. Calme-toi. Ça va aller. Ce n’était rien. Elle souhaitait plus que tout avoir raison, avoir entendu une branche sèche craquer. Cependant, elle fut rapidement détrompée en entendant un léger feulement. Oh, misère. La bête magnifique l’observait tranquillement, avançant sans bruit, portée par ses pattes puissantes. Un puma. Aucun son ne sortit de la gorge pâle de la jeune femme qui se contentait de rester là à fixer le fauve. Il y avait une certaine inconscience dans ses actes, mais elle avait perdu tous ses repères et n’avait jamais réussi à s’en trouver d’autres entretemps. Ses jambes ne bougeaient plus, et son corps traître semblait paralysé alors que le prédateur se rapprochait dangereusement de sa proie. Crac. Éléaunore maudit sa malchance et son imprudence. Quel autre prédateur la nuit lui réservait-elle? Alors seulement ouvrit-elle la bouche et laissa-t-elle s’échapper un hurlement strident. La forêt entière sembla se taire, à l’écoute de ce cri du cœur libéré d’une âme inquiète.
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Leandre H. Altar
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MessageSujet: Re: your faith was strong but you needed proof [Léandre]   your faith was strong but you needed proof [Léandre] EmptyDim 4 Avr - 23:22

    Léandre courait, comme si le diable était à ses trousses. En réalité, le vampire centenaire n'avait pas mangé depuis des jours et il avait joué avec le feu en testant les limites de sa faim avec autant d'humains alentours. Alors qu'il sentait poindre en lui cette énergie négative, caractéristique de son côté le plus obscur capable même d'envisager un régime carnivore pour atteindre l'état de satiété, Léandre avait rapidement confié l'humain sous sa protection à un aniota de confiance avant de filer dans la forêt pour chercher une proie. Léandre avait toujours considéré la chasse comme un acte barbare, trop primitif, mais néanmoins nécessaire. A l'époque, il se plaignait de voir le sang des animaux se répandre sur ses costumes. Aujourd'hui, rares étaient ses chemises qui pouvaient encore se vanter d'être dépourvues de tâches. L'inconfort de la forêt était difficilement supportable pour un être raffiné comme lui, mais il fallait bien s'en accommoder pour l'instant.

    Il avait l'intention d'aller le plus loin possible des campements de Crusaders, pour éviter d'offrir à un humain le spectacle impitoyable d'un puma déchiqueté sous ses crocs. C'était ce qu'il faisait toujours. Après tout, les pauvres mortels ne s'étaient toujours pas remis de leur nouvelle condition, bien que pratiquement une année se soit écoulée et lorsqu'ils voyaient un vampire faire une démonstration de ses capacités spéciales, ils avaient toujours le regard épouvanté, dans la crainte d'être à leur tour dévoré. Surtout qu'ils sentaient l'agitation alentours. Le clan des végétariens avait été affreusement décimé par Makkapitew, sous les yeux impuissants des 13 derniers survivants dont Léandre faisait partie. Cette scène le hantait encore aujourd'hui, bien que plusieurs lunes se soient écoulées. Il voyait ses amis, ses alliés mourir sous ses yeux alors qu'il restait debout, impuissant. Il n'avait rien pu faire. Quelle sacrée malchance! Il aurait pu enfin rejoindre Anne et Lysandre, l'occasion était parfaite et voilà que l'ancêtre commun espérait maintenant qu'ils s'entretuent et l'avait épargné.

    Mais quelque chose le sortit de ses pensées cette nuit là. Depuis la bataille d'avril, Léandre avait presque développé un sixième sens pour flairer le danger. Une intuition qui avait sauvé plusieurs fois des humains inconscients de la mort. Aujourd'hui pourtant, ce fut autre chose qui le conduisit sur cette conclusion. La faim le tenaillant, Léandre n'eut aucun mal à repérer la piste olfactive d'un puma, et fut surpris qu'il s'approche aussi près du campement. C'était la raison pour laquelle il ne chercha pas à l'attaquer, il était bien trop près des humains. Mais une autre odeur, plus violente, plus agressive, le fit s'arrêter net dans sa course. Il connaissait trop bien ce fumet pour l'ignorer. Il l'avait hanté des journées entière, des mois entiers même. L'odeur de ce sang qui l'attirait un peu trop le mit mal à l'aise. Eléaunore. Sa première idée fut de fuir le plus vite possible, comme il le faisait toujours depuis qu'il la savait sous la protection des siens. Il avait trop peur que Mister Hyde ne ressurgisse à son contact, et qu'il ne plonge sur sa gorge fraiche pour y mordre à pleines dents. A cette pensée, un frisson parcourut son corps tant la tentation était forte.

    Mais quelque chose d'autre vint le tirer de sa tentative de fuite. Comme une sensation étrange, un zeste d'adrénaline qui flottait dans l'air. La peur. Il n'eut pas longtemps à se concentrer pour comprendre; l'odeur Eléaunore croisait la piste du puma. La connexion se fit automatiquement, et Léandre n'hésita pas une fraction de seconde avant de filer en direction du futur affrontement. Il avait beau craindre de mordre cette fille, il avait tout fait pour la sauver lors de la bataille d'avril et refusait qu'un animal ne vienne lui ôter la vie alors qu'il avait tout fait pour veiller sur elle. Et puis surtout, Léandre n'aurait pu se regarder dans un miroir s'il n'avait pas bougé. Sans compter la fascination qu'il ressentait à l'égard de la jeune femme, mais c'était encore autre chose. Quelque chose qu'il refusait de nommer car c'était trop flou, trop étrange. Il vida son esprit de toutes ces pensées engluées et arriva derrière l'animal tellement délicatement qu'il ne le perçut même pas.

    Eléaunore n'étant pas nyctalope, et surtout pas vampire, ne le voyait pas. Peut-être percevait-elle sa présence malgré le silence, mais rien de plus. Cette inconsciente qui osait se promener seule, dans la forêt, entourée d'animaux sauvages et de bien, bien pire... Léandre ne comprenait pas ce besoin que les humains avaient de se mettre ainsi en danger. Il avait déjà affronté des nouveaux-nés, des sanguinaires également et il n'en était jamais ressorti indemne. Aussi se félicita-t'il de n'avoir qu'un puma à affronter cette fois-ci. Eléaunore paraissait tout à fait calme face à un énorme fauve, mais un craquement dans les fourrés lui fit prendre peur et elle se mit à hurler. Chose à éviter dans un cas de figure pareil.

    Le puma, sans réfléchir, prit ce cri pour un signal qu'il était temps de passer à l'heure du dîner, et sauta sans détour sur la jeune femme. Léandre fit appel à ses réflexes et ses pouvoirs vampiriques pour s'interposer entre les deux et repoussa le monstrueux félin contre un arbre dans lequel il vint presque s'encastrer. Léandre n'était pas le plus fort de tous les vampires, loin de là, mais lorsqu'il devait jouer à l'ange gardien, son courage était décuplé. Un feulement lui indiqua que son adversaire n'était pas encore battu, malgré la frappe féroce qu'il lui avait décoché et d'un coup sec, Léandre lui brisa la nuque. Heureusement qu'il faisait nuit noir, étant donné que ce spectacle n'était pas forcément agréable à regarder. Quoique le bruit et l'imagination étaient sans doute pire encore.

    Un silence de plomb retomba alors que l'animal avait lâché son dernier souffle. Eléaunore avait cessé d'hurler et Léandre s'efforçait de réfléchir convenable pour réagir en conséquence. La regarder? Fuir ces yeux qui le mettaient à nu? Pour le moment, il lui tournait le dos, face au puma mort. Car autre chose refit surface à cet instant précis. La faim. Et ce corps, cette enveloppe charnelle qui contenait le plus appétissant des liquides... Elle était près, trop près de lui et il ferma un instant les paupières tout en se délectant de cette odeur divine. Face à lui, le félin faisait figure d'un bien maigre repas. La tête lui tourna, il se souvint de ces instants de torture qu'il s'infligeait à l'époque où la guerre n'avait pas encore éclatée. Il allait exprès dans ce bar où elle travaillait, se forcer à endurer cette souffrance délicieuse et avait été plusieurs fois sur le point de craquer.

    Il fallait qu'il mange, c'était nécessaire. Vital. S'il se retenait plus longtemps, il était certain qu'il ne saurait plus se retenir. Mais en même temps, il n'allait pas commencer à planter ses crocs dans la chair tendre de l'animal sous ses yeux, elle qui en avait déjà trop pour son jeune âge. Léandre avait vu des horreurs de par le monde entier, son siècle et demi d'existence lui avait offert des visions terribles dont il avait parfois eu du mal à se remettre. Elle, la pauvre, était encore dans un si bel âge et avait vu des choses qu'il aurait tellement aimé lui épargner. Il aurait tant voulu avoir le pouvoir d'effacer ces horreurs de sa mémoire, qu'elle vive tout à fait normalement, dans un autre endroit, un autre état, un autre pays, un autre continent. Qu'elle reparte en France, là d'où elle venait, comme le trahissait son accent. Qu'elle ne l'ait jamais rencontré.

    Il se retourna finalement, essayant de faire taire sa faim du mieux qu'il le pouvait. Ses prunelles pourtant ne trahissait pas la moindre animosité envers elle. Sa maîtrise de lui-même était époustouflante, même si la lutte intérieure était un déchirement. Il ne lui offrit pas le spectacle de ses yeux teintés de rouge, il ne lui fit pas peur, du moins il l'espérait. C'était lui qui avait peur, parce qu'il se trouvait dans une situation qu'il avait à tout pris cherché à fuir. Mais il ne pouvait plus maintenant, c'était bien trop tard. Il ne pouvait pas partir comme ça, sans un mot, une explication. Ca aurait été trop injuste.

    Le seul problème pourtant, s'il en était un, c'était qu'il lui faisait face, dans un rayon de lune inattendu. Ses grands yeux vert le fixèrent avec surprise, mais une intensité troublante bloqua totalement Léandre. Il avait tout fait pour éviter ce moment, prenait soigneusement des chemins parallèles pour ne pas avoir à affronter sa conscience, jouait l'ange gardien dans l'ombre, sans qu'elle s'en doute. Et voilà qu'ils se rencontraient à présent.


      - Il ne faut pas vous balader si loin toute seule. Qui plus est, la nuit. Vous auriez pu avoir moins de chance, vous auriez pu tomber sur un sanguinaire. Et même moi, je n'aurais pas pu vous sauver.

    Ca n'était pas dans les habitudes de Léandre de sermonner les gens. Rien dans son ton n'était méchant, ni sec, il était même plutôt agréable, mais il s'efforçait pourtant de conserver une certaine distance avec elle, de peur de céder à ses pulsions meurtrières. Parler avait déjà été un exploit. Et si en temps ordinaire, Léandre aurait été de bon cœur prendre dans ses bras la pauvre humaine effrayée pour la rassurer, là, il ne pouvait pas. La sentir près de lui, son nez plongé dans ses longs cheveux blonds... Il savait qu'il n'y arriverait pas. Il ne s'en sentait pas capable. Et il ne se reconnaissait pas d'agir ainsi. C'était pourtant le seul moyen de lui faire face sans qu'elle courre trop de danger.
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MessageSujet: Re: your faith was strong but you needed proof [Léandre]   your faith was strong but you needed proof [Léandre] EmptyLun 5 Avr - 3:07



Elle avait hurlé, un hurlement chargé d'une douleur à rompre le cœur de qui que ce soit, un hurlement que les créatures de la forêt se rappelleraient longtemps. Ç'avait été une grossière erreur. Le puma s'était avancé à toute vitesse, prenant probablement son cri comme un signe de faiblesse ou -qui sait?- d'assentiment. Crispée, Éléaunore le regarda plonger, se propulsant à l'aide de ses pattes musclées. Une démonstration de puissance, croyait-elle. Cependant, la puissance de cet animal était à celle de son sauveur ce que le sommeil était à la mort; rien. Elle ne vit pas ce qui se passa exactement, mais le bruit sec du puma violemment plaqué contre un arbre ne lui laissa pas le loisir de l'illusion. Le second bruit sourd, étouffé par la masse de chair qui entourait le cou de l'animal lorsque celui-ci se brisa sous l'impulsion de son sauveur, la ramena à ses esprits. Elle ne put retenir un frisson, ne pouvant qu'imaginer la scène se déroulant sous ses yeux rendus aveugles par la nuit. La jeune femme recula d'un pas, ne sachant pas à qui elle avait affaire. S'agissait-il d'un sauveur véritable ou d'un prédateur plus dangereux encore qui s'était simplement débarrassé d'un élément gênant? Elle ne se détourna pas, sachant qu'il pourrait aisément la rattraper de toute façon, préférant plutôt faire face. Inconsciente? Oui. Tête brûlée? Probablement. Courageuse? Absolument.

Aussi ne fit-elle pas un bruit, pas un geste, frêle comme une poupée de porcelaine dans la nuit silencieuse à présent que le fauve avait poussé son dernier soupir. Sa peau était pâle dans la nuit, et les rayons lunaires projetaient un éclairage fantomatique sur la jeune femme dont les cheveux blonds étaient teintés de reflets argentés en cette nuit froide. Elle distinguait grâce à la lumière blafarde de la lune une haute et solide silhouette, qui devait faire figure de tour à côté d'elle, minuscule que la jeune humaine était. Malgré elle, malgré sa témérité, Éléaunore avait peur. Elle avait réussi à maîtriser les tremblements de ses mains, mais son regard était limpide. Elle voulait savoir de qui il s'agissait, cette attente interminable rendait la jeune femme aux nerfs déjà tendus à fleur de peau. Il était de dos, et enfin se retourna-t-il pour lui faire face. Les nuages recouvrant partiellement la lune se dégagèrent sous le souffle du vent frais printanier, faisant place à un rayon qui tomba directement sur son sauveur. Enfer et damnation. Il fallait bien que ce soit lui qui la prenne la main dans le sac, à s'échapper. Des mois durant elle avait voulu lui parler, en savoir davantage sur lui, mais lorsqu'elle s'était enfin lancée après de longues semaines d'attente nerveuse, il s'était contenté de fuir et n'était plus jamais revenu. Il avait plu ce jour-là, elle s'en souvenait. Un jeudi après-midi pluvieux, maussade. Les clients du bar étaient d'une humeur donnant le ton au temps qu'il faisait, et Éléaunore avait eu toutes les peines du monde à sourire. Puis il était entré. Avec le temps, Éléaunore avait presque oublié ses traits, pourtant si beaux, mais jamais n'aurait-elle pu effacer de sa mémoire ce regard qui l'avait hameçonnée dès le premier instant.

Son regard était vert, elle s'en souvenait. Des yeux d'un vert ambré dans lesquels la jeune femme aurait pu se plonger à jamais. Pendant de longs mois n'avait-elle réussi à l'apercevoir qu'à une distance respectable. Il semblait la fuir comme la peste, mais pourquoi? Qu'avait-elle fait de si terrible pour qu'il la haisse ainsi? La recluse était, après tout, l'incarnation de la douceur fragile et faisait toujours tout en son pouvoir pour aider les gens autour d'elle... Comment, dans ce cas, avait-elle pu s'attirer ainsi son animosité? Elle ne savait de lui que les vagues bribes qu'elle avait entendues, et c'était bien peu: son âge estimé ainsi que son nom. Mais quel nom ... Léandre. Elle aurait pu faire rouler ce nom dans sa bouche comme un bonbon, le gardant jalousement. Éléaunore se demandait comment son nom à elle sonnerait dans sa bouche. Étonnant. Il faisait nuit, elle était peu vêtue et même pas chaussée, en pleine forêt, et avait presque perdu la vie aux dents d'un puma... Pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de se retrouver dans ce même état, une fois de plus. La Fascination qu'Éléaunore éprouvait lorsqu'elle se tenait près de lui n'avait pas changé, même après les nombreux mois (et années) les séparant de leur dernière rencontre, lorsqu'il s'était éclipsé. Il n'avait jamais complètement quitté son esprit, la hantant comme un fantôme issu de temps plus doux, plus heureux, où elle se baladait encore avec insouciance. Cette douloureuse intensité dans le regard du vampire l'attirait et la repoussait à la fois. Il y avait en lui une souffrance qu'elle souhaitait apaiser, car la jeune femme voyait également l'immense tendresse se dégageant de cet être magnifique. Cependant, cette douleur était un écho plus puissant de la sienne, et elle craignait de s'y noyer si elle plongeait trop longtemps dans le regard d'ambre du vampire. Il lui était néanmoins très difficile de détourner ses grands yeux verts du visage parfait tourné vers elle, ce qu'elle parvint à faire avec un effort gargantuesque.

« Il ne faut pas vous balader si loin toute seule. Qui plus est, la nuit. Vous auriez pu avoir moins de chance, vous auriez pu tomber sur un sanguinaire. Et même moi, je n'aurais pas pu vous sauver. » Sa voix. Éléaunore l'avait oubliée. Elle était douce et pourtant grave, caressante mais avec cet attirant accent un peu plus rauque. C'était une voix rassurante, le genre de voix que la frêle humaine aurait aimé entendre à son chevet en état de maladie. Artiste dans l'âme, la dessinatrice adepte de musique était particulièrement sensible à la beauté, qu'elle soit visuelle ou auditive. Et Léandre était magnifique en tous points, tellement qu'Éléaunore se sentait elle-même misérablement affreuse auprès de lui et de ses congénères. Cependant, si le regard que les autres vampires portait sur elle était celui de protecteurs vis-à-vis d'un petit animal fragile (et elle n'aurait pu s'en ficher davantage), celui de Léandre était différent. Il ne brûlait pas de haine, mais plutôt d'une espèce de... langueur? Que voulait-il d'elle? Après l'avoir autant repoussée et fui, pourquoi la sauvait-il aujourd'hui? Tant de questions déboulaient dans sa tête, des questions dont la seule trace apparente sur son visage cerné était un pli soucieux sur son front. Il ne la réprimandait que légèrement, et elle devait admettre qu'elle en était plus que surprise. Pas de graves remontrances, de menaces, de ton fâché. Il n'y avait que lui et elle dans le calme silence de la nuit. Éléaunore laissa enfin son regard croiser le sien à nouveau. Ce n’était pas bien difficile : il lui suffisait de ne plus le contrôler et il semblait vouloir retrouver naturellement celui de Léandre, comme attiré par un aimant.

    « On dit que c'est au moment de la mort qu'on se sent le plus en vie... J'aurais cru, peut-être à tort, que vous comprendriez, vous ou les autres. Eux. Mais surtout vous. »

Avait-elle réellement besoin de préciser pourquoi? Sa voix était douce, chantante, guère plus sonore qu'un murmure, mais elle savait que le vampire l'entendrait. Ses grands yeux verts reflétaient l'angoisse qu'elle dissimulait normalement avec un talent d'experte. Pourquoi? Elle ne le savait pas elle-même. La peur, la lassitude, peut-être même le désir de se rapprocher de cet être fascinant. Probablement un subtil mélange des trois. En un réflexe instinctif de protection, la jeune femme replia frileusement ses bras nus autour de son torse. Son cœur battait la chamade; enfin lui parlait-elle. Il lui avait déjà parlé plus longtemps qu'à chacune de ses visites au bar, où il se contentait d'annoncer ce qu'il prendrait et de la remercier par la suite. Elle sentit ses joues rougir délicatement, un afflux de sang causé par l'inquiétude, la langueur, l'attirance, la nervosité et cette autre impression qui la prenait au ventre, trop secrète et diffuse pour qu'elle puisse l'identifier. C’était le miroir de son âme qu’elle présentait à son sauveur. Il s’agissait là de la seule chose qu’elle puisse lui offrir. Le regard empreint de toute la douceur du monde, elle parla à nouveau.

    « Vous savez, vous pouvez le... enfin. Je peux me retourner si c'est ce que vous voulez. »

Éléaunore désigna du menton le cadavre encore chaud du puma, qui semblait attendre le vampire. Sa voix était remplie d'une grande sollicitude à laquelle il ne devait pas souvent avoir droit, et avait perdu la note de défi qui s'y était auparavant glissée. Il ne s'agissait pas d'un spectacle que l'humaine tenait particulièrement à voir, mais elle avait rapidement compris que les crusaders avaient très peu de temps à eux et probablement encore moins pour se nourrir correctement. Du moins, Éléaunore estimait que c'était le cas du vampire qui se tenait face à elle. Il semblait du type à faire du zèle.
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MessageSujet: Re: your faith was strong but you needed proof [Léandre]   your faith was strong but you needed proof [Léandre] EmptyVen 9 Avr - 1:00

    L'espace d'un instant, elle avait détourné son tendre regard qui s'était posé sur les reflets ombragés du sol. Léandre avait alors ressenti un certain soulagement, un relâchement au niveau de son coeur qui jusqu'alors était comme enserré dans un étau. La voir le scruter comme ça le mettait mal à l'aise, parce qu'il savait qu'elle était capable de sonder son esprit. Elle ne le craignait pas, affrontait son regard avec force et courage, au risque d'y lire des choses troublantes. Il souffla doucement pour tenter de s'apaiser, même si l'oxygène lui était désormais inutile, mais eut à nouveau le souffle court alors qu'elle dirigeait à nouveau ses yeux magnifiques dans sa direction. Il se sentait à nu quand elle le regardait, comme si être en sa présence le rendait différent, plus vulnérable qu'il ne l'était encore. Déjà que cette fichue guerre avait augmenté sa douleur, l'arrivée de Makkapitew avait brisé sa carapace pour de bon. Mais avec Eléaunore, c'était pire encore.

    La comparaison pouvait paraître étrange, mais il eut presque l'impression de faire face à sa femme. Lorsqu'il était avec Anne, il ne pouvait rien lui cacher. Le moindre regard d'elle l'obligeait à effacer toute idée de mensonges et il avait lors l'envie immense de tout lui raconter, dans les moindres détails. Il ne voulait pas avoir de secrets pour elle. Et surtout, il avait envie de protéger ce petit bout de femme comme la prunelle de ses yeux. Il avait échoué, malheureusement. Et depuis sa mort, et celle de son fils, Léandre s'était toujours imaginé qu'il ne serait plus jamais capable de ressentir pareille chose, aussi forte et intense. Anne était unique en son genre, elle resterait son plus grand amour, mais aussi sa plus grande réussite et son plus grand échec.

    Et voilà que la présence d'Eléaunore ravivait encore un peu plus le spectre de son épouse. Il ne comprenait pas ce qui se passait, mais il avait juste très peur. Peur parce que l'attirance qu'il ressentait envers elle était peut-être plus profonde que la simple envie de lui sucer le sang jusqu'à la dernière goutte. Peur de lui, de ne pas savoir se maîtriser et de tuer celle-là même qu'il essayait de protéger. Instantanément, il pensa à Livia et ses difficultés amoureuses. Peut-être serait-elle capable de comprendre ce qu'il se passait dans sa tête. Il n'était pas question de sentiments, et pourtant il n'aurait su exprimer correctement ce qu'il se passait dans sa tête. Lui qui était plutôt un homme rationnel, cela le bouleversait profondément.

    La voix d'Eléaunore le sortit littéralement de ses pensées qui le rendaient tout chose. Il s'en souvenait parfaitement, mais l'entendre à nouveau lui fit du bien. Il fallait bien dire qu'à l'époque où il se faisait violence et fréquentait le bar où elle travaillait régulièrement, il se focalisait uniquement sur sa voix. Celle des autres formaient un brouhaha de fond qu'il occultait complétement et alors qu'il essayait de la fixer le moins possible, son ouïe était totalement fixée sur elle. Il connaissait la moindre de ses intonations, son ton renfrogné lorsqu'un client insistait un peu trop, son sourire qui étincelait dans sa voix quand elle avait le moral, la colère qui grondait lorsque son petit ami venait lui faire une scène au travail. Il avait appris à la connaître comme un voyeur qui regarde par le trou de la serrure. Tel le Norman Bates dans Psychose, il était tellement attiré par cette femme qu'il devait se retenir de la tuer, et il se faisait peur. Bates ne s'était pas retenu lui. C'était peut-être bien ce qui les différenciait, jusqu'à présent.

    Sa phrase l'intrigua. Eléaunore était perspicace, peut-être un peu trop d'ailleurs et c'était sans doute ça qui le dérangeait tant. Il continua de la fixer, ne sachant que répondre à ce qu'elle venait de dire. En même temps, il n'était pas tout à fait d'accord. Il était normal de penser ça, elle était humaine et il l'enviait pour ça. Mais quand on avait, comme lui, subi la transformation vampirique, on ne pouvait pas en dire autant. La dernière goutte de sang, garantie de devenir un être assoiffé de sang pour l'éternité, vous rapprochait de la mort tout en vous faisant regretter d'être en vie. Il avait approché la mort de très près, l'avait souhaité plus que tout alors que son sang se nécrosait petit à petit. Il l'avait cotoyé sans pour autant l'atteindre, et ça n'avait rien à voir avec sa phrase toute faite.

      - Ne dites pas ça. Vous ne savez pas. Jouer avec le feu ne vous apportera rien de bon. La mort n'est pas telle que vous la décrivez. L'approcher sans l'atteindre, c'est souhaiter ne plus vivre. L'agonie ne vous fait pas vous sentir plus vivant, elle ne vous donne que plus envie de quitter ce monde.

    Il avait parlé d'un ton plus sec qu'il ne l'aurait souhaité. Ca avait été plus fort que lui. Le souvenir de sa transformation était encore trop pénible, malgré les années qui s'étaient écoulées depuis. Ca n'avait pourtant pas été son intention de la brusquer, mais il en avait assez de ces gens inconscients qui sous-estimaient l'impact de leurs pertes. La majorité des végétariens venaient de se faire brûler vif par leur ancêtre. Livia avait tenté de mettre fin à ses jours. Eléaunore se promenait toute seule la nuit. Le monde devenait-il fou à ce point?

    Léandre remarqua les tremblements d'Eléaunore. Lui avait-il fait peur? Ca n'était pourtant pas son intention. Malgré tout, elle ne paraissait pas effrayée face à lui, même si ses yeux trahissaient une angoisse véritable, qu'il ne savait pas bien interpréter. Que pouvait-il bien se passer dans sa tête? Après tout, elle avait perdu toute sa famille durant la bataille d'avril, il y avait de ça un peu moins d'un an. Il se souvenait de leurs cris terrifiants alors qu'il emmenait Eléaunore loin de cette boucherie. Il aurait tant aimé tous les sauver, mais ça aurait été impossible. Il n'était pas un surhomme non plus. Il avait de son mieux, mais se doutait que leurs fantômes envahissaient encore l'esprit de la jeune femme. Il était bien placé pour la comprendre. Les années n'avaient en rien altéré son chagrin.

    Elle lui proposa de se nourrir devant elle, mais il n'y prêta même pas attention. C'était hors de question qu'elle assiste à ça, il était tout de même capable de se contenir. La faim se faisait un peu moins forte et il ne comptait pas l'abandonner. Il s'était mis de toute façon en apnée pour éviter de respirer son odeur trop tentante et savait qu'il pourrait tenir un moment comme ça. Et si vraiment il se sentait partir, le puma serait un substitut, en effet. Il appréciait néanmoins sa gentillesse. Peu d'humains lui aurait parlé de cette manière. Il lui sourit doucement, comme pour se faire pardonner de lui avoir parlé si durement.

    Il préféra se focaliser sur elle, uniquement sur elle et constata qu'elle était très peu vêtue pour la saison, ce qui provoquait sûrement les frissons qu'il avait détecté, plus que la crainte. Il détacha lentement le pull qu'il avait noué autour de ses épaules par habitude et s'approcha d'elle pour le lui tendre.

      - Après tous les efforts que nous avons fournis pour vous garder en vie, ça serait dommage que vous tombiez en hypothermie.

    Il lui adressa à nouveau un sourire, et ne recula pas pour s'éloigner d'elle cette fois. En réalité, le Nous dont il parlait était plutôt un Je. Il se sentait investi de sa protection depuis qu'il l'avait sauvée. Alors qu'il se battait, la première chose à laquelle il avait pensé, c'était à elle. Il s'était battu dans la clairière avant de voir que l'avantage revenait aux sanguinaires, et avait pris la direction de la ville en ne songeant qu'à la tirer des griffes de ses carnivores avant qu'il ne soit trop tard. Il y était parvenu mais depuis, elle n'arrêtait pas de commettre des imprudences. Il la surveillait de loin, même s'il avait toujours refusé de l'approcher de trop près.

      - Vous êtes une fille bien étrange, Eléaunore. Vous n'avez pas peur de nous. De moi.

    Si la majorité des humains savaient qu'ils n'avaient rien à craindre des végétariens, il restaient toujours sur leurs gardes néanmoins, de peur des représailles inattendues, ou d'un piège, ou d'un coup de folie de l'un d'entre eux. Et Eléaunore semblait leur faire confiance. Lui faire confiance, surtout. Sentant, qu'il s'engageait sur une pente glissante, il préféra changer de sujet.

      - Qui plus est, vous partez en randonnée en pleine nuit, sans chaussures qui plus est. Il n'y a rien de pire pour attirer les prédateurs que d'être pied nu sur un terrain semé de ronces et d'épines.

    Il lui indiqua une plaie qu'elle n'avait pas du remarquer près de son talon. Lui n'avait su voir que ça. Le sang qui s'était écoulé avait rendu l'odeur encore plus enivrante que d'habitude, et avait sûrement du attirer le puma. Craignant une infection, Léandre hésita pourtant quelques secondes avant de déchirer un long morceau de sa manche. Tant pis pour cette chemise, elle était usée de partout de toute manière. Bravant sa peur de planter ses crocs dans sa chair si tendre, il s'abaissa lentement vers son pied blessé et bloqua nette sa respiration tandis qu'il lui bandait la coupure assez profonde. Il faudrait désinfecter tout ça plus tard, mais il n'était pas sûr qu'il en aurait la force. En nouant le morceau de tissu, il frôla malencontreusement sa peau et un frisson parcourut son corps. Il ferma les yeux un instant avant de se redresser et de lui adresser un sourire réconfortant. Malgré sa crainte de se transformer en monstre, Léandre ne pouvait réprimer sa nature profonde. Il était désespérément trop gentil.
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MessageSujet: Re: your faith was strong but you needed proof [Léandre]   your faith was strong but you needed proof [Léandre] EmptyVen 9 Avr - 3:48



La jeune femme avait senti son corps se réfracter sous le coup des paroles sèches du vampire. Il avait raison, elle le savait bien. Pourtant, pourtant… Il avait toujours été dans sa nature généreuse de s’oublier au profit des autres, de se dépasser afin que ceux qu’elle aimait puissent être avantagés. C’était complètement inconscient, et l’aurait-elle su qu’Éléaunore n’y aurait rien changé. Si l’un de ses sourires pouvait apporter de la joie à autrui, le bonheur qu’elle en retirait était plus que suffisant. Aujourd’hui, si seule, elle ne savait plus comment se comporter. Comment aurait-elle pu modifier un comportement dont elle n’avait jamais eu conscience, un comportement désormais mort puisqu’il n’y avait plus personne dont les jours pouvaient être ensoleillés par elle? Aussi s’était-elle repliée doucement, comme un oiseau tentant de se protéger d’une tempête. Ses lèvres pâles avaient articulé, à peine un murmure, si doux et si inaudible qu’elle doutait que le vampire ne l’ait entendue, une réponse irréfléchie qui contredisait pourtant son jeune âge. Elle était jeune, la douce demoiselle. Pourtant, elle savait. Elle savait et malgré ses actes témoignant d’une apparente inconscience, Éléaunore ne l’était pas.

    « Ma bouche traduit ma jeunesse… dois-je être condamnée pour mon ignorance, pour mon désir d’ailleurs…? »

C’était plus que de l’angoisse. C’était de la crainte, de la fatigue, de la lassitude, de la douleur, des nuits trop courtes, des terreurs nocturnes trop nombreuses, des secrets qui le demeuraient, mais surtout, de l’espoir. Elle avait gardé espoir, tout ce temps. De retrouver une raison de continuer. L’humaine avait d’abord cru que la curiosité était le motif la poussant à avancer, mais s’était rapidement détrompée. L'espoir. Il la tenaillait et la maintenait en vie, mais pourquoi? Qu'espérait-elle? Éléaunore ne le savait pas. Ou plutôt, elle n'osait s'avouer ce qu'elle espérait. Il était encore trop tôt, les cris dans sa tête et dans ses rêves se faisaient encore entendre trop fort pour qu'elle puisse oser nommer celui-ci. Car alors elle aurait dû accepter le passé, tourner la page. Or, la jeune femme ignorait si elle en avait la force. Elle se sentait si faible... À toujours vouloir montrer une façade solide comme le roc, elle n'en constatait que davantage le contraste immense avec la réalité. Mais elle se devait d'être forte. Si elle ne l'était pas, vraiment, qui le serait à sa place? Peur. Elle avait peur de retrouver une raison de continuer. Car si elle en trouvait une nouvelle... elle pouvait perdre celle-ci également.

La présence du vampire végétarien à ses côtés semblait faire résonner l'air ambiant d'une note particulière. Sensible aux changements d'humeur d'autrui, Éléaunore avait observé le malaise croissant dans lequel se trouvait celui-ci, et sentait qu'elle en était la cause. Elle aurait voulu savoir pourquoi. Elle qui était si faible et si... normale face à lui, qu'aurait-elle pu faire pour le troubler? Elle ne parvenait pas à détacher son regard du sien. La jeune femme passait son temps en compagnie de gens et d'êtres qui lui mentaient ou lui dissimulaient la vérité, alors ce regard magnifique qui semblait vouloir tout lui dire ne pouvait que l'attirer avec une force irrésistible à laquelle elle n'aurait justement même pas songé à s'opposer. Tendre la main vers lui. Elle aurait voulu le toucher, sentir sa peau qu'elle devinait délicieusement douce sous ses doigts fins. Pour s'assurer qu'il n'était pas une illusion, pour être certaine qu'il n'était pas un ange qui s'était simplement glissé dans l'un de ses cauchemars. Pitié, faites qu'il ne soit pas un rêve... Ou si c'est le cas tant pis, mais faites que je continue à y croire... Il lui avait tendu sa veste avec prévenance, ce n'est qu'en cet instant que la demoiselle constata qu'elle avait froid. Avec gratitude, elle le mit sur ses épaules menues en le gratifiant d'un sourire touché par la douceur de son geste plein d'une prudente retenue. Elle fronça les sourcils sous la remarque, mais ne releva pas le commentaire qu'il lui glissa. Le second, par contre, la fit plisser son nez. Elle le regarda, plongeant son regard vert en lui avec une intensité plus grande qu'elle ne l'aurait voulu à l'origine, et ne put empêcher ses lèvres de s'étirer en un petit sourire.

    « Je sais que je devrais probablement vous craindre, mais ce n'est pas ce sentiment que vous éveillez en moi... »

Elle en avait trop dit. La jeune femme se serait maudite pour son manque de contrôle. Ses yeux clairs hésitèrent quelques instants, fixés quelque part entre les sourcils et la racine de la chevelure sombre de son intrigant interlocuteur, avant de se reposer dans les prunelles magnifiques de celui-ci. Elle avait toujours eu un regard honnête qui laissait facilement transparaître ses émotions primaires, et Éléaunore ne mettait aucun effort à les dissimuler. Dans un monde couvert d'une Chappe de mensonges, un regard tendre aussi transparent de vérité pouvait être aussi réconfortant que troublant, voire dérangeant. Voilà qu'il se penchait sur une blessure dont la fugueuse n'avait même pas pris conscience et lui bandait le pied. La douceur qu'il mettait dans le moindre de ses gestes autour d'elle la touchait, la traitant comme une fragile poupée de porcelaine. Ce qu'elle était, lorsqu'on faisait la comparaison entre la minuscule humaine et le vampire à la haute stature qui s'élevait comme une tour au-dessus d'elle. Ses doigts frôlèrent sa peau. C'était le premier contact direct qu'Éléaunore avait avec lui, et elle ne put s'empêcher de frissonner au contact — loin d'être désagréable - de ses mains froides.

    « Vous semblez toujours me sauver... »

L'humaine ne réfléchissait plus, ne pensait plus. Il était soudainement si près d'elle, ne maintenant plus la distance respectable tenue tout au long de leur échange. Lorsqu'il ferma les yeux, elle prit cela comme un signe d'assentiment (à tort?) et avança d'un pas. Éléaunore se trouvait désormais plus près du vampire qu'elle ne l'avait jamais été. Son sourire lui faisait l'effet d'un baume, et elle vit la surprise craintive dans ses yeux à la vue de l'humaine désormais si proche de lui. Avec l'un de ses sourires discrets, elle posa simplement sa fine main blanche — des mains de pianiste, lui avaient toujours dit ses parents - contre la joue si douce de son sauveur, signifiant sa gratitude. L'odeur du vampire l'envahissait, elle était différente de tout ce qu'elle avait senti auparavant. C'était... sucré. Elle fit un pas de recul, et alla simplement s'asseoir sr un tronc d'arbre échoué non loin de là, recroquevillée comme une enfant en pleurs, et darda son regard sur lui.

    « Étrange. Vous veniez toujours au bar et je n'ai jamais pu obtenir quoi que ce soit de votre part. Maintenant que je suis en danger de mort, vous restez avec moi et vous occupez de cette blessure... Je vous mentirais si je vous disais que je n'espérais pas vous revoir un jour. »

C'était du Éléaunore tout craché. Elle avait toujours été honnête avec les autres, la mauvaise foi (surtout venant de sa part) lui faisant horreur. Mais ce qu'elle avait dit impliquait autre chose. Elle avait peur. Peur de vouloir le revoir. Car il était évident qu'elle voudrait le revoir, lui reparler. Et si lui recommençait à la fuir? Dans quel genre de pétrin devrait-elle se mettre pour le revoir?
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Leandre H. Altar
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MessageSujet: Re: your faith was strong but you needed proof [Léandre]   your faith was strong but you needed proof [Léandre] EmptyMar 13 Avr - 3:17

    Bien qu'elle ait parlé tout bas, Léandre l'avait entendue. Souvent, les humains oubliaient, sans doute consciemment, que les vampires avaient les sens si développés qu'il était difficile de leur cacher quoique ce soit. Aussi n'eut-il aucun mal à attendre son souffle de folie, cette phrase qui voulait tout dire tout en ne disant rien. Il fit néanmoins semblant de ne pas l'avoir entendue, pour éviter de la mettre mal à l'aise. Il craignait de la brusquer, le moindre de ses gestes, de ses souffles étaient calculés, limités au point qu'il évitait de bouger d'ailleurs, comme s'il avait peur qu'elle ne s'enfuit. C'était paradoxal d'ailleurs de réagir ainsi alors que durant des mois, c'était lui qui l'avait évitée comme la peste, ou presque. Mais maintenant qu'elle était là, face à lui, Léandre refusait de partir et pire encore, de la voir partir. Cela aurait une trop terrible signification. En même temps, le fait qu'elle n'ait pas du tout peur de lui était lourd de sens également, à tel point qu'il ne savait pas quoi en penser. Durant l'époque où il fréquentait le bar, elle avait repéré son petit manège. Une fois recueillie par les Crusaders, il avait entendu dire qu'elle cherchait à le retrouver. Pourquoi donc s'obstinait-elle tant à le retrouver? D'où venait cette fascination qu'elle éprouvait envers lui, ce monstre qu'il était désormais depuis des siècles? Il ne savait pas se l'expliquer, c'était bien trop étrange, trop irrationnel.

    Au fur et à mesure qu'il parlait, s'approchait un peu d'elle même, il était focalisé sur elle, sur ses expressions, ses réactions. Un simple froncement de sourcil, son nez qui se plissait et voilà qu'il ne savait pas bien comment interpréter tout ça. Il aurait presque eu le souffle coupé, s'il avait respiré à cet instant précis, lorsqu'elle lui répondit du tac au tac. Elle venait de parler de... sentiment? Qu'il lui inspirait? Immédiatement, il se sentit mal à l'aise et s'il avait encore été humain, il aurait rougi, ça ne faisait aucun doute. Il comprenait qu'après à peine quelques minutes de discussion avec elle, il venait déjà de s'embarquer sur un terrain miné, sur lequel elle semblait évoluer plus facilement que lui. Il fallait bien avouer que depuis qu'il était veuf, il avait bloqué toute chose en rapport avec le mot sentiment. Il n'en avait plus l'habitude. Certes, il connaissait l'amitié, la peur, la crainte, la douleur. Mais cet autre sentiment, celui dont elle semblait parler, il ne voulait plus en entendre parler. Remarquant qu'elle avait l'air également un peu gênée, il enchaîna en bandant sa blessure. Mieux valait ne pas s'attarder sur des choses aussi ambigües alors qu'ils venaient tout juste de commencer une vraie conversation.

    Quand elle frissonna elle aussi à son contact, il crut tout d'abord que c'était du à la froideur de sa peau. Après tout, de nombreux humains se plaignaient en permanence lorsqu'il les soignait, parce que ses mains étaient comme des pains de glace, selon leurs dires. Pourtant, un sixième sens sembla lui indiquer qu'il avait tort, que ce frisson là était plus à rapprocher de celui que lui-même venait de ressentir. Il se maudit alors de réfléchir autant, mais se retrouva immédiatement sur le qui-vive alors qu'Eléaunore se rapprochait un peu plus de lui. Elle était maintenant tellement près qu'il fut envahi par une étrange sensation de chaleur, comme si cette proximité était à la fois bonne et nocive. Elle semblait ne voir en lui que les bons côtés, l'ange gardien qui veillait sur elle, alors qu'elle ne savait même pas qu'il avait risqué sa vie pour qu'elle survive à avril 1973. Elle ne voyait pas le monstre qui dormait au fond de lui, celui qu'il avait cru enterrer et que malgré elle, elle avait réveillé.

    Ce n'est qu'un vulgaire bandage, ça n'est pas comme si...

    Sa phrase s'arrêta net alors qu'elle venait de poser sa main sur sa joue. Il lui sembla que le temps venait de se stopper dans sa course folle, et la sensation de chaleur devint telle qu'il eut presque l'impression d'être redevenu humain. Il sentait la moindre partie de sa paume contre lui, la moindre parcelle de chair qui entrait en contact avec sa peau de marbre. Et à cet instant, il se sentit bien. Cela faisait tellement longtemps qu'il n'avait pas été dans un tel état d'esprit qu'il ne remarqua même pas que le geste durant uniquement quelques fugaces secondes. Il vit le temps s'étirer doucement alors qu'il plantait son regard dans le sien et qu'il savourait un des moments les plus extraordinaires de sa vie depuis sa transformation.

    Il se rendit compte un peu tard qu'elle était déjà partie. Il sentait encore sa main contre lui, alors qu'elle était à deux mètres, assise sur un tronc d'arbre. Il avait du avoir l'air d'un parfait idiot à la fixer comme ça, sa phrase laissée en suspens, la bouche restée sans doute entrouverte sous le coup de la surprise. Il n'avait pas l'habitude que les gens viennent vers lui, encore moins les humains. Mais que ça soit elle, ça l'avait totalement scié. Il ne savait pas combien de temps il allait lui falloir pour s'en remettre. En attendant, elle semblait moins sous le choc que lui et laissait à nouveau sa douce voix rompre le silence. Il l'écouta avec attention tout en s'approchant d'elle, tel le chat qui jouait avec la souris – ou était-ce l'inverse? Il s'assit sur le tronc d'arbre, à ses côtés, et la fixa tandis qu'il réfléchissait à ce qu'elle venait de dire.

    Elle n'avait pas tort. Comme il l'avait deviné un peu plus tôt, elle était drôlement perspicace. A vrai dire, lui-même ne comprenait pas bien sa propre réaction. Effectivement, dans le bar, il ne lui avait pas adressé la parole sauf pour lui commander un soda, à la rigueur. Dès l'instant où elle avait voulu lui parler, il s'était enfui pour ne plus jamais revenir. Et aujourd'hui, il la soignait, pansait sa blessure, recherchait presque lui-même la proximité. Il ne comprenait pas. Ne se comprenait plus. Et au final, réalisa qu'il ne cherchait pas à comprendre, juste à se laisser guider par ses émotions plutôt que d'être rationnel, comme il l'avait été durant toutes ses années pour se protéger au mieux d'un quelconque attachement.

      - Pourquoi? Pourquoi vouloir me revoir, je veux dire...

    Aussitôt, se doutant qu'Eléaunore allait lui donner une réponse, il fit un petit geste de la main pour lui demander de se taire.

      - Non, ne répondez rien. Ca n'a aucune importance. Tout ce que je sais, c'est que ce que vous faites est bien trop dangereux. Ca n'est pas la première fois que vous partez toute seule en balade, on m'en a parlé. Ce soir, vous auriez pu mourir d'une façon atroce. Qui plus est, si vous cherchez à me revoir, vous vous mettez en danger car...

    Car? Comment lui dire la vérité? Comment lui avouer, sans lui faire prendre peur, qu'il n'avait qu'une seule et unique envie quand il était avec elle, ou presque, c'était de goûter à ce sang si précieux qui coulait dans ses veines? Il avait le choix, se taire et la laisser nourrir cette fascination à son égard, ou lui dire la vérité et la voir s'éloigner, pour son bien. S'il aurait opté pour la seconde solution en temps ordinaire, le souvenir de cette main collée contre sa peau lui donnait envie de ne rien dire. Pourtant, il ne pouvait pas le lui cacher. Il lui devait bien ça. Mais comment faire? Il n'était pas doué pour ces choses-là. Il s'efforça de fixer son regard sans faillir, comme pour lui offrir la vérité sur un plateau, à travers le miroir de son âme.

      - Après avril, on vous a dit que vous pouviez avoir confiance en les vampires végétariens. Et c'est la vérité. Mais nous sommes des prédateurs au fond de nous, nous avons juste la volonté qu'il manque aux sanguinaires. Le contrôle. Et il faut que vous compreniez qu'avec vous, ce contrôle, j'ai du mal à le garder.

    Il savait qu'il parlait à demi-mots, que tout cela n'était pas assez clair pour elle et que la curiosité d'Eléaunore la pousserait à lui en demander un peu plus. Son regard se perdit un peu plus loin dans la forêt car il ne savait pas dire ses choses là en face. C'était trop affreux.

      - Je n'ai jamais rien senti de si délicieux que votre sang. C'est un véritable supplice de respirer en votre présence. Et c'est pour ça que je ne peux pas vous approcher. J'ai bien trop peur pour vous.

    Voilà qui était dit. Il avait l'impression d'avoir sur le dos un poids qui, au lieu de s'évaporer, venait de s'alourdir un peu plus. Un monstre, voilà ce qu'il était. Il était normal qu'elle veuille fuir, après ce qu'il venait de dire, il ne pouvait que comprendre. C'était d'ailleurs la meilleure chose à faire, pour elle. Il se leva alors et s'éloigna d'elle, comme pour lui donner la liberté de partir si elle le voulait. Pourtant, il sentait encore sa présence dans son dos, et se mit à parler, comme pour lui-même.

      - Je me souviens parfaitement de ce moment. Quand vous m'avez demandé d'où venait mon accent. Je me souviens que j'ai grondé sans m'en rendre compte, et j'ai senti la peur se répandre dans tout votre corps. Je suis parti, j'avais honte, j'avais peur. De moi.

    Mais ce contrôle, aujourd'hui, il l'avait. Cela faisait plusieurs minutes qu'ils parlaient, elle l'avait même touché et il n'avait eu aucune pulsion primaire, rien. Alors, peut-être était-il temps de répondre à sa question, comme pour lui montrer dans un dernier espoir que derrière le monstre apparent se cachait encore une âme humain.

      Je suis originaire de Londres. C'est de là-bas que vient ce drôle d'accent.

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